La zone euro doit s'en sortir sans le FMI

Paris n'a pas réussi à convaincre ses partenaires d'augmenter les ressources du Fonds.
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Il n'est pas question d'augmenter les moyens financiers du Fonds monétaire international (FMI) pour venir en aide notamment aux États membres de la zone euro en difficulté. Contrairement à ce qu'espérait la présidence française du G20, cette idée avancée par certains grands pays émergents comme le Brésil, voire la Chine, de renforcer l'enveloppe financière que le FMI peut débloquer à court terme pour venir en aide à un État (les nouveaux accords d'emprunts ou NAE) n'a pas trouvé vendredi et samedi un soutien suffisant.

Avec ce nouveau coup de pouce de l'institution de Washington, les Européens auraient pu éventuellement remédier à l'insuffisance de leur propre fonds de secours (FESF). Le FMI aurait eu ainsi les moyens de soutenir de grandes économies de la zone euro comme l'Espagne ou l'Italie, alors que le FESF serait éventuellement dans l'incapacité de le faire faute de ressources suffisantes voire d'autorisation légale à aider un État non encore formellement inséré dans le programme du FESF.

À ce jour le FMI n'aide que la Grèce, l'Irlande et le Portugal. Alors que le ministre français des Finances, présidant la réunion de ce G20 Finance, François Baroin, faisait état « d'une convergence assez large pour adapter les ressources [du FMI, Ndlr] aux circonstances », ses homologues américain et allemand étouffaient de telles attentes. « Ils ont des moyens très importants qui n'ont pas encore été utilisés », a coupé court le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, à propos du FMI, rappelant que l'Europe avait elle-même d'importantes ressources... Le ministre allemand, Wolfgang Schäuble, a lui certes indiqué l'engagement du G20 « à veiller à ce que le FMI dispose des ressources adéquates pour assumer ses responsabilités systémiques », mais qu'actuellement Berlin « ne voit pas la nécessité d'augmenter les ressources du FMI ».

Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, considère lui que le FMI devrait plutôt se concentrer « sur ses compétences clés » à savoir l'analyse, la surveillance et la solution des crises financières plutôt que de devoir jouer les pompiers à coups de plans d'aide. Mieux vaut laisser faire les banques centrales en cas de difficulté financière : elles « ont démontré pouvoir vite et de façon non conventionnelle mettre à disposition des liquidités, même entre des zones monétaires différentes ». « Il n'y a pas besoin de créer de nouveaux mécanismes » a-t-il résumé. Les chefs d'État du G20 en reparleront au sommet de Cannes mais pour l'instant le front du refus l'a emporté, au grand dam de Paris.

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