Macron, "enfant de la brutalité de l'Histoire", veut chambouler l'Europe

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Macron, enfant de la brutalite de l'histoire, veut chambouler l'europe[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

par Marine Pennetier et Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron s'est présenté mardi comme un "enfant" d'une époque "brutale", marquée notamment par la guerre en Syrie et les tensions géopolitiques, à laquelle il veut répondre en chamboulant le paysage politique européen.

Le président français a dit son souhait de faire émerger une nouvelle force au Parlement européen, peut-être au lendemain des élections de 2019, espérant faire exploser le duopole du Parti populaire européen et des socialistes européens.

"Je ne suis pas l'enfant naturel de temps calmes de la vie politique, je suis le fruit d'une forme de brutalité de l'Histoire, d'une effraction parce que la France était malheureuse et inquiète", a-t-il dit devant les journalistes de l'Association de la presse présidentielle. (pour les principales déclarations faites pendant cette rencontre)

"Il n'y a pas d'innocence, il n'y a pas de répit mais c'est au fond ce que j'ai souhaité, donc je ne m'en plaindrai pas", a-t-il poursuivi.

Le chef de l'Etat a invité les membres du SPD allemand, qui seront appelés à se prononcer sur l'accord de coalition conclu avec la CDU, à le valider, jugeant que l'avenir de l'Europe dépendait de la participation active de l'Allemagne au côté de la France.

Pour accompagner la réforme de l'Union européenne et de la zone euro qu'il appelle de ses voeux, il a confirmé le souhait que lui prêtaient certains de ses proches de fédérer autour de son mouvement d'autres groupes européens au Parlement.

"Je pense qu'il peut y avoir une initiative, probablement elle se fera au moment des européennes et sans doute après et je pense que c'est souhaitable", a-t-il dit.

"Il est tout à fait possible de structurer son propre groupe et penser que le réformisme européen a vocation à fédérer autour de lui d'autres mouvements", a-t-il précisé.

DÉGRADATION DU NIVEAU DE QUALIFICATION

Sur le volet intérieur, il a défendu ses réformes économiques et sociales, assumant qu'elles mettent quelques mois ou années à convaincre les Français.

L'élément le plus inquiétant dans l'économie française est l'insuffisant niveau de qualification, a-t-il dit.

"Le plus inquiétant aujourd'hui dans notre économie, c'est la dégradation du niveau de qualification", a-t-il déclaré. "Les gens vous disent que (...) le taux de chômage structurel en France est de 9%, c'est ça le scandale."

"Vous avez quasiment 2 millions de chômeurs qui ont des problèmes de qualification" et "donc vous ne baisserez pas votre chômage en jouant juste sur le cycle économique" mais en développant la formation, ce que l'exécutif est décidé à faire en investissant 15 milliards d'euros sur le quinquennat.

Il a affiché la même détermination sur la scène internationale.

Interrogé sur la guerre en Syrie, il a réaffirmé la "ligne rouge" de la France sur l'utilisation d'armes chimiques contre la population civile, prévenant que la France "frapperait" si des preuves en ce sens étaient établies.

"Si nous avons des preuves avérées que les armes chimiques proscrites par les traités (...) sont utilisées, nous frapperons l'endroit d'où ces envois sont faits ou sont organisés. La ligne rouge sera respectée par une réplique."

"Aujourd'hui, nous n'avons pas de manière établie par nos services, par nos forces armées, la preuve que des armes chimiques proscrites par les traités ont été utilisées contre les populations civiles, évidemment nous sommes en surveillance extrême sur ce sujet", a-t-il dit.

"Je l'ai redit au président (russe Vladimir-NDLR) Poutine en demandant d'être très clair avec le régime syrien qui a réaffirmé qu'il n'utilisait pas d'armes chimiques (...) mais nous le surveillons", a-t-il ajouté. "Dès que la preuve sera établie, je ferai ce que j'ai dit c'est ainsi que va la crédibilité dans la matière."

(Edité par Yves Clarisse)