Les galères en série du Marathon des sables

Tempête, coup d’État, tremblements de terre, guerre : en un an, l’organisation des célèbres ultra-trails a tout vécu.
Solen Cherrier
Le Marathon des sables.
Le Marathon des sables. (Crédits : Erik Sampers/ABACA)

Cinq jours avant, tout roulait. En dépit de la guerre entre le Hamas et Israël déclenchée un mois et demi plus tôt, le Half Marathon des sables en Égypte (entre 70 et 120 kilomètres en trois étapes) allait s'élancer. Comme début novembre en Jordanie où, malgré 30 % d'annulations parmi les 600 inscrits, l'organisation avait été une vraie réussite. Puis les autorités égyptiennes ont exigé de rapprocher le bivouac d'une zone d'habitation et de ne plus courir de nuit. « On ne répondait plus à l'ADN de nos événements, souffle Cyril Gauthier, directeur de l'épreuve. On a alors pris cette décision folle [l'annulation de la course]. » Pour « ne pas faire prendre le moindre risque » aux concurrents.

Le remboursement étant intégral, la facture oscille entre 500 000 et 800 000 euros. Le coût est intégré dans le business model... tant que ça ne devient pas la norme. Or, le contexte est aussi instable que le sable à la crête d'une dune et risque d'impacter durablement le secteur des aventures sportives de l'extrême. Cyril Gauthier relativise mais admet : « Dans chaque pays, on sait qu'on ne peut pas dormir sur nos deux oreilles. Qu'il peut y avoir des zones où on doit neutraliser l'événement pour mieux repartir. Et c'est pour ça qu'on doit diversifier. On est contraints de s'adapter à la situation géopolitique, au changement de climat et à tout ce qu'on peut imaginer. Et là, on vient de traverser une sacrée série. »

Gastro et couvre-feu

Automne 2022. En pleine épreuve à Fuerteventura, une tempête inédite depuis deux décennies balaie les îles Canaries. Écoles fermées, routes gorgées d'eau... La question du maintien se pose. Il faut changer tous les itinéraires, gérer 800 personnes. « On en sort épuisés », rembobine Cyril Gauthier. Deux mois plus tard au Pérou, il doit faire face à une tentative de coup d'État « comme dans un film, à l'arrivée du dernier concurrent de la dernière étape ». Couvre-feu instauré. Quatre cents personnes enfermées à l'hôtel et un rapatriement d'urgence à organiser. « Coup de bol : on avait le consul de France parmi les coureurs. »

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La première édition en Cappadoce (Turquie) a, elle, été reportée après le tremblement de terre de février, qui a fait plus de 56 000 morts. « Au moins, on a pu donner le matériel qu'on avait envoyé afin d'aider les gens », souligne l'organisateur. Nouveau séisme en septembre, au Maroc cette fois (près de 3 000 morts), dix jours avant l'édition sur place. L'épreuve est maintenue. Mais une épidémie de gastro, sans doute liée à la qualité de l'eau, ponctue le séjour. Puis une tempête de sable. « Normalement, une tempête c'est chouette parce que ça montre que ce n'est pas un truc sur catalogue façon Club Med, explique Cyril Gauthier. Mais quand on cumule les petits problèmes... » Le taux de satisfaction dévisse.

Prochain rendez-vous en avril avec le Marathon des sables, le vrai, celui qui existe depuis trente-huit ans dans une certaine stabilité et a été rebaptisé Legendary (240 kilomètres au Maroc). Les sept Half ont été rassemblés sous l'enseigne Marathon des sables. La promesse d'une année 2024 moins mouvementée ?

Solen Cherrier

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