Croissance : les conseils du CAE pour aller mieux

Le Conseil d'analyse économique préconise le développement d'une politique de l'offre, en augmentant les dépenses dans l'enseignement supérieur et en libéralisant le marché des biens, puis le marché du travail. Objectif: atteindre les 3% de croissance visés par Nicolas Sarkozy.

Le compte à rebours est lancé. Pour procéder aux ajustements budgétaires réclamés par Bruxelles - et éviter que son économie décroche vis-à-vis de ses concurrents -, la France n'a plus le choix : il lui faut gagner un point de croissance supplémentaire. Un objectif que Nicolas Sarkozy s'est promis d'atteindre au cours de son mandat, déclarant à maintes reprises qu'il fallait aller chercher ce surplus d'activité "avec les dents" alors que celle-ci n'arrive pas à dépasser les 2%.

Cette volonté de doper la croissance ne date pas d'hier. Au printemps dernier notamment, Dominique de Villepin, alors Premier ministre, avait demandé aux économistes du Conseil d'analyse économique (CAE), d'identifier les pistes qui permettraient de relever la croissance potentielle de la France.

Rédigé par Philippe Aghion, Gilbert Cette, Elie Cohen et Jean Pisani-Ferry, ce rapport, qui se veut "complémentaire" de celui qui sera remis par la commission Attali en décembre, conseille au gouvernement d'appliquer une véritable politique de l'offre : il doit engager d'emblée des réformes qui ne produisent leurs effets qu'à moyen terme et dont le coût est immédiat.

Concrètement, le CAE préconise d'augmenter à hauteur de 1 point de PIB les dépenses dans l'enseignement supérieur, de libéraliser le marché des biens, notamment dans le secteur de la grande distribution, puis le marché du travail en organisant la montée en puissance du facteur travail par des mesures appropriées pour les jeunes et les seniors et en supprimant les barrières à l'entrée dans les professions réglementées comme les taxis, les avoués, les notaires.

"Ces leviers de croissance doivent être actionnés en même temps car ils s'épaulent l'un l'autre. Leur action permettrait d'approcher puis d'atteindre une croissance proche de 3% l'an au cours des quinze prochaines années, et de la maintenir aux alentours de 2,5% l'an ensuite", explique Elie Cohen.

Le coût de ces réformes est évalué à 1,3 ou 1,4 point de PIB et se solderait à court terme par un creusement de 0,4 point de PIB du déficit public. Toutefois, les gains de croissance dégagés permettraient d'équilibrer les finances publiques au bout de cinq ans et de les rendre excédentaires dès la sixième année. Au regard de l'état des finances publiques, le gouvernement pourrait-il suivre cette feuille de route ?

Compte tenu de sa marge de manoeuvre budgétaire, le doute est permis. On peut se demander si le paquet fiscal voté cet été dont le coût est estimé à plus de 13 milliards d'euros, soit 0,6 point de PIB et dont les effets portent essentiellement sur la demande, était une bonne idée. "Quels seront ses effets réels sur la croissance", s'interroge Philippe Aghion, dubitatif.

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