Ecrans : influvoleurs, French Bastards et cold case...

LA SEMAINE DE PHILIPPE VANDEL - Notre chroniqueur ausculte le monde médiatique, tel qu’il va… ou pas.
(Crédits : NICOLÒ FEDERICO FERRARI/LTD/THE FRENCH BASTARDS/AFP/THENOUNPROJECT)

Quand « La Tribune Dimanche » m'a demandé de raconter ma semaine, j'ai répondu que cela n'allait intéresser personne : je ne photographie pas mes pieds, je ne vends pas l'eau de mon bain, en un mot : je ne suis pas instagramable. Pas plus mal, m'a-t-on répondu. C'est que l'automne s'annonce rude pour les influenceurs.

« Dubaï, c'est fini ! »

Le Figaro a mis au jour « la grande désillusion des influenceurs français ». Ils - et elles - se pavanaient en Lamborghini dans un éternel été ; ce n'étaient que tablettes de chocolat (sponsorisées) et lèvres au collagène, promotions bidon pour des sous-marques refourguées avec deux zéros en plus, et fautes de grammaire qui croivent (sic) qu'on va pas les remarquer.

Tout s'écroule

 Sous l'influence du hashtag Influvoleurs et d'actions du ministère de l'Économie, beaucoup doivent se trouver un vrai métier. Serguei, ancien candidat de l'émission de télé-réalité Love Island, a compté sur ses doigts :

« À sa sortie du tournage, [il] n'a reçu que deux propositions de placement de produits en l'espace de six mois. »

Les marques, qui proposaient 2 000 euros en moyenne pour vanter une marchandise sur Instagram, ont raboté la facture à 300. Nicolò Federico Ferrari (824 000 followers) se désole : des personnalités « commencent à quitter Dubaï pour s'installer en Thaïlande, en Indonésie ou au Maroc, des pays où l'on paie moins d'impôts qu'en France, mais dont la vie au quotidien est moins chère que dans l'Émirat ». On va pleurer.

À Paris, c'est l'inverse

 On pleure toujours, mais du trop-plein. C'est Libé qui l'annonce, « la hype se transforme en cauchemar ». Ici, les influenceurs ont trop d'influence. Pas des cyniques, mais des fines gueules qui veulent partager un coup de cœur. Sincèrement. Gratuitement. Résultat : l'adresse sature.

« C'est ce qui est arrivé au restaurant Mangez et cassez-vous, qui servait des burgers à moins de 3 euros, et qui a annoncé à l'été 2020 devoir fermer temporairement... en raison d'une trop grosse affluence ! »

Il y a aussi Folderol, près de République. L'info arrive du New York Times.

Des centaines de clients/ badauds s'y pressent indéfiniment après que la star Dua Lipa l'a cité parmi ses spots préférés à Paris. Sur place, quand la foule n'envahit pas tout le trottoir, on peut lire sur la devanture ces deux mots rageurs : « No TikTok ».

Plus bas : « Be here to have fun, not to take pictures ».

Dilemme : je me suis retrouvé à faire des photos de la pancarte du restaurant qui interdit de faire des photos. Le concept de Folderol ? Glaces maison et vins naturels. Franchement, ça manquait : quoi de mieux assorti qu'un sorbet nectarine- hibiscus avec un beaujolais sans sulfi tes ?

Gastronomie encore

Un bureau de presse inonde de mails son réseau avec cette info de la plus haute importance : du nouveau dans la boulangerie.

« Nous avons le plaisir de vous annoncer notre collaboration avec la boulangerie- pâtisserie The French Bastards. »

Quoi de neuf ? Accrochez-vous : « Les cool kids visionnaires derrière le concept "The French Bastards" dépoussièrent les classiques à grands coups de sucreries et casse-croûte foodporniens bien pensés. Une nouvelle "boulange" 2.0, plus virale, plus personnelle, plus fédératrice » (sic) On frémit à l'idée de tomber un jour sur un casse-croûte foodpornien mal pensé...

Musique

 FIP et ses voix mielleuses m'apprennent l'existence de Sauvages, un nouveau club. Je suis allé vérifi er là aussi. C'est tout sauf sauvage. Les boissons pas gratuites. La clientèle très chic (physionomiste à l'entrée). Et il ne faut pas faire de bruit en sortant.

Lu "A pied d'œuvre", chez Gallimard, le roman de Franck Courtès

 C'est l'ancien photographe historique des Inrocks. Il incarne cruellement ce qu'est en train de devenir son ex-métier. Une lente dégringolade. Le grand reportage ne paie plus, le people encore un peu. Mais quel intérêt ? Fini le vrai journalisme.

Courtès cite Aldous Huxley

 « Le contraire d'une chose n'est pas son contraire, mais cette même chose, affectée de l'adjectif vrai : le vrai patriotisme, le vrai christianisme, le vrai socialisme. »

À quoi j'ajoute : le vrai sauvage qui se parfume. Courtès est en lice pour le prix de Flore. Jeudi s'est tenue la deuxième réunion du jury, autour du président Frédéric Beigbeder ; conclave qui doit déterminer la liste définitive. Arnaud Viviant, du Masque et la Plume (France Inter), argumente : « Cette liste ne va pas ; Claire Berest, on s'en fout ! » Je remarque : « Mais elle n'y est pas, Claire Berest... » Viviant : « Eh bien elle devrait y être ! »

Tous les JT sont revenus sur l'assassinat de Tupac

 C'était même dans les titres : le mystère de la mort du rappeur en 1996 enfi n élucidé. Un homme a été inculpé. On imagine une minutieuse et implacable enquête qui aurait duré vingt-sept ans. Pas du tout. Le chef de gang Duane Davis (alias Keefe D.) a publié ses Mémoires en 2019 et, au détour d'un paragraphe, il a avoué que c'était lui qui avait tout planifié, acheté l'arme, et même recruté le tireur. Tu parles d'un cold case ! Il suffisait d'aller en librairie. La police du Nevada a mis quatre ans. Quelle semaine ! Vivement dimanche prochain.

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