Benjamin Franklin, l'Américain des Lumières

Benjamin Franklin est l'un des personnages les plus emblématiques de l'histoire américaine. Axel Poniatowski et Cécile Maisonneuve dressent un superbe portrait de cet infatigable chantre de la liberté. Ils décryptent la richesse et la complexité d'une vie hors du commun.

"Marx salua en Franklin celui qui vit dans le travail la source de toute richesse et Carnegie, le milliardaire de l'acier, en fit son héros et son modèle". S'il est un personnage de l'histoire américaine qui ne laisse pas indifférent, c'est bien Benjamin Franklin, expliquent Axel Poniatowski et Cécile Maisonneuve dans la belle biographie qu'ils consacrent au grand homme. Alors que s'achèvent bientôt deux expositions à Paris consacrées à l'homme de science ("Un éclair de génie" au musée des Arts et métiers) et au diplomate ("Un Américain à Paris" au musée Carnavalet), il faut se plonger dans ce superbe portrait pour découvrir la richesse et la complexité d'une vie hors du commun.

Benjamin Franklin (1706-1790) est l'Américain par excellence, un "self made man" qui ne doit sa réussite qu'au travail et à la persévérance. Né à Boston dans une famille modeste, il interrompt vite sa scolarité pour entrer en apprentissage chez un imprimeur. Quand il en a les moyens, il fuit la société ultra puritaine de la Nouvelle Angleterre pour trouver refuge dans l'accueillante Philadelphie des Quakers où il reprend son métier d'imprimeur, à son compte cette fois.

Etonnant personnage que ce Benjamin Franklin chez qui "l'homme de métier, le citoyen et l'intellectuel marchent d'un même pas". En quelques années, il crée une police de caractère, baptisée le Franklin Gothic en 1902, toujours utilisée dans la presse aujourd'hui; fonde et anime un club de réflexion; crée un journal dans lequel ses billets d'humeur font sensation; se lance sur le marché très concurrentiel des almanachs où son ton humoristique fait la différence.

En 1748, Franklin se retire des affaires pour se consacrer à ses projets scientifiques et civiques: il entend "produire quelque chose pour le bénéfice commun de l'humanité". Là encore, ce "bricoleur de génie" place la barre haut: prouver aux salons européens que l'Amérique n'est pas peuplée que de paysans incultes! Ses inventions comme le paratonnerre ou les lunettes à double foyer vont lui assurer une immense renommée.

Les deux auteurs rappellent aussi avec justesse la complexité du parcours qui mena cet ardent partisan de l'autorité coloniale anglaise à revendiquer l'indépendance des treize colonies américaines. Représentant de la Pennsylvanie à Londres, Franklin est fasciné par ce pays où il vit de nombreuses années, tout comme il sera subjugué des années plus tard par la vie parisienne alors qu'il négociait l'aide militaire de la France aux Insurgés.

Ce passé chargé, fait d'anglophilie et d'amitié pour la France, le rend suspect aux yeux des nouveaux dirigeants de la jeune république. Boudé par ses pairs, les Washington ou les Adams, Franklin n'a pas le rôle majeur qu'il pouvait revendiquer dans la conception des institutions fédérales américaines. Pourtant, remarquent les auteurs, il est le seul des Pères fondateurs à avoir signé à la fois la déclaration d'indépendance de 1776, le traité de paix de Paris de 1783 et la Constitution américaine de 1787.

"Benjamin Franklin", d'Axel Poniatowski et Cécile Maisonneuve. Perrin, 348 pages, 22 euros.

Expositions: "Un éclair de génie" au musée des Arts et métiers, 60 rue de Réaumur, Paris 3e. Jusqu'au 30 mars. https://www.franklin.artsetmetiers.net/

"Un Américain à Paris" au musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné 75003 Paris. Jusqu'au 9 mars. Tél: 01 44 59 58 58.

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