L'Arcep pas inquiète pour le calendrier de la 5G malgré Huawei

reuters.com  |   |  605  mots
La france lancera la 5g comme prevu en 2020 malgre huawei[reuters.com]
(Crédits : Dado Ruvic)

PARIS (Reuters) - La France donnera le coup d'envoi au déploiement de la 5G en France comme prévu en 2020 en dépit des difficultés actuelles de l'équipementier chinois Huawei qui pourraient amener certains opérateurs télécoms français à modifier leurs sources d'approvisionnement, a déclaré mardi le président de l'Arcep.

L'administration Trump a placé jeudi le premier équipementier télécoms mondial sur une liste noire, rendant presque impossible pour l'entreprise l'achat de produits fabriqués aux Etats-Unis.

"Pour moi ça n'aura un impact que très progressif", a déclaré Sébastien Soriano devant des analystes financiers et des journalistes, rappelant qu'aucun opérateur télécoms français n'avait pour seul fournisseur Huawei dans les principales grandes villes.

"On vise un lancement commercial de la 5G en 2020", a-t-il réaffirmé, en précisant que l'Arcep se montrerait conciliante sur le calendrier de déploiement du très haut débit mobile vis à vis des opérateurs qui décideraient de changer d'équipementier.

De son côté, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a déclaré que le choix des équipementiers télécoms pour la 5G se ferait en fonction de la sécurité des réseaux et de leurs performances, ajoutant qu'aucun candidat ne serait écarté a priori.

En France, le matériel de Huawei est principalement utilisé par les opérateurs SFR (Altice et Bouygues Telecom (Bouygues). Le numéro un français Orange a pour sa part annoncé qu'il se fournirait auprès de Nokia et Ericsson pour déployer la 5G dans l'Hexagone, même si Huawei est l'un de ses principaux fournisseurs à l'échelle de l'ensemble du groupe.

Les Etats-Unis soupçonnent Huawei d'être instrumentalisé par le gouvernement chinois à des fins d'espionnage et cherchent à convaincre leurs alliés occidentaux de restreindre l'accès de leurs marchés télécoms au groupe chinois. L'équipementier a réfuté à de nombreuses reprises ces accusations.

UN SCÉNARIO DIFFÉREND EN FRANCE POUR LES ENCHÈRES 5G

La France a pour sa part décidé de durcir le contrôle des équipements télécoms dans la perspective de l'arrivée de la 5G qui permettra de nouveaux usages dans des domaines clefs tels que la télémédecine ou le véhicule connecté, tout en s'abstenant de fermer officiellement la porte à Huawei.

"On pourrait avoir une analyse des opérateurs consistant à dire que compte-tenu du climat de tension peut-être qu'il est raisonnable d'utiliser moins certains équipementiers" a expliqué le président de l'Arcep, estimant que certaines entreprises, notamment, pourraient demander des garanties à titre de précaution.

"L'exposition aux équipementiers chinois existe mais elle n'est pas dans des proportions qui sont extrêmement importantes", a-t-il toutefois relativisé.

L'attribution de ces fréquences 5G se fera d'ici la fin de l'année, a réaffirmé le dirigeant du gendarme des télécoms selon lequel seul un contingent de 300 mégahertz sera disponible dans un premier temps dans la bande de fréquences prévue.

Le scénario français sera probablement différent des enchères italiennes et allemandes (toujours en cours) où les sommes versées ont atteint des niveaux très élevés, a pronostiqué le président de l'Arcep, une partie des fréquences ayant déjà été attribuées en France.

"La base de comparaison, ce n'est pas six milliards, c'est peut-être trois", a-t-il dit, précisant qu'il était trop tôt pour faire des estimations, tous les arbitrages n'ayant pas encore été rendus.

(Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Michel Bélot)