Slalom géant : le Français qui skie pour le Kenya

Originaire de l’Alpe-d’Huez, Issa Laborde, 16 ans, représentera le pays de sa mère aux JO de la jeunesse en janvier. Avec 2026 en ligne de mire.
Solen Cherrier
Issa Laborde à l’Alpe-d’Huez.
Issa Laborde à l’Alpe-d’Huez. (Crédits : © issa.laborde/instagram)

Sur le site de la Fédération internationale de ski et de snowboard (FIS), Issa Laborde avait déjà sa fiche, matricule 960902, ornée du drapeau du Kenya. Depuis mardi et sa 58e place du slalom géant de Puy-Saint-Vincent (Hautes-Alpes) à 36 secondes du vainqueur au bout des deux manches, le pensionnaire du club de Vaujany (Isère), qui vient de quitter le monde des U16, a aussi ouvert son compteur de point FIS. Grâce à cela, il pourra vivre son rêve : disputer en janvier les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) d'hiver de Gangwon (Corée du Sud) sous la bannière du pays de sa mère, venue de Nairobi faire ses études en France.

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Le ski, c'est l'ADN du père, ancien pisteur désormais conducteur de bus. Né à l'Alped'Huez en 2007, Issa s'est lancé sur les pistes peu de temps après avoir appris à marcher, a intégré le ski club à 6 ans et une classe sport en quatrième. « Petit, en station, on fait tous du ski, expose celui est désormais interne en première au lycée de La Motte-Servolex. À 14 ans, j'ai bien vu que le niveau était relevé en France et que ça serait compliqué pour moi. Il y avait l'opportunité Kenya. On y a pensé en même temps avec ma mère. Je venais d'en discuter avec mon coach, et quand je suis rentré à la maison, elle m'a dit qu'elle y avait aussi réfléchi. »

LA TRIBUNE OLYMPIQUE J-229

Faute de fédération dévolue aux sports d'hiver dans ce pays d'Afrique de l'Est réputé pour ses coureurs de fond, des contacts ont été noués en 2022 avec le comité national olympique. Plutôt réceptif au projet. En février, lors des derniers Mondiaux à Courchevel-Méribel, les discussions ont été approfondies. Puis cet été au Kenya, où Issa s'est rendu pour la troisième fois.

Sur place, sa famille est « plutôt contente » de cette reconnexion « même s'ils ne connaissent pas forcément » le ski. Une chaîne nationale lui a consacré un long sujet, dans lequel il s'est défendu en anglais. « C'était cool », sourit-il.

Trop cher de s'entraîner l'été

Cool aussi ce camp en Corée du Sud organisé par le CIO pour les pays sans neige : accompagné par son entraîneur, Issa y a croisé des centaines de jeunes athlètes issus de contrées où les sports d'hiver sont exotiques mais qui rêvent, comme lui, d'aventures olympiques. À Méribel l'hiver dernier, il a rencontré Sabrina Simader. Née au Kenya mais élevée en Autriche, la skieuse a participé aux Jeux olympiques 2018 sous le drapeau de son pays d'origine. Une référence tout comme le fondeur Philip Boit, trois JO au compteur de 1998 à 2006.

Issa ne s'en cache pas, il a Milan-Cortina 2026 dans un coin de la tête. « Mais il faut que je regarde si c'est possible d'un point de vue financier, pondère ce spécialiste du slalom et du géant. Le ski, ça coûte cher au haut niveau. » Il ne peut, par exemple, se permettre de voyager pour s'entraîner l'été. Jusqu'ici, il a surtout compté sur le système D, comme les skis de seconde main que lui réparait son père. Avec les points FIS, il devrait désormais pouvoir être épaulé par le comité olympique kényan.

Solen Cherrier

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