Israël intensifie ses raids à Gaza, des roquettes visent Tel Aviv

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Israel intensifie ses raids a gaza, des roquettes visent tel aviv[reuters.com]
(Crédits : Ibraheem Abu Mustafa)

par Nidal al-Mughrabi et Jeffrey Heller

GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Un immeuble résidentiel de 13 étages s'est effondré mardi soir dans la bande de Gaza après avoir été touché par un bombardement israélien, auquel les activistes palestiniens ont répliqué en tirant des salves de roquettes vers Tel Aviv et sa banlieue.

Sur des vidéos, on peut voir trois épaisses colonnes de fumée s'échapper du bâtiment jusqu'à son écroulement.

Cette tour abritait notamment des bureaux utilisés par la direction du Hamas, le mouvement islamiste qui dirige l'enclave palestinienne. Ses habitants ainsi que les personnes vivant aux alentours avaient été prévenus une heure avant cette frappe qu'ils devaient évacuer les lieux, selon des témoins. On ignore cependant si des personnes se trouvaient toujours sur place au moment du raid israélien.

L'électricité a été coupée dans le quartier après l'effondrement de cet immeuble et les habitants ont dû utiliser des torches pour tenter de retrouver des objets personnels.

Le Hamas et le Djihad islamique, autre mouvement présent dans la bande de Gaza, ont rapidement promis de tirer dans la soirée des roquettes sur Tel Aviv à la suite de ce bombardement israélien.

Les sirènes d'alerte se sont déclenchées peu après dans la ville israélienne, où des explosions ont retenti, ont rapporté des témoins. Une roquette a atteint un bâtiment de Holon, un faubourg de Tel Aviv, selon la chaîne de télévision israélienne Channel 12, qui aussi fait état d'un mort.

Des sources ont aussi dit à Reuters qu'un pipeline avait été touché par une roquette.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que le Hamas et le Djihad islamique paieraient "un prix très lourd pour leur comportement belliqueux".

"Nous sommes au plus fort d'une campagne importante", a prévenu le Premier ministre dans une allocution télévisée avec son ministre de la Défense..

Par la voix de sa porte-parole, la Maison Blanche a condamné les tirs de roquettes visant Tel Aviv, estimant qu'Israël avait un droit légitime à se défendre.

Les Etats-Unis ont néanmoins décidé de retarder la préparation au Conseil de sécurité de l'ONU d'une déclaration sur l'escalade des tensions entre Israël et les Palestiniens.

Selon des diplomates, Washington ne veut pas qu'une telle déclaration nuise aux négociations en coulisses pour mettre un terme aux violences.

REPRISE DU TRAFIC AÉRIEN

Israël a repris son trafic aérien après l'avoir brièvement suspendu dans la soirée à cause des tirs de roquettes.

"Nous honorons actuellement notre promesse", a dit la branche armée du Hamas dans un communiqué. "Les brigades Al Qassam sont en train de lancer leur plus importante salve de roquettes contre Tel Aviv et ses faubourgs, avec 130 roquettes, en riposte au ciblage par l'ennemi de tours résidentielles."

Israël a envoyé ce mardi 80 avions de chasse bombarder la bande de Gaza et a massé des chars le long de la frontière à la suite de nouveaux tirs de roquettes en provenance du territoire palestinien en direction de villes israéliennes, pour une deuxième journée consécutive.

Benjamin Netanyahu avait prévenu juste avant de lancer ces raids massifs dans l'après-midi que l'Etat hébreu allait intensifier ses opérations sur Gaza face à la poursuite des tirs de roquettes palestiniens.

"A l'issue d'une évaluation de la situation, il a été décidé qu'à la fois la puissance des attaques et la fréquence des attaques seraient augmentées", a dit Benjamin Netanyahu dans un message vidéo.

Le conflit, qui ne marque ainsi aucun signe d'apaisement, a déjà fait 28 morts, dont 10 enfants, côté palestinien, selon les autorités de Gaza, et trois côté israélien, dont deux femmes victimes de roquettes à Ashkelon, selon les services ambulanciers de l'Etat hébreu.

Il est la conséquence d'affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes autour de la mosquée Al Aqsa à Jérusalem, où les tensions sont alimentées depuis plusieurs semaines, correspondant au mois sacré musulman du ramadan, par le risque d'expulsion de plusieurs familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est.

Ces combats, les plus violents depuis 2019 entre activistes de Gaza et Israël, suscitent l'inquiétude de la communauté internationale, qui multiplie les appels à la retenue de chaque côté.

Ce conflit se déroule sur fond de crise politique en Israël, où Benjamin Netanyahu n'est pas parvenu à former de gouvernement après les élections législatives du 23 mars dernier, qui ont encore accouché d'un parlement fragmenté. Ses adversaires politiques ont suspendu leurs négociations sur la formation d'un gouvernement de coalition pour évincer le Premier ministre sortant du pouvoir.

Côté palestinien, des élections législatives sont censées avoir lieu le 22 mai avant une présidentielle en juillet mais la tenue de ces scrutins reste incertaine.

(Avec Nandita Bose et Steve Holland à Whashington, version française Nicolas Delame, Laetitia Volga, Bertrand Boucey et Matthieu Protard)