Faites la chasse aux frais dans vos placements

L'épargne gérée par les banques et les assureurs a explosé ces dernières décennies. Les commissions qui sont prélevées sur ces produits - comme sur les prestations qui vous sont offertes - n'ont pas pour autant vraiment baissé. Avant d'investir, épluchez le prospectus du fonds qui vous intéresse.

Environ 2.500 milliards d'euros d'épargne sont confiés aux banques, aux assureurs et aux conseillers indépendants en France : ce sont quelque 1.450 milliards en gestion collective auxquels s'ajoutent un peu plus de 1.000 milliards en gestion sous mandat. Ce tableau des actifs sous gestion est à comparer à... moins de 9 milliards de francs d'OPCVM en 1968, 48 milliards de francs en 1978, 1.489 milliards de francs en 1988. C'est-à-dire à peine 227 milliards d'euros il y a vingt ans ! Indéniablement, la masse d'argent s'est considérablement accrue. Mais les commissions prélevées par les établissements financiers n'ont pas pour autant fondu à la même vitesse. " Malgré l'explosion des volumes, c'est une industrie qui n'a pas été en mesure de faire passer à ses clients d'importantes économies d'échelle au niveau des divers frais et commissions ", confie le directeur de la gestion d'une banque privée.

PROGRES EN MATIERE DE TRANSPARENCE

Si d'importants progrès ont été réalisés en matière de transparence, il est de plus en plus difficile de s'y retrouver dans le labyrinthe des tarifications à cause d'une explosion de l'offre et de la concurrence. Pourquoi tel fonds est-il accessible à 0 % sur tel site Internet... quand le même fonds dans votre réseau supporte des frais d'entrée de 1 % ou de 1,5 % ? Quid des " trackers ", ces fonds indiciels cotés qui ont le vent en poupe ? Et pour cause. Selon les calculs de Morgan Stanley, un fonds classique prélève entre 0,39 % et 1,91 % de frais, quand un tracker se contente de 0,05 % à 1,60 %.

" Les fonds communs de placements [FCP] comportent plusieurs types de frais, souligne Julien Séraqui, président de Conseil Capital Plus. Les droits d'entrée, payés une seule fois et qui se situent entre 0 et 5 %, selon le bon vouloir du gestionnaire ou du banquier ; les frais de fonctionnement et de gestion qui, payés annuellement, sont fixes et se situent entre 1,5 % et 2 % ; les frais de transactions ou commissions de mouvements, qui dépendent du nombre d'opérations d'achat et de vente réalisées dans l'année par le gestionnaire du FCP, en général pour les FCP actions, vont de 0,5 % à 1 % ; enfin, les commissions de surperformance, qui rémunèrent le gestionnaire du FCP au-delà d'une certaine performance. " Par exemple, lorsque le fonds réalise un gain supérieur à 5 % (niveau de surperformance), le gestionnaire prendra 20 % de cette surperformance. " Ce sont ces frais qui sont les plus rémunérateurs pour les banques ou les maisons de gestion qui ont leur propre fonds ", poursuit-il. " Quitte à payer des frais, investissez dans les meilleurs FCP de leur catégorie et pas forcément dans les FCP maison que votre banquier vous recommande ", conclut-il.

La transparence en matière de commissions a certes fait de grands progrès en France, notamment avec la réforme du prospectus des FCP et des Sicav, qui impose la mention d'un taux global, ou TFE pour total des frais sur encours, puis la mise en place de la directive européenne MIF, qui touche tous les intermédiaires et leurs relations avec leurs clients.

Mais la fourchette des commissions et des autres frais reste très large, avec quelques éléments d'opacité. Ne serait-ce qu'au niveau des termes quelquefois employés dans les prospectus... Le débat se poursuit d'ailleurs dans les salons lambrissés de l'AFG et les bureaux plus modernes de l'AMF concernant les commissions rémunérant la distribution des produits financiers. Et dans le premier bilan de la démarche " meilleure régulation " que l'AMF vient de publier, le gendarme des marchés souligne qu'il entend en matière d'épargne individuelle et collective " accentuer les efforts en matière de conseil et d'éducation financière des épargnants... et poursuivre l'amélioration de l'information donnée au public lors de l'acquisition d'un produit financier ".

Mieux vaut donc réfléchir lorsque vous choisissez un support d'investissement : allez-vous souscrire une assurance-vie, acheter un OPCVM pour le loger dans votre portefeuille ou bien un FIP pour alléger votre facture fiscale au guichet d'une banque, chez un assureur, chez un conseiller indépendant ou en cliquant sur un site Internet ? Connaître la vraie et totale structure des frais du produit ou de la prestation que l'on vous propose est d'autant plus intéressant que la plupart du temps au moins une partie de ces frais est négociable.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.