Les USA promettent de continuer à sanctionner les importateurs de brut iranien

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Les europeens n'ont pas respecte leurs engagements de 2015, dit teheran[reuters.com]
(Crédits : Yves Herman)

DUBAI (Reuters) - Les Etats-Unis continueront à sanctionner quiconque achète du pétrole iranien ou fait des affaires avec les Gardiens de la révolution et aucune dérogation ne sera plus accordée, a annoncé dimanche un membre de l'administration américaine interrogé par Reuters.

"Nous allons continuer à faire pression sur l'Iran et, comme l'a dit le président (Donald Trump), il n'y aura aucune dérogation de quelque nature que ce soit pour le pétrole iranien", a promis Sigal Mandelker, sous-secrétaire américain au Trésor pour le terrorisme et les renseignements financiers, tout en se félicitant que les ventes de pétrole iranien aient "sérieusement piqué du nez" en raison des pressions américaines.

Les exportations de brut iranien ont effectivement baissé de plus de 80% depuis que Donald Trump a dénoncé l'accord international sur le programme nucléaire de la République islamique, ce qui a ouvert la voie au rétablissement puis à l'alourdissement des sanctions.

En réaction, Téhéran a décidé de s'affranchir par étapes des obligations prises dans le cadre de cet accord, que les signataires européens cherchent toujours à sauver en compensant les mesures de rétorsion américaines.

Téhéran a annoncé samedi être en mesure d'enrichir son uranium à un degré supérieur à 20% et avoir mis en service de nouvelles centrifugeuses, ce que l'accord de 2015 interdisait.

"L'ACCORD N'EST À SENS UNIQUE"

"Malheureusement, les européens n'ont pas honoré leurs engagements. (...) L'accord n'est pas à sens unique et nous agirons conformément ce que nous avons fait jusqu'à présent en nous désengageant progressivement", a promis Ali Akbar Salehi, directeur de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique.

La France a proposé cette semaine d'offrir 15 milliards de lignes de crédit à l'Iran d'ici la fin de l'année, à condition qu'il respecte pleinement les termes de l'accord de Vienne, ce qui suppose le feu vert des Etats-Unis, or Les propos de Sigal Mandelker laissent peu de doute quand à la décision de Donald Trump.

Le ministre français des Affaires étrangères a déploré dimanche la fin de non recevoir des autorités iraniennes tout en l'imputant à l'attitude de Washington.

"Les premiers à s'être assis sur l'accord, ce sont les Etats-Unis. Les Etats-Unis ont retiré leur signature, ils ont aussi mis en oeuvre des mesures de sanctions", a-t-il rappelé.

"L'Iran apporte de mauvaises réponses à de mauvaises décisions (américaines). Cela induit une escalade, mais les voies du dialogue sont toujours ouvertes", a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron a par ailleurs évoqué le sujet avec son homologue russe Vladimir Poutine, lors d'un entretien téléphonique, rapporte l'Elysée.

Les deux chefs d'Etat ont "souhaité que toutes les parties concernées prennent désormais les décisions politiques nécessaires à l'apaisement des tensions", ajoute la présidence française.

La Russie est signataire de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, tout comme la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Chine et les Etats-Unis, qui l'ont dénoncé en mai 2018.

(Nicolas Delame et Jean-Philippe Lefief pour le service français)