Etats-Unis : premières suppressions d'emplois depuis août 2003

Quelque 4.000 suppressions d'emplois ont été enregistrées en août outre-Atlantique, alors que le taux de chômage reste stable à 4,6%. De quoi inciter la Fed à assouplir sa politique monétaire.

Le marché du travail s'est contracté pour la première fois en quatre ans en août aux Etats-Unis, avec la suppression de 4.000 emplois par rapport à juillet, mais le taux de chômage est demeuré strictement stable à 4,6%, a indiqué ce vendredi le département du Travail. C'est la première fois que le solde mensuel des créations d'emplois est négatif depuis août 2003.

C'est une surprise pour les analystes qui tablaient sur 110.000 créations. "La faiblesse récente du marché de l'emploi s'explique par les pertes d'emploi continues dans l'industrie et le bâtiment, une croissance plus lente dans certaines catégories de services et plusieurs reculs dans l'éducation au niveau local", a expliqué Philip Rones du bureau des statistiques sur l'emploi.

Les suppressions d'emplois ont été les plus fortes dans l'industrie (-46.000), le bâtiment (-22.000) et la fonction publique (-28.000). Ces pertes ont été partiellement compensées par les créations d'emplois dans le secteur tertiaire (+60.000), surtout dans le secteur de l'éducation/santé (+63.000). De plus, les chiffres des mois précédents ont été révisés en baisse pour faire ressortir 68.000 embaûches en juillet (au lieu de 92.000 annoncées initialement) et 69.000 en juin (au lieu de 126.000).

Les créations d'emplois sont suivies avec attention par les économistes qui les jugent plus représentatives de la santé du marché du travail que le taux de chômage. Ils estiment qu'il faut entre 110.000 et 140.000 créations par mois pour absorber l'augmentation de la population active.

Ce rapport risque d'ajouter à la nervosité des marchés qui s'interrogent sur les conséquences de la crise de l'immobilier américain sur le plan macroéconomique et sur les profits des entreprises. "Quelles que soient les excuses que l'on puisse formuler sur le fait que le chiffre des créations d'emplois est volatile, on ne peut échapper au fait que celui d'août est affreux", a commenté Rob Carnell, économiste de la banque ING.

Pour les économistes, un trou d'air sur le marché de l'emploi ne pourrait qu'avoir un impact sur les revenus des ménages et les profits des entreprises. La consommation, premier moteur de la croissance outre-Atlantique, pourrait sévèrement ralentir. Dans le même temps, un ralentissement économique pourrait peser en faveur de baisses des taux directeurs, surtout dans un contexte de modération de l'inflation. Sur ce front, les salaires horaires ont progressé de 0,3% en août à 17,50 dollars en août, une hausse conforme aux attentes des analystes. Sur un an, la hausse atteint 3,9%, comme le mois précédent.

Selon Audrey Childe-Freeman, économiste à la CIBC, "les mauvaises nouvelles s'accumulent pour le consommateur américain: l'immobilier est déprimé, les marchés financiers sont en proie aux turbulences, et maintenant voilà que le marché de l'emploi faiblit nettement". Pour cette économiste, cette mauvaise nouvelle est quasiment l'assurance que la Réserve fédérale américaine (Fed) va baisser son taux d'intérêt directeur le 18 septembre.

La Fed a tenu bon en août, mais les marchés parient qu'elle assouplira les conditions du crédit en baissant de 5,25 à 5% son taux directeur, pour donner un peu d'air à l'économie. Au rythme où vont les mauvaises nouvelles, les investisseurs pourraient de plus en plus spéculer sur une coupe encore plus radicale, de 50 points de base d'un coup, à 4,75%.

La Fed n'est en tout cas pas restée inactive ce vendredi. Elle a indiqué avoir injecté 2 milliards de dollars dans le circuit bancaire, peu après la publication des chiffres de l'emploi. L'opération s'est effectuée à travers une prise en pension sur trois jours, pour laquelle les banques avaient déposé pour 26,5 milliards de demandes. La Fed n'a pas accepté en garantie des titres adossés à des hypothèques, à l'origine des actuelles turbulences sur les marchés boursiers.

Paulson voit l'économie croître malgré la situation de l'emploi
Le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a estimé ce vendredi que l'économie devrait continuer à croître, en dépit des statistiques décevantes sur l'emploi, rendues publiques quelques minutes auparavant. "Ce que nous vivons sur le marché du crédit a la capacité de pénaliser la croissance, mais l'économie va continuer à croître dans la seconde moitié de l'année," a-t-il déclaré à la télévision financière Bloomberg TV. "Le marché du logement décline depuis quelque temps, c'est un fait. Les indicateurs économiques n'évoluent pas toujours en ligne droite et vous avez donc de temps en temps des surprises", a-t-il ajouté. Même si la crise immobilière pourrait pénaliser la croissance, "nous avons une économie où l'inflation est maîtrisée, où les salaires progressent en termes réels, où la demande extérieure est forte", a relevé Henry Paulson, qui venait de rencontrer le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke. "Cela va prendre du temps. Il y aura des nouvelles qui ne seront pas toujours bonnes. Certaines entreprises ne survivront pas. Il y a aura des pertes, mais je suis tout à fait persuadé que nous avons une économie capable de rebondir et nous allons nous en sortir".

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.