La Banque d'Angleterre et le Trésor se rassurent mutuellement

Le gouverneur Mervyn King a écrit au chancelier Gordon Brown en prédisant un retour de l'inflation vers le seuil de 2 % dans les prochains mois. Le chancelier confirme implicitement sa confiance au gouverneur.

En atteignant 3,1 % au mois de mars, le taux d'inflation au Royaume-Uni s'est écarté de plus de 1 % du seuil optimal (2 %) fixé par le Trésor britannique. Par statut, la banque d'Angleterre se doit dans ces cas-là d'expliquer publiquement, dans une lettre au chancelier de l'Echiquier, les raisons de ce dérapage et les mesures pour ramener l'inflation autour du taux souhaité. C'est qui s'est produit ce mardi matin, avec un échange de correspondance entre le gouverneur de la Bank of England, Mervyn King, et le chancelier Gordon Brown.

C'est la première fois qu'une telle lettre est envoyée depuis 1997, quand le gouvernement travailliste de Tony Blair et de Gordon Brown pris la décision, à peine arrivé aux affaires, d'accorder à la Banque d'Angleterre l'indépendance et de lui laisser la liberté de décider de la politique des taux d'intérêt.

Dans sa lettre, Mervyn King explique donc pourquoi l'inflation britannique a grimpé de 1,8 % en mars 2006, et de 2,8 % en février 2007, à 3,1 % en mars. La hausse des prix des hydrocarbures au premier semestre 2006 est en grande partie à l'origine de cette hausse, dans la mesure où elle a provoqué une augmentation "plus forte que prévu" des prix de l'énergie pour les ménages au cours du deuxième semestre.

Les prix du gaz et de l'électricité ont effectivement progressé énormément entre l'automne et l'hiver outre-Manche malgré le retour à des niveaux plus mesurés des prix des hydrocarbures à la fin de l'année. Dans ce contexte, la nouvelle hausse des prix du pétrole et du gaz en février (+ 25 % en livres sterling, selon la Banque d'Angleterre) a poussé au-delà de 3 % le taux d'inflation. D'un autre côté, les prix de la nourriture ont aussi augmenté en raison de conditions climatiques moins favorables l'an dernier et d'une politique de rabais moins importante cette année du côté des grandes surfaces.

La Banque d'Angleterre se veut toutefois rassurante et prédit que l'inflation va revenir autour de 2 % "dans les prochains mois", selon les prévisions formulées au début de l'année. Ce qui veut dire, selon les analystes, que la Banque d'Angleterre relèvera d'un quart de point le taux d'intérêt directeur lors de sa prochaine réunion, début mai, et qu'une hausse ultérieure est possible avant la fin de l'année. Depuis, août 2006, la Banque a relevé trois fois le taux directeur, qui est passé ainsi de 4,5 % à 5,25 % actuellement. En mai, il devrait donc être porté à 5,5 %.

Mervyn King a voulu tout de même lancer une mise en garde au chancelier : il ne faudrait surtout pas oublier la discipline dans les négociations salariales en cours avec le secteur public, car ceci pourrait alimenter une spirale inflationniste supplémentaire, dont les effets seraient difficiles à prévoir. La réponse de Gordon Brown a été en ce sens rassurante pour la Banque d'Angleterre : le Trésor rappelle qu'il s'est engagé le premier mars à plafonner les augmentations salariales à "moins de 2 %", soit en dessous du taux d'inflation souhaité et non du taux d'inflation réel.

Gordon Brown a par ailleurs confirmé implicitement sa confiance au gouverneur Mervyn King, en l'assurant du soutien du Trésor à la politique "clairvoyante" du comité de politique monétaire. Le dérapage de l'inflation ne cause pas, pour le moment, d'alarme officielle au sein du gouvernement.

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