Nord Stream 2 : Moscou met en garde Berlin et agite la menace du prix du gaz

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Nord stream 2: moscou met en garde berlin et agite la menace du prix du gaz[reuters.com]
(Crédits : Arnd Wiegmann)

MOSCOU/BERLIN (Reuters) - Le ministère russe des Affaires étrangères a jugé mercredi "inacceptable" la suspension par le gouvernement allemand du processus de certification du gazoduc Nord Stream 2 en réponse à l'invasion de l'Ukraine, estimant qu'elle conduirait à une détérioration irréversible des relations entre les deux pays.

Le ministère a également estimé que le gel de ce projet sous la mer Baltique piloté par le géant russe Gazprom se traduirait inévitablement par une hausse rapide du prix du gaz.

Nord Stream 2, un gazoduc de 1.230 kilomètres dont la construction est achevée, avait pour ambition de doubler le volume de gaz naturel fourni par la Russie à l'Allemagne en contournant l'Ukraine, par laquelle transite pour l'instant une grande partie des livraisons russes à l'Europe.

La Russie couvre 38% des besoins en gaz de l'Allemagne, selon les chiffres du ministère allemand de l'Economie.

La société d'exploitation de Nord Stream 2, basée en Suisse, a déclaré mercredi que ses lignes téléphoniques fixes et mobiles n'étaient plus joignables et que son site internet était fermé après des cyberattaques.

Elle avait auparavant démenti des informations de presse selon lesquelles elle avait déposé son bilan, expliquant qu'elle avait simplement notifié aux autorités locales la rupture de contrats de travail.

De son côté, Wintershall Dea, l'un des cinq cofondateurs de Nord Stream 2, a annoncé que son conseil d'administration avait décidé de déprécier totalement sa participation dans le projet, valorisée un milliard d'euros.

La compagnie pétrolière et gazière allemande compte parmi ses actionnaires le géant de la chimie BASF et LetterOne, société d'investissement du milliardaire russe Mikhaïl Fridman.

Wintershall Dea reste en revanche engagé dans deux autres projets de production de gaz naturel en Sibérie ainsi que Gascade, une coentreprise avec le géant russe Gazprom qui exploite un réseau de distribution de gaz de 3.200 km en Allemagne.

Outre Wintershall, Engie, Shell, OMV et Uniper ont contribué au financement du projet Nord Stream. Engie a déclaré mardi analyser les conséquences à tirer de l'évolution du dossier.

(Bureau de Moscou, avec Miranda Murray et Christoph Steitz à Berlin, version française Tangi Salaün et Marc Angrand, édité par Blandine Hénault et Matthieu Protard)