La meilleure façon de dire non

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisée par Sophie Peters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.

 

Au journaliste du « Monde » qui lui demande ce qu'il y a de plus difficile dans sa fonction de directeur général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux a cette réponse honnête : « Je n'ai pas encore trouvé la bonne manière de dire non. » Peur du conflit, de fâcher, d'être rejeté, désir de combler l'autre, de se rendre indispensable : les raisons de ne pas oser le « non » sont légion. S'y ajoute le poids de l'éducation qui, en récompensant le dévouement, sous-entend qu'obéir à ses propres envies est pur égoïsme. Habitués à croire que nous sommes aimés pour ce que nous faisons et non pour nous-mêmes, nous disons « oui ». Du bout des lèvres, mais c'est oui tout de même. Un oui générateur de frustrations toxiques pour soi et les autres. Et qui nous amène, telles des Cocotte-Minute à bout de pression, soit à exploser en un non agressif à la figure de n'importe qui, soit à imploser en tombant dans l'épuisement ou la dépression, soit encore à nous installer dans la litanie plaintive de la victime exploitée par tous et responsable de rien.

 

être au clair avec soi-même

 

Alors comment dire non ? En commençant par être au clair avec ses envies, ses limites, ses valeurs, son rythme de vie idéal et ses priorités. Des repères intimes auxquels il est bon de se référer dès lors que les autres nous sollicitent, façon d'interroger sa « haute autorité » qui décidera de l'opportunité d'accepter ou non la demande. Une question déstabilise alors notre boussole interne : « Et si elle ou il le prenait mal ? » Voulant préserver l'autre, nous refusons de formuler un « non ». Or il s'agit d'entendre le besoin de la personne sans se croire obligé de le satisfaire et sans entrer dans la culpabilité.

 

Rien n'empêche, si c'est difficile, de l'exprimer. Dire l'hésitation à prononcer un « non » crée un climat de complicité. Et évite à l'autre le choc d'un refus inattendu tout en faisant preuve de justesse par rapport à soi. Ensuite, il faut expliquer. Sans excès. Trop de justifications tuent le « non » et trahissent une culpabilité. Le mieux est de formuler ce « non » de façon structurée pour aider notre interlocuteur à cerner le cheminement de notre raisonnement.

 

On rappelle les faits, puis on expose les conséquences pour soi sans oublier de souligner l'émotion que cette situation crée en nous mais en parlant toujours à la première personne. Récit clair et sincère, ton personnel, mais pas accusateur permettent une réaction respectueuse. En osant opposer des « non » et en exprimant de vrais « oui », c'est la qualité de nos relations que nous repensons, afin qu'elles ne soient plus de convenance ou de manipulation. Reste alors à développer l'aisance à accueillir le non de l'autre, la vie nous faisant rarement l'économie de cet inconfort.

Commentaire 1
à écrit le 11/01/2010 à 12:00
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Il faudrait quelques exemples pour illustrer les façons de dire non

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