RDC : La fièvre Ebola déclarée "urgence de santé publique internationale"

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RDC: la fièvre Ebola déclarée urgence de santé publique internationale[reuters.com]
(Crédits : Olivia Acland / Reuters)

GENEVE (Reuters) - L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a reconnu mercredi l'épidémie de fièvre Ebola en République démocratique du Congo comme une "urgence de santé publique de portée internationale", alors que le virus menace de s'étendre à la grande ville de Goma et aux pays voisins de la RDC.

Malgré une vaste campagne de vaccination et une rapide réaction internationale, l'épidémie a continué de se propager en RDC depuis qu'un nouveau foyer s'y est déclaré l'été dernier.

Le virus a infecté plus de 2.500 personnes, dont près de 1.700 ont trouvé la mort.

L'instabilité et les violences continuent de perturber la lutte contre le virus dans l'est du pays, ralentissant les campagnes de vaccination et les contrôles médicaux.

Un comité d'experts internationaux qui conseille l'OMS avait refusé à trois reprises de déclarer une urgence sanitaire, mais le cas signalé cette semaine à Goma, ville de deux millions d'habitants dans l'est de la RDC, a amplifié les inquiétudes.

L'OMS a par ailleurs rapporté mercredi quatre incidents en Ouganda, où près de 600 personnes pourraient devoir être vaccinées.

Dans un rapport, le comité d'experts a dit relever des "signes inquiétants d'une possible extension" de l'épidémie de fièvre hémorragique.

"Rien n'indique que (le virus) vienne à être sous contrôle", a déclaré Peter Piot, membre de l'équipe qui a découvert le virus Ebola et actuel directeur d'un centre médical à Londres.

"J'espère que la décision d'aujourd'hui va servir de sonnette d'alarme pour engendrer une action à haut niveau politique, améliorer la coordination et mieux soutenir financièrement la RDC dans ses efforts pour stopper cette épidémie dévastatrice", a-t-il ajouté.

Le précédent cas d'urgence sanitaire mondiale décrétée par l'OMS remonte à l'épidémie d'Ebola qui a tué plus de 11.300 personnes en Afrique de l'Ouest entre 2013 et 2016.

Toutefois le directeur du comité de l'OMS, Robert Steffen, a nuancé cette désignation comme "urgence sanitaire" en déclarant que l'épidémie demeurait à l'heure actuelle une menace régionale plutôt que mondiale. Il a souligné qu'il n'était pas nécessaire de fermer les frontières ou d'arrêter de commercer.

L'OMS a averti par le passé que les pays voisins, Rwanda, Burundi et Ouganda notamment, étaient les plus à risque.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l'OMS, a dit avoir accepté les recommandations du comité qui s'opposent à toute limitation des déplacements ou des échanges commerciaux, comme aux contrôles à l'arrivée dans les ports ou les aéroports en dehors de la région où l'épidémie fait rage.

Il a ajouté que la priorité était d'accélérer la production du vaccin, dont les stocks s'amenuisent.

(Tom Miles, avec Kate Kelland et le bureau de Nairobi; Jean-Philippe Lefief et Jean Terzian pour le service français)