La famille de Sophie Pétronin appelle Macron à dialoguer pour la sauver

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(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - La famille de l'otage française Sophie Pétronin a exhorté vendredi Emmanuel Macron à abandonner une "stratégie de guerre" au Mali et à se mobiliser pour sauver la vie de l'humanitaire captive depuis bientôt deux ans.

Enlevée le 24 décembre 2016 à Gao dans le Nord du Mali par des membres d'un groupe djihadiste, l'humanitaire française a vu sa santé se détériorer, comme en témoignent les derniers messages vidéo publiés par ses ravisseurs.

"Les djihadistes veulent la libérer, ils ont peur qu'elle décède entre leurs mains", a estimé vendredi lors d'une conférence de presse son fils, Sébastien Chabaud-Pétronin, sur la foi notamment d'un texte des djihadistes reçu le 10 décembre, dans lequel ces derniers la disent vivante et malade et reprochent à l'Etat français d'empêcher sa libération.

De retour il y a quelques jours d'une mission d'un mois entreprise au Mali et en Mauritanie pour tenter de retrouver sa mère, Sébastien Chabaud-Pétronin rapporte avoir été très près de trouver une solution, mais déplore qu'elle ait été écartée par le Quai d'Orsay, qui aurait douté de sa fiabilité.

Il précise être parvenu à former un "tandem" en Afrique pour échanger avec les djihadistes, avec quelqu'un qualifié de "fiable" et "ayant pignon sur rue". "Dès le deuxième rendez-vous, j'ai reçu une proposition très précise de ce qu'il fallait faire pour sortir ma mère extrêmement rapidement".

"Je n'ai pas serré la main qui m'était tendue et j'ai demandé un peu de temps pour faire prendre acte de la situation au Quai d'Orsay", a-t-il ajouté. "A partir de là, je crois n'avoir reçu qu'objections, complications et mauvaise volonté."

Le montant demandé pour la libération était "anormalement bas", a-t-il précisé, et aucune libération de prisonnier n'était demandée en contrepartie. "Aujourd'hui pour un euro symbolique, Emmanuel Macron n'accepte pas que ma mère soit libérée."

Qualifiant de "nébuleuses" les pistes éventuelles du ministère des Affaires étrangères pour libérer sa mère, il réfute avoir gêné quelque mission que ce soit. "On a cherché à me mettre dans la culpabilité en me disant que je gênais certaines personnes (...)" mais "je n'avais pas assez d'éléments pour arrêter ma propre mission", a-t-il déclaré.

"J'ai bien peur qu'il n'y ait pas de mission parallèle ou d'alternative", a-t-il ajouté.

Entouré de son fils, Maxime, et de deux neveux de Sophie Pétronin, Arnaud et Lionel Granouillac, mais aussi de l'ex-otage en Colombie Ingrid Betancourt, Sébastien Chabaud-Pétronin a dénoncé le "refus du chef de l'Etat de montrer le moindre signe de conciliation". "Pour le moment M. Macron est dans une attitude de faire la guerre", a-t-il estimé.

Ingrid Betancourt, retenue captive six ans par la guérilla des Farc de 2002 à 2008, a rappelé que la France était loin d'avoir autant de liens en Colombie qu'au Mali et estimé que pourtant, à l'époque, Nicolas Sarkozy avait "pris son cas comme une urgence personnelle" et appelait "tous les jours" Bogota pour débloquer la situation, avant sa libération par l'armée en juillet 2008.

"M. Macron est en capacité de la faire libérer", a-t-elle estimé, "il y a une solution et il peut la chercher".

(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)