Hydrogène vert : pourquoi la startup Gen-Hy s’associe au géant Saint-Gobain

En attendant l’inauguration de son usine de production d’électrolyseurs à grande échelle, en 2024, à côté de Belfort, Gen-Hy, startup spécialisée dans l’hydrogène vert, basée à Orly, poursuit son développement technologique. Un nouveau partenariat stratégique vient d’être signé avec le groupe Saint-Gobain qui entre à son capital.
Vue intérieure de la future usine, située à Allenjoie, dans le Doubs, destinée à la production de ses membranes à grande échelle
Vue intérieure de la future usine, située à Allenjoie, dans le Doubs, destinée à la production de ses membranes à grande échelle (Crédits : Gen-Hy)

Après Forvia, McPhy et Alstom, Gen-Hy est la quatrième entreprise du Nord Franche-Comté à avoir reçu une aide conséquente de l'État. Dans le cadre du programme européen dédié au déploiement de la filière hydrogène, la startup avait bénéficié du soutien du ministre de l'industrie, Roland Lescure, qui promettait une enveloppe de 111 millions d'euros, en octobre 2022. Pour l'heure, cette promesse est encore en attente de validation de l'Europe, mais elle a déjà attiré de nouveaux actionnaires comme Eiffage en février dernier, et, depuis ce lundi 20 novembre, le groupe Saint-Gobain qui entre dans son capital. Même si la startup ne communique pas les montants des parts respectives, Gen-Hy reste largement majoritaire.

« Notre nouvel accord avec Saint-Gobain Solutions Haute Performance se concentre sur un programme de recherche commun pour développer et industrialiser à grande échelle de futures générations de membranes AEM (ndl : Anion Exchange Membrane) », poursuit-il.

Une membrane sans terres rares

Depuis 2019, Gen-Hy conçoit et fabrique des solutions de production d'hydrogène de mobilité, de stockage, d'approvisionnement énergétique et de nettoyage de moteurs de grande capacité. Pour produire de l'hydrogène vert, Gen-Hy retient la méthode de l'électrolyse de l'eau, dont la membrane AEM est un élément clé. « La membrane se situe entre les électrodes. Elle permet d'améliorer la conductivité ionique dans le système d'électrolyse. Elle sert également de support pour les dépôts catalytiques », explique Sébastien Le Pollès.

Actuellement, il existe huit fabricants de membranes AEM dans le monde, seulement trois en Europe, dont Gen-Hy. « Notre réelle valeur ajoutée c'est que nous utilisons cette méthode, sans aucuns métaux rares, contrairement à nos confrères qui utilisent de l'or, du platine et de l'iridium », souligne-t-il. Afin de trouver une solution bas carbone, à haut rendement énergétique avec le plus faible coût de revient, Gen-Hy a développé ses propres membranes AEM qui améliorent les rendements de l'électrolyse. La startup obtient des rendements de plus de 85% avec une haute pureté d'hydrogène.

Des membranes moins polluantes et plus performantes

« Plus de 80% de notre membrane est faite à base de céramique », précise Sébastien Le Pollès. Ce qui fait une bonne raison de s'associer au groupe Saint-Gobain, l'un des leaders de l'industrie dans la conception, le développement et la production de céramiques techniques.

Autre argument : le géant des matériaux de construction est également reconnu pour son savoir-faire dans la production de polymères. Grâce à ce partenariat, Gen-Hy renforce sa capacité de développement sur deux éléments clés qui composent ses membranes AEM. La startup espère ainsi explorer de nouveaux matériaux et procédés d'élaboration. « Nous souhaitons améliorer la production de nos membranes, que ce soit en quantité et en qualité, et préparer des générations futures qui seraient encore moins polluantes et plus performantes », souligne Sébastien Le Pollès. L'objectif, à terme, est d'augmenter les rendements, baisser les coûts de production et monter en puissance sur les stacks d'électrolyseurs pour la production d'hydrogène vert. « Nous partons du principe qu'un produit qui ne pollue pas est un produit qui n'a pas été fabriqué. Nous recherchons, avec Saint-Gobain, à créer un produit qui tient longtemps, d'une manière exceptionnelle, grâce à des avancées technologiques », poursuit-il.

Des premiers électrolyseurs bientôt sur le marché ?

Ce projet de recherche et développement engagé sur 18 mois avec le groupe Saint-Gobain visent les mêmes débouchés : utiliser le procédé de l'électrolyse de l'eau pour produire de l'hydrogène vert de mobilité, de stockage, d'approvisionnement énergétique et de nettoyage de moteurs de grande capacité, avec « ce besoin d'améliorer la durée de vie et les performances ».

« Nous allons travailler avec Saint-Gobain à livre ouvert et commencer à produire et à vendre nos premiers électrolyseurs complets avec des sous-traitants, en attendant que l'usine près de Belfort soit entièrement construite », confie Sébastien Pollès. Les travaux de cette future usine, située à Allenjoie, dans le Doubs, destinée à la production de ses membranes à grande échelle, ont pris environ un an de retard. Le président de Gen-Hy, qui avait levé 9 millions d'euros en février dernier pour sa construction, espère une ouverture d'ici le troisième trimestre 2024.

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