Deux morts à Gaza dans des représailles israéliennes

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Bombardements de represailles d'israel sur la bande de gaza[reuters.com]
(Crédits : Mohammed Salem)

par Nidal al-Mughrabi

GAZA (Reuters) - Des raids de représailles israéliens menés au lendemain de tirs de roquettes ont fait deux morts samedi dans la bande de Gaza, trois jours après la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem en tant capitale de l'Etat hébreu.

Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a par ailleurs fait savoir qu'il refuserait de rencontrer le vice-président américain Mike Pence lors de sa visite dans la région, le 19 décembre. Il avait estimé la veille que les Etats-Unis s'étaient discrédités en tant que parrains du processus de paix.

"Nous allons rechercher un nouveau médiateur parmi nos frères arabes et la communauté internationale, un médiateur qui puisse aider à parvenir à une solution à deux Etats", a annoncé samedi Ryad al Maliki, ministre palestinien des Affaires étrangères, à l'ouverture d'une réunion extraordinaire de la Ligue arabe, au Caire.

Son homologue libanais Gebran Bassil a quant à lui invité les Etats membres de la Ligue à envisager d'imposer des sanctions aux Etats-Unis. "Des mesures (doivent être) prises contre cette décision (...), d'abord des mesures diplomatiques, puis économiques et financières", a-t-il déclaré.

Le patriarche de l'église copte d'Egypte a lui aussi décliné une offre de rencontre avec le vice-président américain.

Emmanuel Macron et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan vont essayer de convaincre les Etats-Unis de revenir sur leur décision, a-t-on appris de source proche du second.

Le président français doit recevoir dimanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a balayé les réactions d'indignation après la décision américaine.

"J'entends des voix s'élever (d'Europe) pour condamner la décision historique du président Trump, mais je n'ai entendu aucune condamnation des tirs de roquettes en direction d'Israël (...) ni des incitations à la violence à notre encontre", s'indigne-t-il dans un communiqué.

BAISSE DE LA MOBILISATION

Au moins trois roquettes ont été tirées vendredi de la bande de Gaza, administrée par le mouvement islamiste Hamas. La journée avait été proclamée "jour de colère" par les mouvements palestiniens, après l'annonce, l'avant-veille, de la décision de Donald Trump.

Samedi, "l'armée de l'air israélienne a visé quatre positions de l'organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza : deux sites de fabrication de munitions, un dépôt d'armes dans un hangar et une caserne militaire", indique l'état-major dans un communiqué.

Le Hamas a confirmé que les deux hommes tués faisait partie du mouvement et a appelé les Palestiniens à rester mobilisés contre la décision américaine, qui doit selon lui donner lieu à une troisième Intifada.

Les manifestations de samedi dans les territoires palestiniens ont toutefois été beaucoup moins importantes que les jours précédents.

Dans la bande de Gaza, une soixantaine de jeunes Palestiniens ont lancé des pierres en direction des soldats israéliens de l'autre côté de la frontière. Selon le ministère de la Santé, dix ont été blessés par les tirs des militaires.

En Cisjordanie, des membres des forces israéliennes visés par des jets de pierres et de cocktails Molotov ont riposté à coups de grenades lacrymogènes. Un manifestant a été arrêté, selon Tsahal.

A Jérusalem-Est, une soixantaine de personnes ont manifesté près de la vieille ville. La police des frontières et la police montée ont également fait usage de gaz lacrymogènes pour les disperser. Six manifestants ont été arrêtés et deux policiers blessés par des jets pierres, selon un porte-parole des forces de l'ordre.

Vendredi, deux Palestiniens ont été tués dans des affrontements avec les troupes israéliennes en bordure de la bande de Gaza. Il y a eu de nombreux blessés, ainsi qu'en Cisjordanie, tandis que des milliers de personnes sont descendues dans la rue dans le monde arabo-musulman pour protester contre la décision américaine.

(Gilles Trequesser, Danielle Rouquié et Jean-Philippe Lefief pour le service français)