Les partenaires sociaux négocient sur le stress sous la pression du gouvernement

Patronat et syndicats doivent notamment transcrire en droit français l'accord européen de 2004. Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, leur demande "d'étudier les moyens d'aller au delà de ce qu'il prévoit".

Les partenaires sociaux démarrent ce lundi une négociation interprofessionnelle sur le stress au travail, la première du genre. Ce phénomène concerne un nombre non négligeable de salariés: environ 28% des travailleurs se disent touchés partout en Europe.

Pour autant, aucun accord n'a encore été signé sur ce sujet en France. Au niveau européen, patronat et syndicats ont conclu un accord cadre sur le stress au travail en octobre 2004, qui met l'accent sur la prévention et la responsabilité de l'employeur.

Pour être transcrit en droit français et donc mis en oeuvre, cet accord cadre doit faire l'objet d'une négociation entre partenaires sociaux. Ceux-ci avaient trois ans pour entamer leurs discussions, ce qu'ils n'ont pas fait.

C'est donc sous la pression du gouvernement qu'ils tiennent ce lundi leur première séance plénière. Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, les a pressés en janvier de s'atteler à la tâche.

Dans un courrier aux syndicats et au patronat, le ministre juge "urgent d'accélérer la transcription de l'accord européen et d'étudier, le cas échéant, les moyens d'aller au delà de ce qu'il prévoit". Il a par ailleurs annoncé le lancement d'une grande enquête annuelle sur le stress au travail.

Selon le Bureau international du travail (BIT), le coût du stress est évalué entre 3 et 4% du PIB. Par ailleurs, un quart des arrêts de travail de 2 à 4 mois sont dûs à des troubles psycho-sociaux.

La révélation depuis plusieurs mois de suicides en lien avec le travail, que ce soit chez Renault, PSA Peugeot Citröen, France Telecom, EDF, met en évidence les méfaits sur la santé des salariés de certaines organisations du travail et de la pression accrue. Pourtant "certains ont beaucoup de mal à prendre le stress au sérieux, notamment comme facteur de pénibilité au travail", explique à l'AFP (Agence France Presse) Danièle Karniewicz (CGC). D'ailleurs le stress devait au départ être inclus dans la négociation sur la pénibilité au travail, qui s'enlise depuis trois ans et a peu de chance d'aboutir.

C'est dire si les syndicats nourrissent des espoirs sur l'issue de cette négociation. "Tout dépendra de la volonté des employeurs", estime la CGC, qui considère qu'il est possible d'aller plus loin que l'accord européen. Pour Jean-François Naton (CGT), "les partenaires sociaux ont une obligation de résultat vis-à-vis des salariés". Il espère que "le patronat va sortir du déni et être dans une dynamique de recherche d'amélioration du texte européen".

"Le souci, c'est de bien réaffirmer l'aspect organisation du travail", indique Jean-Louis Malys (CFDT) qui estime qu'il faut "enrichir l'accord européen", en actant dans la négociation "la nécessité d'un doit d'alerte pour les salariés, ou d'actions de préventions des conditions de travail dans les PME-TPE". Ces deux sujets doivent faire l'objet de futures négociations avec le patronat, décidées à la suite d'une conférence Etat-patronat-syndicats sur les conditions de travail en octobre dernier.

Les partenaires sociaux se retrouveront les 5 mai, 4 juin et 2 juillet pour poursuivre leurs négociations.

Le Centre des jeunes dirigeants va lancer en juin une expérimentation pour réduire le stress au travail
Le Centre des jeunes dirigeants (CJD) veut réduire le stress au travail. Il lancera au mois de juin une expérimentation, en association avec des experts, médecins, sociologues ou psychologues, dans les entreprises de ses adhérents. Celle-ci aura tout d'abord pour objet de faire un état des lieux des sources et des conséquences du stress dans les PME, puis de le comparer avec celui des grandes entreprises. Il s'agira ensuite de créer des outils pour mesurer les facteurs de stress qui influent sur la performance et de proposer des actions pour agir sur le stress et d'évaluer les résultats avant et après l'intervention pour constater les progrès réalisés par les entreprises. Les résultats de cette expérimentation déboucheront sur la rédaction d'un rapport comportant des mesures à mettre en oeuvre et sur une proposition de formation pour les dirigeants adhérents du CJD.

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