Indiana Jones redonne le goût de l'aventure au Festival de Cannes

Hors-concours, "Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal" a redonné tout le pouvoir à l'aventure et à la fiction dans un Festival de Cannes à la tonalité très documentaire. Malgré un démarrage un peu mou, ce blockbuster de Steven Spielberg ne devrait pas décevoir ses fans.

La pression était à son comble, dimanche 18 mai sur la Croisette, ainsi que la bousculade qui franchissait des records sur le sismographe cannois. Il est vrai qu'en pratiquant l'art très savant de la rétention d'informations, les producteurs, menés par George Lucas adossé à la Paramount, avaient provoqué chez les fans de l'archéologue aventurier une attente à la limite du supportable. Ils n'ont pas été déçus par la projection hors compétition de ce film de Spielberg, retrouvant le goût de l'aventure et de la fiction dans un festival très ancré dans le réel.

Près de vingt ans après le précédent et troisième volet, sorti en 1989, voici donc le quatrième opus au sceau de l'équipe gagnante Spielberg-Lucas-Harrison Ford - réunie depuis 27 ans. Les rumeurs les plus contradictoires ont couru sur les raisons d'une si longue interruption des programmes. Dont une - invérifiable comme toutes les autres - voulait qu'un scénario mettant en scène le père d'Indy (Sean Connery) et son frère (Kevin Costner) avait été refusé par Lucas.

Finalement, le film produit pour la bagatelle de 125 millions de dollars a adopté un scénario de David Koepp (déjà associé à Spielberg pour "Jurassic Park" et "La guerre des mondes"). A 65 ans, Harrisson Ford endosse vaillamment le rôle-titre mais n'est pas aussi épargné par le passage du temps que la production voudrait le faire croire. Toute la première partie du film s'en ressent, l'allumage est nettement plus laborieux que dans les précédents épisodes.

La principale nouveauté de cette épisode concerne la période où est censée se passer l'action: nous ne sommes plus dans les années 30 mais dans les rutilantes années 50 et les méchants nazis sont devenus d'horribles soviétiques, dirigés par une dame de fer, Irina Spalko à l'immuable casque de cheveux (impayable Cate Blanchett qui s'amuse follement dans ce rôle tellement caricatural qu'il en devient hilarant).

Sean Connery ayant déclaré forfait, le professeur Jones a donc perdu son père mais il a gagné un fils, joué par l'insipide Shia Labeouf, tout en cuir, qui voudrait se donner des airs de durs à la James Dean. Hormis ces nouveautés, le scénario repose toujours sur une quête impossible, en l'occurrence celle d'un Crâne de cristal qui aurait été sculpté il y a des milliers d'années par des indiens d'Amérique latine. Répandue depuis la fin du XIXème siècle par des escrocs habiles à tromper les musées, cette légende est ici assortie d'un pouvoir spécial: le crâne assure la conquête de l'univers à celui qui les détient.

Mais on sait bien que tout cela n'est que prétexte à courses-poursuites effrénées dans la jungle, et même dans les cascades d'un rapide, à attaques de fourmis rouges (à quatre et à deux pattes), à écroulements homériques d'architectures improbables et baroques. Spielberg maniant les effets numériques avec réticence, ces écroulements sentent plus que jamais le carton-pâte. Cela n'enlève rien à leur charme désuet et jubilatoire.

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