Statu quo de la BCE, toujours préoccupée par l'inflation

Alors que la Banque d'Angleterre abaisse ses taux d'un quart de point, à 5%, la Banque centrale européenne les laisse à 4%. Jean-Claude Trichet pointe les risques inflationnistes accrus dans la zone euro. Et ne laisse donc pas augurer de prochaines baisses de taux.

La Banque d'Angleterre vient d'annoncer ce jeudi une baisse de son taux directeur de 5,25% à 5%. Son comité de politique monétaire a donc pris la décision attendue par les experts. Le Royaume-Uni est particulièrement touché par la crise du crédit et par celle de l'immobilier.

Dans la foulée, la Banque centrale européenne a décidé du statu quo comme s'y attendait la grande majorité des observateurs. Ils restent donc à 4%.

Certes, le FMI (Fonds monétaire international) qui a dévoilé hier mercredi des prévisions de croissance assez moroses pour la planète en 2008 et 2009, particulièrement aux Etats-Unis mais aussi pour la zone euro, a incité la BCE à baisser ses taux. Mais outre le fait que cette dernière n'aime pas qu'on lui force la main, elle a aussi les yeux braqués sur l'inflation en Europe. Or, celle-ci ne cesse de monter et pour la juguler, la BCE peut être tentée de relever au contraire ses taux.

Entre ces deux impératifs contradictoires, tenter de relancer la croissance qui ralentit fortement et éviter que les prix et les salaires n'augmentent trop (les revendications sur le pouvoir d'achat sont fortes actuellement en Europe), la BCE a donc opté pour l'immobilisme, à l'inverse de son homologue américaine. La Fed, Federal Reserve Bank ne cesse en effet depuis plusieurs mois de baisser ses taux, y compris par surprise et de facon spectaculaire.

L'annonce de la BCE a été suivie, comme d'habitude par la traditionnelle conférence de presse de son président, le francais Jean-Claude Trichet. Ses commentaires et leurs évolutions ont été une fois de plus scrutés a la loupe. Notamment pour anticiper les futures décisions de la BCE.

Il a ainsi souligné que les données récentes confirment une "forte pression inflationniste à court terme". Il a ajouté que les risques inflationnistes sont clairement à la hausse à moyen terme et que la hausse des prix ne va pas se calmer rapidement en 2008. Ce qui indique que la BCE restera vigilante sur ce terrain et n'est donc pas incitée à baisser rapidement ses taux. D'autant qu'elle souligne suivre de près les négociations salariales et la fixation des prix dans les différents pays européens, avec leur risque d'effet inflationniste induit.

Maniant le chaud et le froid, il a aussi déclaré que "les turbulences pourraient avoir un impact plus fort que prévu sur la croissance économique". Il a souligné la difficulté extrême actuellement à faire des prévisions économiques. Mais il a indique que pour la BCE, "les risques sont principalement relatifs aux marchés financiers" et que les fondamentaux de la zone euro restent "sains".

Pour le président de la BCE, "le degré d'incertitude résultant des turbulences des marchés financiers reste exceptionnellement élevé et les tensions risquent de durer plus longtemps qu'on ne le pensait de prime abord. Compte tenu de ce contexte, nous soulignons que préserver la stabilité des prix à moyen terme est notre objectif principal".
Commentant l'agitation qui prévaut sur les marchés des changes, Jean-Claude Trichet a affirmé "déplorer la volatilité excessive" des changes et s'est dit "inquiet des mouvements excessifs récents", alors que la monnaie unique a inscrit jeudi un nouveau record face au billet vert à 1,5913 dollar pour un euro. Il a répété avoir noté avec "une grande, grande attention" l'engagement américain en faveur d'un dollar fort, et ce au plus haut niveau, a-t-il ajouté, évoquant les déclarations du secrétaire du Trésor américain et du président George W. Bush en ce sens.

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