Gérer ses émotions : oui mais comment ?

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisée par Sophie Péters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.

Partout c'est la même ritournelle... Des managers aux collègues en passant par les amis, et les manuels de développement personnel, on nous dit de «gérer nos émotions». Quel horrible mot?! Comme si nous allions noter sur notre ligne de bilan, nos colères, nos joies ou nos tristesses... Et pourtant ! Le Larousse nous dit bien que gérer revient à «administrer au mieux malgré une situation difficile». Eh oui, il nous faut donc «gérer» ce qui nous paraît le plus souvent ingérable. Tenir les comptes de nos ressentis est en effet une garantie de mieux repérer ce qui nous occupe et nous préoccupe, et de nous en servir pour guider notre pensée et notre action. Mais aussi maîtriser ce qui sinon pourrait provoquer des dommages collatéraux.

Nous sommes faits de raison et de sentiments... Et mieux vaut connaître la raison de ce que nous éprouvons. Au risque sinon d'en rendre les autres responsables. Le vrai problème est de savoir ce qu'il convient d'en faire. En premier lieu, s'il faut les refuser ou les accepter, ou encore refouler l'évidence ou l'admettre ? Trop souvent on confond maîtrise et contrôle. Maîtriser signifie d'en respecter les étapes. Contrôler revient à retenir à tout prix. Or, accepter ses émotions est le plus sûr moyen de ne pas se laisser déborder par elles. Car elles s'expriment toujours d'une manière ou d'une autre sous des formes cachées (lapsus, acte manqué, accident, maladie). Se méfier donc des managers «sans état d'âme».

Dans les années quatre-vingt-dix, le docteur en psychologie Daniel Goleman expliquait que le QI ne comptait que pour un tiers dans les performances, les deux tiers provenant de l'intelligence émotionnelle. La développer passe par être à l'écoute de ce que nous dit une émotion qui apparaît, et en décoder le sens de façon écrite (dans un journal intime) ou à l'oral (auprès d'amis ou d'un psy) pour en prendre l'entière responsabilité, ne plus dépendre de son passé, des autres, ou des idées reçues. On commence par observer de façon la plus factuelle en soi et autour de soi les situations, les expériences, les personnes. Sans jugement ! Qu'est-ce qui se passe ? Comment ça se passe ? Qu'est-ce que je ressens précisément ? Quels sont les événements qui déclenchent cette émotion ? Où en suis-je dans son expression ? Le plus difficile étant de bien la nommer. Car une émotion peut en cacher une autre ! Et nous bloquer. Ainsi je me cramponne à ma déprime après la perte de mon job car je ne m'autorise pas à remonter ma colère contre mon entreprise ou ma peur de ne pas retrouver un emploi.

Difficile de bien nous servir de nos émotions. Pourquoi nous n'utilisons pas nos peurs pour nous protéger d'un danger, notre colère pour changer ce qui ne nous convient pas, notre tristesse pour surmonter les pertes ? Éducation, culture, évitement, mais aussi confusion. Alors pour être plus confortable dans la vie, prenons l'habitude de «penser nos pensées» comme le dit Edgar Morin.

« Sans émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l'apathie en mouvement ». Carl Gustav Jung

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