Coronavirus : Avec l'opération Résilience, les armées se mettent en ordre de bataille

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Coronavirus: avec l'operation resilience, les armees se mettent en ordre de bataille[reuters.com]
(Crédits : Pool)

par Tangi Salaün

PARIS (Reuters) - L'opération "Résilience" dévoilée mercredi soir par le président Emmanuel Macron lors d'un déplacement à Mulhouse n'est pas une "solution magique" mais doit permettre aux armées d'agir avec un maximum d'efficacité là où on aura besoin d'elles pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, souligne-t-on jeudi au ministère des Armées.

Si les forces armées ont été mobilisées depuis le 18 mars pour évacuer 18 malades d'Alsace par voie aérienne, 12 de Corse par bateau, et pour installer une structure hospitalière équipée de 30 lits de réanimation à Mulhouse (Haut-Rhin), ces efforts ont jusqu'à présent été faits en ordre dispersé.

"Avoir un commandement clair pour des missions interarmées, ça a beaucoup de sens en termes de coordination et de cohérence globale. On sait qui gère et on gagne énormément en rapidité et en efficacité", dit-on de source au fait de l'organisation des opérations.

Dans cette optique, l'opération Résilience a été placée sous l'autorité directe du chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, et elle sera pilotée au quotidien par le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), comme une intervention militaire à l'étranger du type Barkhane au Sahel ou Chammal au Levant.

"Personne ne prétend que les armées peuvent régler à elles seules la crise", prévient-on cependant au ministère. "On est humble et on aide comme on peut. Partout où on nous dira qu'on peut être utile, on fera en sorte de l'être."

La ministre des Armées, Florence Parly, a souligné jeudi matin que les militaires ne seraient pas chargés de faire respecter le confinement de la population mais pourraient protéger ponctuellement des bâtiments ou des sites sensibles, comme les entrepôts ou les pharmacies.

"Les armées n'ont pas vocation à dresser des contraventions en cas de non respect du confinement (...) mais il y a des lieux dans lesquels on stocke du matériel médical, des médicaments, des respirateurs. Ce sont des lieux d'importance vitale. Protéger ces lieux contre d'éventuels vols, que nous avons vu se multiplier ces derniers jours, est absolument essentiel", a-t-elle déclaré sur RTL.

"LA LUTTE CONTRE DAECH CONTINUE"

Outre cette mission de protection, la mobilisation des armées va porter sur des opérations sanitaires, comme les évacuations de malades déjà organisées, logistiques, en particulier l'acheminement de matériel dans les régions les plus touchées, ou encore sur la mise à disposition des structures civiles de personnel hautement qualifié.

Deux porte-hélicoptères amphibie, le Mistral et le Dixmude, vont ainsi respectivement faire route vers la Réunion-Mayotte et vers les Antilles-Guyane dans les prochains jours. Le Tonnerre, qui a évacué des malades de Corse, va lui rester stationné en Méditerranée.

"Notre objectif est de pouvoir répondre aux besoins exprimés par les préfectures de région qui font remonter les demandes des préfets de département ou des ARS (Agences régionales de santé, NDLR)", a déclaré à Reuters le colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l'état-major.

"Les effectifs mobilisés dépendront des besoins et varieront donc dans le temps. Un préfet ne nous dira jamais 'je veux 1.000 hommes et 5 véhicules' mais 'je dois transporter cinq palettes d'un point A à un point B'. Il nous reviendra de déterminer quel est le moyen le plus adapté", explique-t-il.

Depuis la mise en place de l'opération Sentinelle en réponse à la menace terroriste, "les commandants des zones militaires ont l'habitude d'échanger avec un préfet ou une collectivité territoriale", rappelle-t-on au ministère.

"On a des structures partout sur le territoire national, donc il y a plein de demandes pouvant être satisfaites au niveau local qui ne se verront pas: sécuriser un entrepôt, protéger un convoi logistique, fournir un groupe électrogène..."

Dans ce contexte, le dispositif Sentinelle pourrait évoluer mais les opérations militaires à l'étranger ne sont pas remises en cause, assure le colonel Barbry, en dépit de l'annonce de la suspension des activités de formation de l'armée irakienne dans le cadre de la lutte contre le groupe Etat islamique, sur fond de crise du coronavirus en Irak.

"La lutte contre Daech continue", a résumé Florence Parly.

(Edité par Marc Angrand)