Projet nucléaire Sizewell C : le Royaume-Uni injecte 1,3 milliard de livres supplémentaires

Ce nouvel investissement porte à 2,5 milliards de livres le montant mis dans ce projet de centrale nucléaire EPR, porté par EDF et basé dans l'est de l'Angleterre. Celui-ci fait partie de la stratégie du pays qui vise la neutralité carbone d'ici en 2050.
Londres, qui espère couvrir un quart de ses besoins en électricité grâce au nucléaire d'ici à 2050 (photo d'illustration).
Londres, qui espère couvrir un quart de ses besoins en électricité grâce au nucléaire d'ici à 2050 (photo d'illustration). (Crédits : Unsplash licence - Lukáš Lehotský)

Une bonne nouvelle pour le projet de centrale nucléaire Sizewell C. Le gouvernement britannique a annoncé lundi soir injecter 1,3 milliard de livres (1,5 milliard d'euros) supplémentaires dans ce projet de réacteur EPR, porté par l'énergéticien français EDF dans le Suffolk (est du pays).

« Le gouvernement a débloqué 1,3 milliard de livres supplémentaires pour soutenir la construction de Sizewell C », a ainsi déclaré l'exécutif dans un communiqué. Cette nouvelle tranche porte à plus de 2,5 milliards de livres le montant total amené par l'exécutif anglais. Elle « permettra de poursuivre les premiers travaux de construction avant une décision finale d'investissement » qui devra être annoncée par le gouvernement plus tard cette année, poursuit le communiqué du gouvernement.

Le Royaume-Uni, qui vise la neutralité carbone en 2050, et a remis depuis le début de la guerre en Ukraine l'accent sur la sécurité énergétique, cherche à accélérer le développement de l'énergie nucléaire, qui n'émet pas de CO2 dans l'atmosphère. L'exécutif a donc donné son feu vert en juillet 2022 au projet de Sizewell C et annoncé en novembre de la même année y prendre une part directe de 50%, en parallèle de la sortie du chinois CGN, initialement partenaire. Le feu vert formel pour le début des travaux a été donné le 15 janvier dernier.

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Encore 20 milliards de livres à lever

En plus de la nouvelle injection d'argent public annoncée ce mardi, le gouvernement prévoit de lever d'autres fonds auprès d'investisseurs. Début janvier, le secrétaire d'État britannique délégué au Nucléaire, Andrew Bowie, a affirmé que le Royaume-Uni était « sur la bonne voie » pour conclure cette levée de fonds pour Sizewell C, avant la fin de l'année, dans une interview au Financial Times. Selon le quotidien économique, le gouvernement doit lever environ 20 milliards de livres (23,4 milliards d'euros) auprès d'investisseurs extérieurs.

Mais ces investissements ne plaisent pas à tous : « Un montant supplémentaire de 1,3 milliard de livres d'argent des contribuables » pour le projet Sizewell C « n'est rien de moins qu'une gifle méprisante pour les services publics britanniques en manque d'argent », a dénoncé dans un communiqué l'organisation « Together Against Sizewell C » (« Ensemble contre Sizewell C », ndlr). L'association critique l'impact du projet sur l'environnement mais a essuyé un revers l'an dernier avec le rejet par la justice britannique d'un recours contre le projet. Elle a annoncé lundi porter la question devant la Cour Suprême du pays.

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Accélération sur le nucléaire

Londres, qui espère couvrir un quart de ses besoins en électricité grâce au nucléaire d'ici à 2050, construit de grandes centrales traditionnelles. Elle compte cinq centrales nucléaires, dont deux supplémentaires sont en construction, Sizewell C et Hinkley Point C, et le gouvernement en envisage désormais une troisième de plus. Mais il veut aussi s'appuyer sur de petits réacteurs modulaires - moins chers et donc plus faciles à financer. Ils devraient cependant encore nécessiter des années de développement. Ainsi, six entreprises ont été retenues en octobre 2023 par l'exécutif comme finalistes, lors d'un appel d'offres pour construire ces petits réacteurs nucléaires, dont la britannique Rolls Royce et EDF.

Par ailleurs, le Royaume-Uni a annoncé début janvier le lancement d'un programme de production de combustible à base d'uranium faiblement enrichi à teneur élevée (HALEU), pour alimenter la prochaine génération de réacteurs nucléaires, et qui, pour l'heure n'est produit commercialement que par la Russie, avec un investissement de 300 millions d'euros de livres (348 millions d'euros).

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EDF à la conquête du Royaume-Uni

L'énergéticien français EDF poursuit ainsi ses investissements outre-Manche. L'opérateur a annoncé début janvier dans un communiqué qu'il « prévoit d'investir 1,3 milliard de livres (1,5 milliard d'euros, ndlr) supplémentaires dans les cinq centrales nucléaires en production du Royaume-Uni sur la période 2024-2026 ».

Cette somme « porte le total investi dans le parc à près de 9 milliards de livres depuis 2009 », date à laquelle l'énergéticien a acquis les centrales, a précisé dans un communiqué EDF, qui prévoit aussi « d'embaucher plus de 1.000 personnes en 2024 dans ses différentes activités nucléaires au Royaume-Uni ».

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Dans le détail, EDF gère les huit sites de centrales nucléaires du Royaume-Uni, cinq en production (Sizewell B, Torness, Heysham 2, Heysham 1, Hartlepool), et trois en phase de déchargement de combustible (Hunterston B, Hinkley Point B et Dungeness B).

« La production nucléaire britannique en 2023 était de 37,3 TWh, soit 15% de moins qu'en 2022 en raison de fermetures de centrales et d'arrêts réglementaires, mais près de quatre fois celle prévue lors de l'acquisition du parc » en 2009, a fait valoir EDF.

L'entreprise, qui paiera dans le pays environ 600 millions de livres (près de 700 millions d'euros) d'impôts pour 2023, prévoit de maintenir sa production à ce niveau au moins jusqu'en 2026, grâce aux prolongations de durée de vie des centrales Heysham 1 et Hartlepool annoncées en mars 2023, et espère pouvoir prolonger encore la vie de ses centrales.

(Avec AFP)

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