"Enquête russe" : Manafort accepte de coopérer avec le procureur Mueller

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Manafort a conclu un accord de plaider-coupable avec le procureur mueller[reuters.com]
(Crédits : Joshua Roberts)

par Nathan Layne et Karen Freifeld

WASHINGTON/NEW YORK (Reuters) - Paul Manafort, l'ex-directeur de campagne de Donald Trump, a accepté de coopérer à "l'enquête russe" dans le cadre d'un accord de plaider coupable négocié avec le procureur spécial Robert Mueller, ont annoncé vendredi des procureurs fédéraux.

Lors d'une audience vendredi à Washington, l'ancien conseiller de Donald Trump, jugé coupable en août de fraudes fiscale et bancaire, a confirmé qu'il plaiderait coupable des chefs d'accusation de conspiration contre les Etats-Unis et de conspiration d'entrave à la justice lors d'un second procès qui doit s'ouvrir la semaine prochaine.

Cinq autres charges ont été abandonnées.

"Cela n'a absolument rien à voir avec le président (Trump) ou sa victorieuse campagne présidentielle de 2016", a affirmé la porte-parole de la Maison blanche, Sarah Sanders, réagissant à cet accord entre Paul Manafort et le procureur Mueller.

"Cela n'a absolument aucun lien", a-t-elle ajouté.

Robert Mueller enquête depuis mai 2017 sur une éventuelle ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016 et une possible collusion entre l'équipe Trump et Moscou.

Donald Trump, qui qualifie l'enquête russe de "chasse aux sorcières", nie toute collusion avec Moscou. La Russie rejette les accusations d'ingérence dans l'élection présidentielle de 2016.

Le fait que l'ancien conseiller de Trump ait accepté de coopérer à l'enquête est potentiellement dommageable pour le président américain à moins de deux mois des élections de mi-mandat.

CONSPIRATION CONTRE LES ETATS-UNIS

Sur Twitter le mois dernier, Donald Trump félicitait son ancien conseiller d'avoir refusé de passer un accord avec la justice, contrairement à l'ancien avocat personnel du président, Michael Cohen.

"Contrairement à Michael Cohen, il a refusé de 'craquer' - raconter des histoires dans le but d'obtenir un accord. Tellement de respect pour cet homme courageux!" écrivait-il.

Le mois dernier, Paul Manafort a été reconnu coupable par le tribunal d'Alexandria, en Virginie, de fraudes fiscale et bancaire pour huit des 18 chefs d'accusation qui le visaient.

Ce procès, s'il ne portait pas sur des faits directement liés à une possible collusion entre les membres de l'équipe de campagne Trump et des responsables russes, était le premier à découler des investigations menées depuis mai 2017 par le procureur spécial Robert Mueller.

La sélection d'un jury doit débuter lundi en vue du deuxième procès sur les deux chefs d'accusation pour lesquels Manafort a plaidé coupable.

D'après les documents transmis vendredi à la justice, la charge de conspiration contre les Etats-Unis regroupe des délits de blanchiment d'argent, de fraude fiscale, de défaut d'enregistrement d'un compte bancaire à l'étranger et défaut d'enregistrement du statut de lobbyiste pour des responsables politiques pro-russes en Ukraine.

GRÂCE PRÉSIDENTIELLE ?

A celle de conspiration d'entrave à la justice est associée celle de subornation de témoin.

Le dossier contre Manafort, aujourd'hui âgé de 69 ans, porte sur les millions de dollars qu'il a gagnés pour son travail de consultant politique auprès de politiciens pro-russes en Ukraine, dont l'ex-président Viktor Ianoukovitch qu'il a conseillé lors de sa campagne électorale victorieuse en 2010.

D'après les procureurs, Manafort a dissimulé plus de 16 millions de dollars au fisc et a obtenu frauduleusement 20 millions de prêts bancaires.

Il paraissait logique que Manafort cherche à éviter un procès long et coûteux grâce à un accord de plaider-coupable.

L'ancien directeur de campagne de Trump encourt déjà huit à dix ans d'emprisonnement pour les chefs d'inculpation pour lesquels il a été reconnu coupable et cette sentence ne devrait pas beaucoup évoluer, quelle que soit l'issue du deuxième procès.

Manafort a pris part à la réunion controversée organisée en 2016 à la Trump Tower entre des membres de la campagne Trump et des représentants russes.

"Je ne crois pas que (Manafort) ait des informations qui puissent nuire au président", a affirmé à Reuters l'avocat de Trump, Rudy Giuliani. Le fait que Manafort plaide coupable, a ajouté l'ancien maire de New York avant l'annonce de l'accord avec le procureur Mueller, pourrait même faciliter l'octroi d'une éventuelle grâce présidentielle.

(Avec Susan Heavey; Jean Terzian, Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)