Le désir de France toujours vivace des  étudiants marocains

Le « Salon des études en France », qui se déroulait les 21 et 22 février 2015 à l'hôtel Hyatt Regency de Casablanca, a attiré près de 8 000 jeunes marocains, animés par le rêve partagé de poursuivre leurs études dans l'Hexagone.
Ahmed Lahlou, organisateur du « Salon des études en France », président d'honneur des étudiants marocains de France.

Quelque 85 entités - dont les plus prestigieuses, comme HEC, Polytechnique ou encore l'Ecole des Ponts et Chaussées - ont fait le déplacement de France pour venir présenter leurs arguments aux potentiels futurs étudiants marocains. Une communauté importante de prospects, car en 2013, selon les chiffres les plus récents de Campus France, les étudiants marocains représentaient la première nationalité étrangère, avec quelque 34 000 inscrits dans les universités, instituts et grandes écoles françaises, sur un total de 212 000. N'en déplaise aux déclinistes et autres adeptes du « french bashing » ainsi que du « tout-à-l'anglais », la tendance n'est certes pas près de s'inverser, tant les arguments de la destination France sont solides.

« Il y a bien sûr la proximité culturelle, la langue partagée, mais aussi beaucoup d'éléments d'ordres divers, déclare Saad, l'un des 250 étudiants marocains de la Kedge Business school (campus à Marseille et à Bordeaux). Par exemple, poursuit-il, le fait que notre école soit classée dans le top 7 des écoles de commerce françaises nous ouvre droit à une bourse du mérite marocaine de 5 000 euros par an. À cela peut s'ajouter une bourse de l'école elle-même, jusqu'à 4000 euros. Au final, il ne nous reste plus grand-chose à payer sur le total des frais annuels de 10 500 euros. Et si besoin, l'école se porte caution pour un prêt étudiant à 1 %... ».

Autre point fort de la Kedge, relevé par Saad : la dimension internationale de l'école, qui compte 300 partenariats et sept campus à travers le monde, ainsi qu'un réseau de 40 000 alumni. Résultat : 55 % des futurs diplômés de la Kedge trouvent un emploi avant même l'obtention de leur diplôme, et 87 % sont embauchés en moins de quatre mois après l'avoir décroché.

Bien moins cher que dans le monde anglo-saxon

Reste que pour faire face à la pression anglophone, la Kedge s'est adaptée, proposant certaines matières en français ou anglais, au choix. « Ce bilinguisme plaît beaucoup aux étudiants », relève Saad, qui a lui-même choisi un cursus à 50/50 français-anglais.

À Lyon, le Cefam (Centre d'études franco-américain de management) pousse jusqu'au bout la logique du bilinguisme. Certifiée AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business, label américain internationalisé d'écoles de management) et partenaire de quatre prestigieuses universités américaines, cette école trentenaire propose un double cursus franco-américain, se décomposant en trois années à Lyon et une quatrième année aux Etats-Unis. « Un compromis qui intéresse beaucoup les Marocains », nous confie la responsable du stand. On le comprend aisément : une année d'études au Cefam-Lyon coûte autour de 8 000 euros, contre 30 000 à 40 000 euros aux États-Unis.

Cet argument du coût est encore plus radical si l'on se réfère aux universités publiques, où l'inscription annuelle est de l'ordre de 350 euros, faIt valoir une animatrice du stand Campus France. « Un étudiant étranger bénéficie des mêmes prestations et soutiens qu'un étudiant français : gratuité des études, éligibilité à l'APL, accès aux résidences universitaires. Tout cela finit par représenter une différence radicale avec le système anglo-saxon, où le financement des études est hors d'atteinte pour la plupart des familles. »

« Avec les Marocains, on se comprend bien »

Les jeunes marocains ne s'y trompent pas, qui se sont rendus par milliers à ce « Salon des études en France », organisé par Ahmed Lahlou, déjà multi-entrepreneur à 25 ans, titulaire d'un magistère banque-finance décroché à Paris-Assas, ancien président des étudiants marocains de France, et toujours président d'honneur. « Nous en sommes à notre cinquième édition, et jusqu'ici nous avions organisé nos salons à Rabat. Cette première édition à Casa est une grande réussite. Il faut dire que c'est un peu logique, car Casablanca est la première ville du Maroc à exporter des étudiants en France. »

Outre les grandes marques hyper connues - HEC, Polytechnique, Panthéon Sorbonne, Assas, ESCP Europe... - d'autres entités, a priori plus modestes, n'ont pas hésité à faire le déplacement pour se faire connaître par le jeune public marocain.

C'est le cas notamment de La Rochelle Business School, « fièrement » représentée par Yousra. Cette marrakchi qui veut devenir DRH dit avoir choisi La Rochelle pour trois raisons : la douceur du climat, la notoriété de l'école, la possibilité d'apprendre en français et en anglais. L'école, certifiée AACSB, accueille chaque année environ 10 à 15 % d'étudiants marocains sur une promotion de 250 candidats sélectionnés sur concours.

Inattendue, la présence parmi les exposants de l'Ecole supérieure du bois de Nantes. C'est l'une des deux seules écoles d'ingénieurs du bois en France. Elle compte 350 étudiants, dont 20 % d'étrangers parmi lesquels trois Marocains. « C'est peu, mais nous apprécions les Marocains, et c'est pourquoi nous avons tenu à venir à Casablanca, nous dit Antoine Lebeau, responsable des relations internationales de l'ESB. Avec les Marocains, on se comprend bien, il n'y a pas besoin de décodage culturel, et leur système éducatif est assez proche du nôtre. »

« Nous sommes une école au service de l'industrie du bois, qui représente 450 000 emplois en France, soit plus que l'industrie automobile. Le bois est un matériau que l'on trouve partout dans le monde, et la philosophie de notre école est que partout dans le monde, on peut en faire surgir de la valeur ajoutée. »

Le diplôme de l'ESB se prépare sur trois ans, pour un cout de 4 800 euros par année, qui peut être réduit grâce à plusieurs possibilités de bourses - de l'Etat, de la Région, du ministère de l'Agriculture.

Bref, relativement modestes ou très célèbres, les entités françaises de l'enseignement supérieur ne manquent pas d'arguments à faire valoir, notamment auprès des jeunes francophones, au Maroc comme ailleurs en Afrique. Et le succès du « Salon des études en France » qui vient de se tenir à Casablanca montre une fois de plus que côté sud, la demande est toujours forte.

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