Chronique de François Simon : l'Orillon, le retour du vrai

CHRONIQUE CHAUD DEVANT - François Simon a testé l'Orillon, dans le 11ᵉ arrondissement de Paris. Un restaurant aux allures de bistrot, faisant le jeu, dans l'assiette, de la simplicité.
Chaud devant par François Simon
Chaud devant par François Simon (Crédits : DR)

C'est à se demander si, à force de syncoper, de sampler, la bistronomie parisienne ne s'est pas édulcorée sous les baisers pasteurisés du fooding. Forte d'un gimmick souvent ternaire et slashé (veau/purée de pommes de terre/huître), la chanson a fait florès, avec ses imitateurs, ses chapardeurs et autres impostures gentilles à fleurs instagramantes.

Ainsi, on se retrouve dans une cohue hautement valable, mais indissociable. Mettrait-on sur une tablée 15 adresses de tables en vue qu'il serait impossible de savoir qui a fait quoi. Rassurons-les, la haute gastronomie est au même niveau de confusion : il est difficile aujourd'hui de distinguer un chef d'un autre. Aussi, lorsqu'on tombe sur des tables inattendues, le ravissement tombe comme le soleil après une giboulée.

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Voici donc Belleville et ses rues qui commencent à grimper, le ciel à se découper ; le restaurant fait l'angle, comme un vrai bistrot repris depuis peu par l'avisé Florent Ciccoli (le Café du Coin, Recoin...). Du reste, c'en est un. Avec même les œufs durs sur présentoir circulaire, la motte de beurre, un magnifique carrelage, des murs frottés et surtout de bonnes bobines derrière et devant le comptoir coudé.

L'un des clins d'œil les plus exquis de la capitale

L'assiette, elle, possède un bel allant, twistant comme il faut. Et surtout faisant simple, apaisant enfin le jeu, laissant entrevoir ce que l'appétit aime par-dessus tout : la simplicité, nous allions dire le comestible, envoyé depuis les cuisines par Hugo Giudicelli : risotto de sarrasin au bouillon de cochon ; boudin noir ; pommes, salsa verde, noisettes concassées ; lieu jaune, pommes de terre vapeur, barba di frate (plante comestible d'origine italienne), béarnaise à l'oursin, et pour dessert : gâteaux amandes, dulce de lecce, zaatar et amandes caramélisées. À l'heure du déjeuner, le menu à 22 euros est sans doute l'un des clins d'œil les plus exquis de la capitale : lumière rasante, atmosphère vive, la table comme à ses premiers jours.

Bar de l'Orillon, 35, rue de l'Orillon (Paris 11ᵉ). À la carte, 40 euros.
Tél. : 01 48 05 68 87.

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