La BCE craint l'inflation mais laisse son taux inchangé, comme la Banque d'Angleterre

Comme prévu, la Banque centrale européenne (BCE) vient d'annoncer ce jeudi qu'elle laisse inchangé son taux directeur à 4%. Son président Jean-Claude Trichet met toutefois en garde face aux risques inflationnistes. La Banque d'Angleterre vient elle aussi de laisser ses taux inchangés à 5,5%. Le patron de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, s'exprimera dans la soirée sur "les marchés financiers, les perspectives économiques et la politique monétaire".

Comme prévu, la Banque centrale européenne (BCE) vient d'anoncer ce jeudi qu'elle laisse inchangée son taux directeur à 4%. La Banque d'Angleterre (BoE, Bank of England) vient elle aussi de décider de maintenir ses taux inchangés à 5,5%.

Cerise sur le gâteau, le patron de la Fed, la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, s'exprimera aussi aujourd'hui, dans la soirée, sur "les marchés financiers, les perspectives économiques et la politique monétaire", alors que les économistes tablent en majorité sur une baisse des taux de la Fed fin janvier.

La BCE est prise en tenaille entre l'inflation qui repart à la hausse, notamment dans la zone euro, (sous le coup des prix de l'énergie et des produits amimentaires notamment) et pourrait conduire à une hausse des taux, et la morosité économique venue des Etats-Unis, avec la crise du subprime qui pourrait amener à baisser les taux pour soutenir l'activité.

Les commentaires de Jean-Claude Trichet dans sa traditionnelle conférence qui suit l'annonce de la décision de la Banque centrale européenne sur ses taux traduisent bien ce dilemme. Il souligne que les risques d'inflation sont à la hausse, que du coup, les hausses salariales sont supérieures aux attentes, que l'inflation (en norme IPCH) restera bien au dessus de 2% dans les mois à venir. Il appelle même les décisionnaires à ne pas s'engager dans une spirale inflationniste et souligne que la BCE est prête à intervenir de façon préventive. Elle a même discuté ce jeudi d'une éventuelle hausse des taux.

La BCE n'a toutefois pas réintroduit dans son communiqué le terme de vigilance, elle demeure en situation d'observation attentive, que qui, aux dires des spécialistes, laisse entendre qu'elle ne bougera pas non plus ses taux le mois prochain lors de sa future réunion.

Car dans le même temps, le président de la Banque Centrale Européenne ne néglige pas les risques actuelles sur la croissance. Il indique que les dernières données suggèrent que la croissance en ce début d'année est plus modéree sur une base trimestrielle, que l'incertitude demeure sur l'impact de la crise des marchés sur la zone euro et que plus globalement, il y a des risques de baisse pour la croissance même si l'économie mondiale devrait, aux yeux de la BCE, faire preuve de résistance.

Plus tôt dans la journée, un haut responsable des Nations Unies, disant redouter une dépréciation de 20% du dollar, avait appelé la Banque centrale européenne à abaisser immédiatement ses taux d'intérêt afin de réduire les risques de ralentissement de l'économie mondiale.

"C'est à la BCE de faire quelque chose et elle doit agir maintenant, sans attendre que tout le monde se rende compte que l'Europe ralentit", a déclaré le directeur de la division pour la mondialisation et les stratégies de développement à la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced), Heiner Flassbeck. Devant la presse à Genève, ce dernier a regretté que la BCE soit engluée dans "un combat interne" entre partisans et adversaires d'une baisse des taux d'intérêt.

Mardi, la ministre française de l'Economie Christine Lagarde a ainsi appelé la BCE à donner la priorité à la croissance, quitte à avoir "une inflation plus élevée temporairement". Le président de l'institut, Jean-Claude Trichet, a en revanche mis l'accent samedi sur la nécessité de lutter contre la hausse des prix.

Pour l'ONU, qui publie mercredi un rapport sur les perspectives de l'économie mondiale en 2008, l'UE et le Japon doivent assumer le rôle de locomotive tenu jusqu'à présent par l'économie américaine. Mais la Banque du Japon n'a guère de marge monétaire pour agir, avec un taux directeur déjà au plancher (0,5%). "L'économie américaine ayant de gros ennuis, les plus gros depuis 20 ans, il revient à l'Europe de stimuler l'économie plus qu'elle ne le fait actuellement", a déclaré Heiner Flassbeck.

Selon les économistes onusiens, la crise de l'immoblier à risque pourrait se traduire par une récession de 0,1% du produit intérieur brut des Etats-Unis en 2008 ainsi que par une dévalorisation supplémentaire de 20% du dollar par rapport aux autres monnaies. L'ONU s'attend en effet à ce que la Réserve fédérale réagisse à la baisse de la conjoncture américaine par de nouvelles baisses de taux d'intérêt. L'économiste envisage une baisse de 5% à 15% des prix de l'immobilier en 2008 aux Etats-Unis ainsi qu'un repli de 30% des investissements dans le secteur.
Dans ce contexte, il est à prévoir que les ménages américains accroissent leur épargne, "ce qui signifie clairement que la récession sera plus prononcée dans le courant de l'année", a-t-il prédit. L'expert onusien a mis en garde contre les "petits icebergs" qui risquent d'entraîner de nouvelles crises immobilières, notamment en Espagne et au Royaume-Uni.

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