Le bilan des trois premiers mois de l'année donne un premier aperçu du marché automobile de l'année. Et si, d'habitude, le premier trimestre donne le ton, force est de constater que l'année 2024 est difficile à anticiper. Globalement, ce premier trimestre a été meilleur en termes de ventes qu'à la même période l'année dernière. Au total, le marché automobile a augmenté de 5,7% sur les trois premiers mois avec 444.903 voitures neuves immatriculées pour les particuliers. Une tendance qui s'explique par la fin de l'écoulement des commandes des années antérieures et qui n'ont pu être livrées pour cause de problème d'approvisionnement.
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Les ventes ont été tirées par deux motorisations : de janvier à mars, 18% des immatriculations étaient des voitures électriques contre 15,4% sur les trois premiers mois de 2023 et 36,8% de ventes de voitures hybrides contre 30,9% l'année dernière. Pour l'électrique, la hausse s'explique par le changement du bonus écologique à la mi-décembre qui a mis fin à la remise de 5.000 euros sur les véhicules fabriqués en Asie. Par exemple, le constructeur chinois MG a enregistré plus de 8.000 commandes en décembre contre environ 4.000 sur un mois normal de 2023. Les livraisons ont été effectuées en début d'année afin de respecter les délais imposés par le gouvernement de livrer avant mi-mars.
À cela, s'est ajouté en février la baisse du bonus de 1.000 euros pour les ménages les plus aisés qui a également eu un effet de boost sur les ventes en amont. En outre, le gouvernement a lancé son leasing électrique en ce début d'année, permettant la location de véhicules neufs électriques à des prix entre 54 euros par mois et 149 euros par mois. Une aubaine qu'ont su saisir 50.000 Français, avant que le gouvernement ne décide de couper les vannes en février, faute de financements suffisants.
La menace des restrictions budgétaires plane
Les effets d'annonce gouvernementale ont sans doute aidé fortement la motorisation électrique en ce début d'année, faussant quelque peu la réalité du marché. Globalement, les Français privilégient largement les motorisations hybrides non-rechargeables dont la part des ventes s'élève désormais à 37%, devant les motorisations essence à 33%.
Pour preuve, le leader de l'électrique, Tesla, a vu ses ventes chuter de 42,6% en mars par rapport au même mois de 2023. La marque américaine n'a vendu que 11.179 de ses Model Y et Model 3 depuis le début de l'année, contre 12.522 l'année dernière. Une baisse qui s'explique par l'arrêt bonus écologique sur la Model 3 et d'une concurrence accrue sur l'électrique. Autre modèle phare, la Dacia Spring a connu un fort ralentissement ces derniers temps, avec seulement 2.853 de ces modèles vendus depuis janvier, contre 8.267 pour la même période l'année dernière, soit une chute de plus de 65%.
D'autant que les économies recherchées par le gouvernement pour réduire le déficit public font planer le doute sur le maintien des subventions à l'achat de véhicules électriques neufs. En Allemagne, les économies du gouvernement ont conduit à l'arrêt brutal du dispositif d'aides. Résultat : les ventes de voitures électriques ont chuté de 29% en mars dans le pays.
L'attente sur les nouveaux modèles
L'électrique pourrait par ailleurs connaître un coup de frein en fin d'année avec le durcissement des normes d'émissions pour les entreprises en 2025 :
« Avec la baisse programmée du seuil de CO2 à atteindre dans le cadre de la réglementation CAFE (passage de 95g à 81g à partir de 2025), les constructeurs pourraient être tentés de « bloquer » les livraisons de véhicules électriques jusqu'à janvier pour pouvoir en bénéficier sur le calcul de la moyenne 2025, comme ce fut le cas en 2019-2020 (exemple lors du lancement de la e208) », envisage le syndicat automobile Mobilians dans ses perspectives de marché 2024.
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Surtout, la grosse inconnue reste le succès ou non des nouveaux modèles électriques lancés cette année. Plusieurs voitures clés sont attendues pour dynamiser cette motorisation comme la Renault 5, la C3 électrique, la 3008 électrique ou encore la nouvelle Dacia Spring, prévue pour la fin de l'année. Côté professionnel, les entreprises peuvent compenser en partie les hésitations des ménages. En effet, elles n'auront pas d'autres choix que d'intégrer davantage de voitures "propres" dont des électriques dans leur flotte en 2024, selon la loi LOM, avec un taux qui passe de 10% à 20% cette année.
Bond des ventes des voitures électriques d'occasion
Sur le marché de l'occasion, enfin, les ventes de voitures électriques ont bondi de 49% en mars, avec une baisse de prix de 1.700 euros en moyenne par rapport à la fin de l'année 2023, selon les derniers chiffres de la Centrale. Une tendance qui doit être accentuée, selon l'ONG Transport et Environnement, grâce à une proposition de loi du député Renaissance Damien Adam étudiée à l'Assemblée nationale à la fin du mois. Le but : forcer les entreprises à intégrer davantage de voitures électriques dans leur flotte en augmentant leur part et en instaurant des sanctions. De fait, les flottes d'entreprises alimentent grandement le marché de l'occasion, avec un renouvellement des véhicules tous les quatre ans en moyenne.
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Plusieurs facteurs d'incertitudes économiques sur les baisses des taux et la consommation des ménages viennent se rajouter aux nombreuses inconnues du marché de l'automobile cette année, pourtant en pleine relance après la pandémie.
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