La crise des pêcheurs n'est toujours pas enrayée

Les marins pêcheurs de nombreux ports poursuivent grèves et blocages ce lundi. Michel Barnier, qui a appelé dimanche tous les pêcheurs à reprendre le travail, veut revoir les limites européennes aux aides d'Etat.

L'exaspération des marins pêcheurs contre le gazole cher se poursuit. Malgré l'obtention vendredi d'un engagement écrit de Michel Barnier, ministre de la Pêche, sur la pérennité d'un mécanisme d'aide permettant de ramener le coût du gazole à 40 centimes le litre au lieu de 75 centimes actuellement, malgré l'appel à la reprise du travail lancé dimanche par le même ministre, de nombreux ports étaient encore perturbés lundi par les actions des marins pêcheurs.

A Boulogne-sur Mer, les marins pêcheurs ont bloqué l'écluse du port de pêche lundi matin, en tendant des filets et des bouts. Parmi la cinquantaine de pêcheurs de la Manche et de la Méditerranée réunis à Boulogne-sur-Mer lundi matin, une majorité s'est prononcée en faveur du blocage des ports de 48 heures à partir de mardi matin. Seuls les pêcheurs d'Etaples (Pas-de-Calais) se sont prononcés contre le blocus.

A La Rochelle, les pêcheurs ont décidé lundi lors d'une assemblée générale de poursuivre leur mouvement jusqu'à mercredi, jour d'une réunion au niveau européen. "Ce que nous voulons c'est un gazole pêche européen", a indiqué à Reuters Pascal Guénézan, un des porte-parole des pêcheurs. Outre la grève, les pêcheurs rochelais, parmi les premiers à se lancer dans le mouvement le 14 mai, ont décidé de maintenir les blocages du port de pêche et les barrages des dépôts pétroliers.

A la Turballe en revanche, les pêcheurs ont repris progressivement la mer lundi, décidés à "donner une chance" au ministre de la Pêche, selon le comité local des pêches. A Arcachon aussi, les marins pêcheurs ont voté la reprise du travail sans pour autant reprendre la mer. En outre, cinq à six chalutiers reliés par un câble d'acier ont commencé lundi matin à bloquer le port d'Arcachon.

En Bretagne, des pêcheurs ont mené plusieurs actions, comme à Lorient et dans les environs, où ils ont vidé plusieurs entrepôts dans la nuit de dimanche à lundi. Des pêcheurs ont également organisé des barrages filtrants à Quimper. Environ 150 pêcheurs et agriculteurs ont bloqué la route entre Rennes et Brest lundi après-midi, tandis qu'une opération escargot ralentissait la circulation entre Caen et Cherbourg.

Le gouvernement déploie tous ses efforts pour convaincre les pêcheurs de cesser leur mouvement. Le ministre de la Pêche Michel Barnier souhaite désormais porter le dossier au niveau européen. En particulier, il a indiqué lundi que la France souhaite que soit relevé le plafond des aides nationales ne nécessitant pas de feu vert de Bruxelles car considérées comme ne causant pas de distorsion de concurrence.

La limite de ces aides, dites "de minimis", a déjà été relevée de 3.000 à 30.000 euros par entreprise de pêche sur trois ans l'an dernier. Or, "si l'on constate que le prix du gazole compromet l'existence même de la pêche européenne, ne faudrait-il pas poser la question du plafond de ces aides"? demande Michel Barnier.

Par ailleurs, les principales fédérations de pêche méditerranéennes (Italie, Espagne, Grèce, Malte notamment) devaient se retrouver lundi après-midi à Paris. Les marins pêcheurs catalans ont entamé un mouvement de grève lundi également pour protester contre la flambée des prix du gazole et réclamer des aides.

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