Docufiction : les derniers secrets de la préhistoire

Vingt ans après « L’Odyssée de l’espèce », Jacques Malaterre signe un nouveau docufiction, à découvrir mardi sur France 2.
Le film de Jacques Malaterre dévoile les plus récentes découvertes scientifiques sur l’origine de l’homme.
Le film de Jacques Malaterre dévoile les plus récentes découvertes scientifiques sur l’origine de l’homme. (Crédits : © LTD / 10.7 Productions)

Sept janvier 2003. Ce jour-là, France 3 enregistre en prime time un record d'audience historique avec L'Odyssée de l'espèce, regardé par près de 9 millions de téléspectateurs. Une épopée sur les traces de nos origines - de l'australopithèque à l'homme de Neandertal en passant par Homo habilis - réalisée avec l'aide précieuse d'Yves Coppens. Mardi à 21 h 10, France 2 diffusera sa suite, baptisée Les Derniers Secrets de l'humanité. « Vous n'imaginez pas à quel point L'Odyssée de l'espèce a marqué le public, glisse son réalisateur, Jacques Malaterre. Le film a été vu par 400 millions de personnes dans 25 pays. Il continue à être montré dans de nombreuses écoles partout dans le monde. Je rencontre régulièrement de jeunes paléontologues qui me disent qu'ils ont voulu faire ce métier en le voyant. On a été souvent copiés mais jamais égalés. On s'est dit avec Yves Coppens qu'on allait remettre notre titre en jeu en proposant L'Odyssée de l'espèce 2. » Décédé en 2022, le « père » de Lucy n'aura malheureusement pas pu voir son œuvre achevée. Mais il en a posé les fondations, comme le confie Jacques Malaterre. « Avec Yves, nous nous sommes appuyés sur les découvertes récentes. La paléontologie s'est beaucoup diversifiée ces dernières années. Avant, pour faire simple, c'étaient des scientifiques en short et claquettes armés d'une brosse à dents qui déterraient des bouts d'os. [Rires.] Grâce à l'ADN, on arrive désormais à savoir ce que mangeaient les hommes préhistoriques, leurs maladies, la manière dont ils vivaient. On s'intéresse également aux émotions qu'ils ressentaient grâce à la paléopsychologie. »

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L'implication des acteurs a été totale. Ils ont avalé des sauterelles, des rats et des foies d'animaux crus

Jacques Malaterre, réalisateur

Après avoir exploré l'Afrique pour L'Odyssée de l'espèce, les deux compères ont dans ce nouvel opus jeté leur dévolu sur l'Asie et la Chine. « Il y a là-bas une diversité incroyable de paysages, conjuguant forêts équatoriales et plaines glacées, raconte Jacques Malaterre. Jusqu'à six espèces humaines y ont coexisté. Le tournage s'est déroulé dans quatre provinces chinoises. La chaîne chinoise CCTV-9 a investi 2,3 millions d'euros dans ce projet [le budget total étant de 6 millions]. Sa réalisation a été très compliquée à cause du Covid, mais on a bénéficié d'une totale liberté sur place, contrairement à ce que certains m'avaient dit avant mon départ. » Après avoir casté près d'un millier de comédiens locaux, Jacques Malaterre en a sélectionné une centaine, qu'il a fait répéter durant trois mois. « J'ai beaucoup travaillé avec eux le jeu d'acteur, se remémore le réalisateur. Il n'y a rien de plus difficile que de jouer un homme préhistorique. Dans n'importe quelle autre fiction, les comédiens peuvent aller dans un commissariat voir comment se comporte un flic ou dans une caserne observer des pompiers. Là, ils devaient réveiller l'homme préhistorique qui sommeille en eux. On a tourné dans de vraies grottes, avec de la boue et des conditions météorologiques extrêmes. L'implication des acteurs a été totale. Ils ont avalé des sauterelles, des rats et des foies d'animaux crus. Pendant les répétitions, j'en mangeais également pour montrer l'exemple. » Le réalisateur a également fait appel à la 3D pour reconstituer des volcans en éruption, des forêts primaires ou encore de terrifiants animaux qui peuplaient le continent asiatique. Parmi eux : le gigantopithèque - un singe qui mesurait jusqu'à 3 mètres -, le stégodon ou encore le bien nommé tigre à dents de sabre.

Homohabilis

(© LTD / 10.7 Productions)

« Le film commence il y a 1,2 million d'années avec Homo erectus. Il se termine en -30000 avec Homo sapiens. Ce sont vraiment ces deux espèces qui nous livrent les derniers secrets de l'humanité. » Parmi les moments de grâce : la scène où Homo erec-tus découvre l'art et la notion du « beau », des milliers d'années avant les premières peintures d'animaux dans les grottes. « On a retrouvé un coquillage vieux de 800 000 ans sur lequel étaient dessinés des motifs. Juste pour le plaisir des yeux, de manière totalement gratuite. » La naissance de l'empathie chez nos ancêtres offre également des scènes vibrantes. Notamment quand sont versées les premières larmes après la mort d'un membre de la tribu. « Par la suite, Homo sapiens commencera à enterrer ses morts alors qu'ils étaient jusque-là abandonnés. Le sentiment amoureux va également apparaître progressivement. Au simple besoin de reproduction succède petit à petit un véritable attachement à l'autre. » Le récit nous donne enfin à voir une société non patriarcale - les femmes pouvaient être cheffes - et exempte de guerres entre clans.

Homohabilis

(© LTD / 10.7 Productions)

Porté par la voix de Nicolas Duvauchelle, ce voyage de plus de 1 million d'années éclaire sous un nouveau jour nos racines. Et nous illumine avec ce que l'humanité a créé de plus beau. « Yves Coppens aimait beaucoup ce proverbe africain qu'on a choisi comme dernière phrase du film : "Quand tu ne sais plus où tu vas, arrête-toi, retourne-toi et regarde d'où tu viens." »

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Commentaire 1
à écrit le 15/04/2024 à 10:29
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J'ai regardé l’odyssée de l'espèce avec un grand plaisir moi aussi et pourtant j'étais gamin mais cela m'a passionné tout comme l'émission scientifique de Michel Serres qui doit dater de la même époque. 30 ans après il est impressionnant comme toutes...

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