Avec Diversidays, les réseaux sociaux se mettent au service de la diversité

Pour sa troisième édition, le Forum Diversidays a investi mercredi 6 octobre le studio 104 de la Maison de la Radio pour célébrer les influenceurs qui propagent la bonne parole en faveur des catégories discriminées et dévoiler une étude qui montre que l'entreprise a encore du travail à faire sur ce thème qui nous concerne tous.
(Crédits : DR)

Non, tous les influenceurs ne vivent pas à Dubaï en dépensant l'argent de leurs partenariats avec les marques. Certains ont pris à bras le corps le sujet de la diversité et engagent leur communauté au service de cette cause. Le Forum Diversidays (que la Tribune accompagne depuis 2017) a mis à l'honneur quatre influenceurs récompensés par quatre médias sociaux : LinkedIn, Instagram, TikTok et YouTube. Des réseaux fréquentés par les jeunes, une cible prioritaire pour l'association nationale d'égalité des chances dans le numérique, cette population étant très sensible à la thématique de l'inclusion. Et c'est elle qui pourra s'élever contre les discriminations durant sa future vie professionnelle.

Le prix LinkedIn de la personnalité inspirante a été remis à Bayram Tayari, fondateur du mouvement « on lâche rien » qui aide les sans-abris, pour son initiative 1semaine1CV qui veut offrir un maximum de visibilité aux candidats avec un coaching sur mesure et un partage sur LinkedIn : « et ça marche ! Nous sommes à 30% de réussite », a expliqué Bayram Tahari en vidéo depuis Marseille.

Arthur Baucheron, prix TikTok, se présente comme « un gars en fauteuil roulant qui essaye de changer les mentalités ».

« J'ai commencé pendant le premier confinement dans ma petite chambre. Les jeunes sont mal informés sur le handicap. Avec mes vidéos, j'essaye de montrer qu'on peut être un ado en fauteuil et vivre le plus normalement possible », explique celui qui rassemble 700.000 followers sur TikTok.

Le prix Instagram a été décerné à Louise « MyBetterSelf » Aubery. « Les femmes sont encore victimes de nombreux stéréotypes. Je me bats pour qu'elles acceptent leur corps » explique l'influenceuse aux 500.000 followers. C'est un homme qui a reçu le prix YouTube pour sa chaîne Entre Mecs (441.000 abonnés). Ben Névert est un « mec bienveillant » qui vient de publier son premier livre « Je ne suis pas viril » (First Editions). « Mon émission n'est pas un boys club, car nous sommes là justement pour déconstruire les masculinités » précise le « garçon différent ».

Des entrepreneurs inspirants

Plusieurs entrepreneurs et personnalités inspirantes sont venus présenter leurs initiatives en faveur de la diversité. Pour Théo Scubla, cofondateur en 2015 de each One, qui aide les réfugiés et nouveaux arrivants à trouver un travail, « la migration, ce n'est pas la misère qui se déplace, c'est le talent ». each One a remis mille personnes dans l'emploi cette année. Théo Curin est lui nageur paralympique et mannequin. Amputé des quatre membres à la suite d'une méningite à l'âge de 6 ans, il reprend espoir après avoir rencontré Philippe Croizon, lui-même quadri-amputé, célèbre pour avoir traversé la Manche à la nage.

« Je l'ai vu arriver en voiture. Je me suis dit : super, je vais pouvoir rouler en voiture quand je serai grand », raconte avec humour le jeune nageur qui a vaincu sa phobie de l'eau.

L'aventurier a pour projet de traverser à la nage le lac Titicaca, lac le plus haut du monde à 3.800 m d'altitude avec 30% d'oxygène en moins.

« Nous sommes trois : une ancienne nageuse olympique, un éco activiste et moi. C'est ça la diversité ! », s'enthousiasme Théo Curin.

Diariata N'Diaye est une artiste slammeuse qui a créé en 2015 @Résonantes pour sensibiliser les 15/24 ans aux violences sexistes, puis l'appli App-Elles qui permet aux femmes d'envoyer directement une alerte à des contacts de confiance en cas de situation de violence. À sa grande surprise, la native de Saint-Dié-des-Vosges gagne plusieurs concours tech, dont le très prestigieux Prix de l'innovation au CES 2019 à Las Vegas dans la catégorie « for a better world ».

« La difficulté a été de sensibiliser les gens de la tech, un univers très masculin, sur ce sujet. L'appli existe parce qu'on a réussi à embarquer plein de monde, des grandes entreprises et beaucoup d'anonymes qui relaient nos messages », se félicite la Chevalière de l'ordre national du Mérite.

Malgré ces exemples positifs, les discriminations de tous ordres sont encore bien présentes dans l'entreprise. C'est ce qu'a montré une étude de PwC et Occurrence sur l'état des lieux de la mesure de la diversité sur le lieu de travail.

Les quotas en question

PwC a interrogé 30 dirigeants et Occurrence 1000 salariés, ainsi que 318  jeunes (alternants ou premier emploi) à des fins de comparaison avec l'ensemble des profils de salariés. Pour Pauline Adam-Kalfon, associée PwC France et Maghreb, « la bonne nouvelle, c'est que pour les dirigeants, diversité rime avec performance ». En revanche, les entreprises ont du mal à capter des informations sur les sujets autour du handicap ou des LGBT+.

« Les entreprises travaillent avec des outils internes plus ou moins performants, et avec des associations comme Diversidays ou Mozaïk RH, ainsi que des organismes situés dans les territoires pour recruter des profils divers », ajoute l'associée de PwC.

En France, le sujet des quotas est sensible, puisque que nous ne pratiquons pas la « positive action » comme aux Etats-Unis. « Pourtant, les dirigeants ne sont qu'un quart à se prononcer contre les quotas. Mieux : 51 % disent que c'est une bonne chose et 58 % reconnaissent que c'est efficace » analyse Pauline Adam-Kalfon.

Des patrons qui sont preneurs d'un outil de mesure efficace et d'un accompagnement. Côté salariés, la notion de diversité est encore floue pour 46 % d'entre eux selon Occurrence. « On a besoin de pédagogie » rappelle Assaël Adary, cofondateur d'Occurrence. Un deuxième chiffre est à la fois éclairant et inquiétant : 1 salarié sur 2 redoute d'être un jour discriminé dans son entreprise.

« Ce chiffre prouve que nous n'avons pas affaire à une revendication de minorités », précise Assaël Adary.

Mais surtout, 86 % des salariés souhaitent que leur entreprise s'engage pour l'inclusion.

« On est assez loin de ce qu'on entend sur les chaînes d'infos », lance Assaël Adary sous les applaudissements.

Anthony Babkine, cofondateur de Diversidays avec Mounira Hamdi, a identifié trois axes à améliorer : d'abord, la mesure des données est le premier. Ensuite, une meilleure prise en compte des deux parents pauvres de l'inclusion : l'âge et l'ethnie.

« La couleur de peau est encore un facteur très discriminant et beaucoup d'entreprises ne savent pas comment l'aborder », rappelle le cofondateur de Solidays.

Le troisième axe, selon Mounira Hamdi, c'est la nécessité d'un index global « qui facilite la sensibilisation autour de sujets de diversité et d'inclusion en permettant aux entreprises de se comparer entre elles ». Chaque année, Diversiday édite un annuaire de talents de la diversité. L'édition 2021 en recense 200 (contre 63 dans le premier). Le parrain de cet annuaire 2021 est Paul Lê, après Cedric O et Kat Borlongan.

Un annuaire des talents

Originaire du quartier des Pyramides d'Evry, il a fondé le site de livraison de produits alimentaires labellevie.com.

« Diversidays, c'est quelque chose que j'aurais aimé connaître quand j'ai débuté dans l'entrepreneuriat il y a dix ans. Je me suis senti parfois différent quand j'allais voir des investisseurs sur les Champs-Elysées qui m'ont tous fermé la porte », évoque Paul Lê.

Depuis, sa société s'est développée avec deux levées de fonds, 550 salariés (avec une égalité hommes/femmes et des origines diverses) et 80 millions d'euros de chiffre d'affaires prévus cette année.

Deux médias économiques aident Diversidays à médiatiser cet annuaire : B Smart, la nouvelle chaîne économique de Stéphane Soumier, et la Tribune. « Pour aider ces entrepreneurs issus de la diversité à lever des fonds, nous avons créé la chronique mensuelle « À l'amorçage » décrit Aurélie Planeix, rédactrice en chef de B Smart. Une émission dans laquelle interviennent Anthony Babkine et Mounira Hamdi. Sophie Iborrra, directrice des relations institutionnelles de la Tribune, rappelle que lors du Sommet du Grand Paris, six jeunes talents, sla Génération Grand Paris, sont venus pitcher devant des grands patrons.

« À chaque fois que nous créons un événement, nous faisons participer des talents grâce à l'annuaire de Diversidays. Nous allons aussi les mettre en relation avec des banquiers, des hommes d'affaires, des ministres pour que tout ça serve à quelque chose, tant la rencontre est décisive dans le parcours d'un entrepreneur », annonce Sophie Iborra.

Elisabeth Moreno n'a eu de cesse de défendre l'égalité des chances  depuis qu'elle a été nommée par Jean Castex ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances. Qui mieux qu'une ministre qui a été entrepreneuse et dirigeante de grands groupes de tech comme Dell, Lenovo ou Hewlett-Packard pour évoquer les discriminations au travail ? La native de Tarrafal au Cap-Vert « cumule tous les critères de discrimination possibles » :

« J'ai vu ce qui fonctionnait et dysfonctionnait dans les entreprises. Et j'ai décidé de travailler sur tous les outils qui leur permettent de se saisir de ces questions, comme l'index de la diversité qui nous a été proposé par Diversidays », explique Elisabeth Moreno.

Avec 25 critères de discriminations prohibées, tout le monde peut être victime ou témoin à un moment ou à un autre.

« Mettre en place des  politiques publiques pour que les personnes ne soient pas discriminées pour ce qu'elles sont, c'est ce qui m'anime au quotidien », conclut la ministre, avant que tous les influenceurs, entrepreneurs et jeunes talents n'investissent la scène dans un joyeux brouhaha.

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2021 à 11:01
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"Non, tous les influenceurs ne vivent pas à Dubaï en dépensant l'argent de leurs partenariats avec les marques." La vache s'ils font ça ça fait de biens médiocre influenceurs il y a quand même bien plus beau,bien plus sympa et bien plus intelligent ...

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