De loin, il ressemble un peu à un bobsleigh monté sur roues d'où son patronyme. Conçu par la startup lyonnaise Sanka Cycles, le Bob est un curieux vélo à assistance électrique à 4 roues. Nanti d'une capote amovible, l'engin qu'on croirait tout droit sorti d'une bande dessinée est capable d'embarquer au choix deux personnes ou un adulte et deux enfants. « Il roule sur tous les terrains quelle que soit la météo à une vitesse maximale de 25 kilomètres heure. C'est le moyen de déplacement idéal pour les petites villes ou les zones rurales où il n'existe pas d'alternative à la voiture », vante son concepteur Benoit Tholence.
Un coût d'usage quasi-nul
Le Bob fait partie de la catégorie émergente des véhicules légers intermédiaires ou VELI : une nouvelle famille un peu fourre-tout qui regroupe à la fois des voiturettes électriques telles que l'Ami de Citroën, des tricycles, des quadricycles hybrides et des vélos cargo. Leur point commun ? Ils sont légers (entre 450 et 600 kilos), de taille réduite et affichent un coût d'usage quasi-nul : autour de 2,5 euros les 100 kilomètres pour les plus gourmands. Ils sont aussi faciles à réparer et évolutifs. Avec l'aide d'une simple boîte à outils, un quadriporteur comme celui de Sanka Cycles se mue facilement en vélo cargo, par exemple.
« En fait, ce sont les enfants naturels du vélo et de la voiture électrique, explique Gabriel Plassat, expert en transport et mobilité à l'Ademe. Depuis que ceux-ci se sont démocratisés, on a vu arriver sur le marché des batteries, des moteurs et des composants qui permettent à de nouveaux acteurs de concevoir des solutions innovantes ». De facto, le secteur est en pleine effervescence. Gabriel Plassat a dénombré une quarantaine de constructeurs en France -le plus souvent des startup- convertis au VELI. Certains ont déjà franchi le stade de l'industrialisation.
Les précurseurs
A Strasbourg, Karbikes s'apprête ainsi à honorer les quinze premières commandes de sa « voiture-vélo » : un cargo-cycle électrique carrossé doté, au choix de sièges arrière ou d'un caisson logistique, qui revendique 75 kilomètres d'autonomie. « C'est le véhicule de tous les usages qui peut transporter des personnes ou des marchandises », indique Lucas Vançon, fondateur de Karbikes.
Bruno Bonnell, patron du Secrétariat général à l'investissement, au volant de la Weez au Havre pendant le "Grand Défi" de l'Ademe.
Plus avancée, la Weez City Pro développée dans les Alpes de Haute Provence par la société EON Motors est commercialisée depuis l'an dernier dans sa version dédiée aux livreurs, aux artisans urbains ou aux sites industriels. Sans concurrent réel, cette voiturette électrique à 14.000 euros (hors primes) affiche 90 km/h au compteur pour une recharge en 5h30 sur une prise standard. Contrairement à d'autres VELI, elle s'aventure sans difficulté sur les routes départementales. EON Motors a pour ambition d'en écouler 300 cette année.
A La Rochelle, Frédéric Mourier, co-fondateur de la société Avatar, vient de lancer les pré-commandes pour l'Ulive : une élégante mini-voiture qui elle aussi, se propulse à 90 km/h. Signe particulier : l'Ulive est équipée de panneaux solaires et de 4 batteries qu'il est possible d'extraire pour une recharge plus facile. « Nous l'avons conçu pour le quotidien des entreprises et des collectivités à qui elle offre le minimum nécessaire pour tous les déplacements », détaille Frédéric Mourier qui, à terme, envisage de développer « des micro-usines pour assembler 2.000 à 3.000 véhicules par an ».
Une construction locale, c'est aussi le chemin que veut emprunter la startup savoyarde Kilow à l'origine de La Bagnole : une sorte de micro jeep conçue par le designer Leo Choisel dont la commercialisation est lancée. L'entreprise est adossée au groupe Savoy, à la tête de six usines spécialisées dans l'usinage de pièces pour l'automobile. « Émile Allamand, notre PDG, veut accompagner la transition écologique en passant du statut de fournisseur à celui de constructeur automobile, explique le responsable communication de Kilow Bertrand Brême, ce que permet La Bagnole avec seulement 300 composants lorsqu'il en faut 30 000 pour une Clio ».
Vers une coopération industrielle
Comme Sanka Cycles, Karbikes ou Avatar, Kilow est soutenue par l'Ademe dans le cadre du programme eXtreme défi qui vise précisément à « créer de nouvelles solutions pour remplacer la voiture dans les déplacements du quotidien ». Après avoir accompagné la conception puis la construction de prototypes, l'Agence planche désormais sur le déploiement d'une « coopérative industrielle » qui permettrait aux constructeurs de VELI de procéder à des achats groupés et de mutualiser certains sous-ensembles tels que le châssis pour ramener les prix d'entrée autour de 9.000 euros. « On essaie de canaliser cette filière naissante », souligne Gabriel Plassat, qui pilote le programme.
L'intéressé rêve aussi d'étendre le leasing social aux véhicules légers produits en France ou en Europe. « Le montant de la prime allouée aujourd'hui pour une seule voiture électrique permettrait d'aider à l'acquisition de 4 VELI. Ce serait le meilleur usage de l'euro public », plaide t-il. A bon entendeur.
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