Maxime Chattam voit la lumière dans son dernier roman, « Lux »

Avec « Lux », le spécialiste du polar Maxime Chattam prend un pari sur l’avenir.
Alexis Brocas
Maxime Chattam.
Maxime Chattam. (Crédits : © Richard Dumas)

Non, les écrivains très grand public ne sont pas tous des machines à fric qui reproduisent à l'infini les mêmes recettes à succès. Prenez Maxime Chattam : au départ spécialiste du polar qui tache, avec tueurs en série et scènes de crime dantesques, il s'est taillé depuis un petit royaume sur le continent de l'imaginaire grâce à sa série Autre-Monde. Aujourd'hui, il caracole en tête des palmarès avec Lux, un roman risqué qui a divisé son lectorat habituel mais nous a beaucoup réjoui. Le texte se présente comme une pure histoire d'anticipation : dans un avenir proche, traversé d'ouragans qui dévastent les villes, une énorme sphère lumineuse apparaît au milieu de l'Atlantique, flottant à un kilomètre de la surface. Un vaisseau extraterrestre, un message émis par notre Terre épuisée, le fantôme d'une protoplanète perdue ? Monsieur Chattam, vous avez 500 pages pour imaginer une réponse qui ne décevra pas le lecteur ! Et M. Chattam ne se le laisse pas dire deux fois.

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Très vite, on découvre que le roman d'anticipation cache un thriller. Sur la station marine internationale improvisée pour étudier l'intrus, un agent russe s'est glissé, prêt à tout faire sauter. Ce qui nous déplaît car, à ce stade, on s'est attaché à l'énigme et aux personnages : Zoé, romancière à succès et étonnante Vésigondine de demain, conviée sur la station pour participer à des groupes de réflexion ; Romy, sa fille trans, qui assure la com auprès de sa génération... Notons que Zoé embarque aussi sa frustration (son mariage raté a fait de son cœur un glaçon) et son béguin pour Simon, sociologue contestataire (il a perdu son fils dans un ouragan) qui fait partie de l'aventure.

Barjavélien

Cette fusion d'intrigues futuristes, amoureuses, parentales, géopolitiques et policières ne vous rappelle personne ? Barjavel, bien sûr ! Comme l'auteur de La Nuit des temps, Chattam se sert de la science-fiction pour éclairer la folie des hommes et des nations ; comme Barjavel, il contrebalance son point de vue pessimiste par des personnages attachants et des histoires d'amour. Comme lui, il alterne phases explicatives et phases explosives, en prenant son temps dans les premières, mais en accélérant à fond dans les secondes. Le roman gagne en richesse ce qu'il perd en tension globale : vous réviserez l'équation de Drake sur la probabilité d'une vie extraterrestre, vous découvrirez la fréquence de l'harmonie, réfléchirez aux vertus du dioxyde de soufre... mais vous aurez aussi droit à des descentes clandestines dans les entrailles de la station, à deux tempêtes d'anthologie, au grand affrontement final... Tout n'est pas parfait, mais il y a de la générosité là-dedans. Autant dans les premiers romans de Chattam on sentait le joueur d'échecs qui bâtit d'impressionnantes narrations mais traite ses personnages en pions, esquissés à grands traits, autant, dans son genre barjavélien, Lux est un aboutissement.

Alexis Brocas

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