3GSM : l'industrie parie sur l'avenir du téléphone multimédia

Depuis l'ouverture lundi à Barcelone du congrès mondial 3GSM de la téléphonie mobile, les géants du secteur rivalisent pour présenter leurs téléphones derniers cris. Ces appareils sont désormais capables de tout faire, de la vidéo à la musique, en passant par Internet et le GPS. Une débauche de services multimédias qui pour l'heure reste onéreuse pour le consommateur et ne rencontre pas encore le succès escompté.

Cap sur le multimédia. Depuis l'ouverture lundi à Barcelone du congrès mondial 3GSM, la grande messe de la téléphonie de nouvelle génération, les géants du secteur rivalisent à coup de produits derniers cris, bourrés de haute technologie.

Devenus de véritables couteaux suisses, leurs téléphones portables sont désormais capables de tout faire ou presque: télécharger et lire de la vidéo ou de la musique, recevoir la télévision, surfer sur Internet, envoyer des emails, voire pour certains remplacer tout bonnement l'ordinateur.

Dans cette mouvance, le numéro un des équipementiers, le finlandais Nokia, a dévoilé plusieurs modèles, l'un avec GPS (géolocalisation par satellite) intégré, l'autre permettant de regarder la télévision en direct. Il a également annoncé la prochaine disponibilité, sur la plupart de ses téléphones, du site de partage de vidéos sur internet YouTube. De son côté, le sud-coréen LG a présenté un téléphone entièrement tactile, le Shine, en collaboration avec Prada, et lui aussi doté de fonctionnalités multimédia désormais considérées comme basiques (photo et vidéo).

Faire du téléphone un ordinateur

De son côté Microsoft a réaffirmé sa présence dans le secteur avec une nouvelle version de son système d'exploitation pour mobiles, Windows Mobile 6, destinée au marché professionnel. Cette version permettra à l'utilisateur d'accéder à distance aux fichiers ou mails stockés sur son ordinateur, d'utiliser sur mobile l'ensemble des logiciels Office (Word, Excel...) ou d'effacer automatiquement l'ensemble des données de son smartphone en cas de perte ou de vol.

Les téléphones mobiles ressemblent de plus en plus à des boîtes à outils ultra-perfectionnées. Ainsi, le patron de Nokia Olli-Pekka Kallasvuo décrit le tout dernier modèle de la marque, le N77, comme "un ordinateur multimédia". Ce dernier permettra par exemple, outre de nombreuses autres fonctions, de regarder sur mobile la télévision en direct, en penchant à l'horizontale l'appareil muni d'un grand écran.

Services multimédias trop chers

Face au ralentissement de la croissance du marché mobile dans les pays occidentaux, opérateurs et constructeurs déploient donc une débauche de services multimédias, mais qui pour l'heure ne rencontre pas encore le succès escompté auprès du consommateur. Les offres sont jugées encore trop onéreuses et les nouveaux terminaux trop compliqués d'utilisation pour celui qui n'est pas familiarisé avec les produits technologiques.

L'institut d'études M-Metrics a présenté une enquête menée dans six pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Espagne), qui montre que les fonctionnalités multimédia, même si elles équipent de nombreux téléphones, sont peu utilisées. "Aux Etats-Unis, alors qu'il y a 200 millions d'abonnés au mobile, seuls 20 millions d'entre eux utilisent leur mobile pour accéder à Internet", explique Seamus McAteer, co-fondateur de M-Metrics. Dans tous les pays étudiés, le pourcentage d'utilisateurs d'internet sur mobile stagne autour de 10%, alors que cette fonctionnalité est un standard sur tous les modèles de ces dernières années.

Vers plus de simplicité

Alors que beaucoup de personnes n'utilisent encore leur mobile que pour téléphoner, les professionnels du secteur, réunis à Barcelone, devront apprendre à faire simple et abordable pour leur donner envie d'essayer les services plus lucratifs de vidéo ou d'internet. "Les clients veulent de la simplicité, du choix et des choses qui marchent", a résumé hier le PDG de Nokia Olli-Pekka Kallasvuo à l'ouverture du congrès 3GSM. "Le débrayage des usages (de ces services) va sans doute passer par une tarification basée sur de l'illimité", à l'image de celle pratiquée sur internet et qui a été la clé de son succès, estime de son côté Nicolas Petit, directeur de la division mobilité de Microsoft France.

Une analyse qui fait écho à la formation d'une nouvelle alliance dans le téléchargement musical sur mobile. Les principaux éditeurs de musique et 23 opérateurs télécoms ont annoncé lundi le lancement d'un service qui pourrait toucher potentiellement 690 millions d'abonnés, afin de concurrencer la main mise d'Apple sur le secteur. L'offre initiée par le britannique Omnifone sera lancée au second trimestre et permettra un téléchargement illimité de chansons depuis un portable pour 2,99 euros par semaine.

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