Budget 2022  : le piège des contreparties

En cette semaine de présentation budgétaire, la question des contreparties a été passée sous silence. Pourtant, lors des débats au Parlement, elle risque de revenir en force. Et mettre en difficultés, le gouvernement. Explications.
(Crédits : Reuters)

Selon Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, « le projet de loi de Finances 2022 est un budget de relance ». Aussi, consacre-t-il largement les baisses d'impôts aux ménages comme aux entreprises. Plus de 50 milliards d'euros en moins sur le quinquennat, se félicite l'exécutif. Du jamais vu. Les entreprises ont pu d'ailleurs constater avec satisfaction que la trajectoire de réduction des impôts de production a été maintenue, tout comme celle de l'impôt sur les sociétés... Sans oublier, le « quoi qu'il en coûte », lequel, même s'il est progressivement réduit, reste en vigueur pour les sociétés et secteurs les plus en difficultés.

« Tout ça en échange de quoi ? De rien, passez votre chemin, madame la marquise ! », s'insurge François Hommeril, le président de la CFE-CGC, le syndicat des cadres.

« La plupart des entreprises ont retrouvé leur niveau de marge d'avant crise, les grands groupes versent des dividendes comme s'il ne s'était rien passé... et on ne va pas plus loin ? », ajoute-t-il.

François Hommeril en appelle à une conditionnalité des aides de l'Etat, notamment sur la question des salaires : « Il serait normal d'obliger ces entreprises à mieux payer les gens, ce sont aussi les salariés qui font la richesse produite, il convient de ne pas l'oublier ».

Inflation

A la CFDT, cet avis est largement partagé. Preuve en est, le syndicat a refusé de valider, il y a quelques jours, l'accord du secteur de la propreté sur les rémunérations. Les entreprises de la filière ont mené une négociation sur les salaires, mais elle s'est finalisée sur une hausse de 1,6 % au 1er janvier 2022. Soit un niveau bien inférieur à l'inflation. Inacceptable pour l'organisation de Laurent Berger.

 « Emmanuel Macron ne répète-t-il pas à l'envi qu'il y a des droits et des devoirs ? Que le soutien de l'Etat ne saurait se faire sans un contrat de confiance à respecter, sans retour ? », souligne-t-on aussi, non sans ironie, du côté de la CGT.

« Ce contrat de confiance ne vaudrait donc pour les chômeurs qui vont voir leurs droits réduits avec la réforme de l'assurance chômage, ou encore les jeunes - puisque le futur revenu d'engagement promis ne serait valable que si le jeune fait le nécessaire pour s'insérer- ? Ce crédo des droits et devoirs ne vaudrait donc pas pour les entreprises ? »

Au Parlement, alors que la campagne électorale s'installe autour du pouvoir d'achat des Français, ce débat autour des contreparties se posera, sans aucun doute. Comme le font les syndicats, les oppositions (de gauche) ne manqueront pas de mettre en parallèle la bonne santé de certains groupes et les difficultés des ménages les plus pauvres à boucler leur fin de mois. Elles ne se priveront pas non plus de pointer du doigt les largesses gouvernementales vis-à-vis d'un patronat, parfois frileux à partager les fruits de la reprise.

Reste que le gouvernement ne veut pas sortir le bâton. « Ce n'est pas notre état d'esprit. La question des contreparties - pour les rémunérations ou les créations d'emploi - est un sujet ancien et délicat. Séduisant en théorie, il est très difficile à mettre en œuvre en pratique », plaide déjà un conseiller à Bercy.

Surtout, cette menace risquerait, selon l'exécutif, de freiner les entreprises et donc de casser la croissance. Impensable, alors que le pays redémarre.

Chacun doit faire sa part

Il n'empêche,cette rentrée, n'a t on pas entendu Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, et Elisabeth Borne, au Travail, assurer que : « pour répondre aux difficultés de recrutement, les entreprises doivent se rendre plus attractives en proposant de meilleurs niveaux de rémunération. Surtout, quand le gouvernement les a tant soutenues pendant cette pandémie. »

Alors que la reprise est là, chacun doit donc faire sa part. Pourront-ils en rester aux simples déclarations ? Si ce n'est à prendre le risque de souligner l'impuissance du politique. C'est bien le piège auquel s'expose la macronie avant le débat budgétaire.

Commentaires 3
à écrit le 25/09/2021 à 10:27
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Disons que baisser les impôts sur les entreprises est une bonne nouvelle c'est juste que c'est totalement contradictoire avec des politichiens qui nous affirment depuis des décennies que s'ils nous serrent la ceinture c'est pour notre bien, qu'il n'y...

à écrit le 25/09/2021 à 9:03
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Les aides de l'état profite aux actionnaires que sont les fonts de pension des retraités américains qui bronzent en Floride. Cela profite peu aux investissements locaux qui de toute façon seront moins compétitifs que d'autres sur le marché mondial.

le 25/09/2021 à 10:26
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Tant d'ignorance en si peu de mots... Pour info le capital de toute entreprise publique comme privée est divisé en actions, par conséquent tout français est actionnaire.

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