Danse : « Car/Men » dans tous ses états

Philippe Lafeuille et ses Chicos Mambo n’ont pas fini de séduire avec cette variation ironique sur l’héroïne de Bizet.
Alexis Campion
« Car/Men »
« Car/Men » (Crédits : © Gerard Vantaggioli)

Pensé pour huit danseurs et un chanteur contre-ténor qui maîtrisent la danse classique aussi bien que le hip-hop, l'art du clown que celui du mimodrame aux accents lyriques, Car/Men a pris ses quartiers cet hiver à Paris au Théâtre Libre. Comme dans Tutu, l'autre grand succès de sa compagnie Chicos Mambo, le chorégraphe iconoclaste Philippe Lafeuille propose ici un ballet impossible à classer tant il se révèle désopilant.

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À la fois kitsch et pertinent avec sa troupe d'hommes tous grimés en Carmen, flanqués de robes à volants et autres falbalas, il propose une cascade de variations loufoques autour de la figure éternelle de l'amoureuse tour à tour convoitée, disputée, effarouchée peut-être... Mais de bout en bout souveraine, car libre d'aimer comme de mourir. Résolument déroutant, ce ballet comique s'ouvre sur un tableau d'une savoureuse extravagance formelle, fort de deux clins d'œil inattendus dans cette espagnolade.

L'humour est enfant de bohème

Bardés de gros points rouge carmin sur fond blanc et ainsi littéralement baignés dans une toile géante de l'artiste japonaise Yayoi Kusama, leurs visages un temps camouflés comme dans les performances de l'iconique Leigh Bowery dans les années 1970, les danseurs embarquent dès lors le spectateur dans une succession d'images fortes et de saynètes drolatiques. Entre deux fous rires, on voit ici passer une Carmen à barbe, et là une autre qui vapote sans relâche. Voici un torero sur pointes... ou encore un matador avec ses castagnettes cousues à même son costume de lumière... au niveau des testicules ! Du viril extrême au féminin éternel en passant par le flamenco impérial, leur ballet fantaisiste, tout en dérision, oscille sans crier gare de l'hommage ordonné à la parodie échevelée, pourquoi pas enfantine. L'humour est enfant de bohème tant que le désir prête à rire. ■

Car/Men, au Théâtre Libre (Paris 10e) jusqu'au 4 février 2024 puis en tournée à Thonon-les-Bains, Laval, Reims, La Louvière...

Alexis Campion

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