Budget « à trous »  : quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup (voire plusieurs)

Le Projet de loi de finances a été présenté, ce 22 septembre, en conseil des ministres. Les réticences du Haut conseil des Finances publiques (HCFP) à valider les prévisions de déficit, au motif qu'ils manquent des éléments, ont créé des tensions avec Bercy. Elles soulignent l'imprécision de ce dernier Projet de loi de finances.
Fanny Guinochet
(Crédits : BENOIT TESSIER)

Le ministre de l'Economie n'a guère goûté les réticences du Haut conseil des Finances publiques (HCFP) sur son dernier budget du quinquennat. En conférence de presse, ce mercredi matin, Bruno Le Maire s'est en effet agacé que la Haute juridiction présidée par Pierre Moscovici refuse de valider ses prévisions de déficit pour 2022  - une première depuis 2017 !- et surtout que ces débats se retrouvent publiés dans la presse.

La veille, il l'avait fait savoir à qui de droit. Et l'affaire a pris une telle tournure, à la veille de la présentation du Projet de Loi des Finances (PLF) en conseil des ministres, que Pierre Moscovici a pris l'initiative d'appeler le locataire de Bercy. Si l'échange entre les deux hommes est resté secret, il traduit la nervosité autour de la présentation de ce PFL.

Un couac qui fait mauvais effet.

Et pour cause. Ce couac fait mauvais effet, alors que la présentation de ce budget 2022 ressemble à s'y méprendre à un document de campagne électorale.

Si le gouvernement multiplie les promesses en faveur des policiers, enseignants, indépendants agriculteurs ... , - ce qui représente au total plus de 11 milliards d'euros de dépenses en plus - , il oublie volontairement de préciser certains postes. Des « trous » qui ont amené le HCFP à qualifier ce budget « d'incomplet ». Et dont les oppositions ne manqueront pas de se saisir, lors des débats au Parlement.

Deux impasses majeures

Le premier concerne le futur plan d'investissement pour la relance de la France d'ici 2030, que le gouvernement s'est engagé à présenter en octobre, mais dont la facture n'a pas été précisée.

« Il est normal que nous prenions le temps d'élaborer ce plan qui vise à réindustrialiser la France mais aussi à reprendre des parts de marchés à l'export, se justifie Bruno Le Maire, le calibrage est forcément complexe, puisqu'il se situe sur dix ans ».

Autre impasse, le revenu d'engagement en faveur des jeunes, promis par Emmanuel Macron. Là encore, aucun montant n'a été transmis dans le budget 2022.

Selon Bercy,  les contours de ce dispositif sont également en cours d'élaboration. Le revenu d'engagement consisterait à verser chaque mois une somme, - probablement autour de 500 euros-, aux jeunes décrocheurs en échange d'un engagement d'insertion, mais il convient de bien viser le public qui en a le plus besoin.

Sachant que la France compte près 1,5 million de 16-25 ans sans emploi, ni formation, la facture peut rapidement monter.

Aussi, Bercy freine-t-il des quatre fers, évoquant les tensions de recrutement actuelles, comme autant d'opportunités pour les jeunes. De son côté, le ministère du Travail pousse à la dépense.

« Cette mesure sera arbitrée par le président de la République lui-même », a ainsi tranché Bruno Le Maire.

En dépit de ces manquements, le ministre de l'Economie a tenu à défendre « la responsabilité », et le « sérieux financier » de l'exécutif. Pas question de se voir accuser « d'insincérité », comme le gouvernement Valls en 2016, lors de la présentation du dernier budget de François Hollande.

Olivier Dussopt, le ministre des comptes publics, a d'ailleurs souligné la prudence de l'exécutif : «  nous avons arrêté nos prévisions, notamment concernant le volet recettes, le 8 septembre dernier. Avant que l'Insee, la banque de France ou l'OCDE ne publient leurs estimations de croissance, estimations bien supérieures aux nôtres. » Le budget 2022 a été élaboré avec une évaluation de croissance à 6 %, quand les trois organismes tablent sur un chiffre un peu supérieur.

Il n'empêche, le Haut Conseil des finances publiques continue de rester sur sa réserve. Il attend des précisions pour donner son blanc-seing. « L'avis demande d'ailleurs que si le scénario macro-économique est modifié, le Haut conseil soit saisi pour donner son avis », explique ainsi à la Tribune Pierre Moscovici. En attendant, les contribuables restent dans le flou.

Fanny Guinochet
Commentaires 7
à écrit le 23/09/2021 à 9:58
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mr moscovici a la memoire courte quand lui même se faisait retoquer par l ue sur l insincerite de son budget ...gare au boomerang la verite c est que les francais ne veulent rien changer et les politiques le savent ...

à écrit le 23/09/2021 à 9:57
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mr moscovici a la memoire courte quand lui même se faisait retoquer par l ue sur l insincerite de son budget ...gare au boomerang

à écrit le 22/09/2021 à 23:44
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Vive Les Rapaces En Masse!

à écrit le 22/09/2021 à 20:30
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comment faire confiance à nos gouvernants avec de telles attitudes ? La France ressemble de plus en plus au Titanic, les avaries sont nombreuses et importantes , une petite partie de la coque est encore hors d'eau , mais bon , pour le moment ,l'orch...

à écrit le 22/09/2021 à 17:09
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C'est pas grave puisque aucun budget n'a jamais été respecté. On va pas faire des histoires pour quelques trous de plus, nos chaussées en dont déjà plein.

à écrit le 22/09/2021 à 15:47
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il y a deja longtemps que la cours des comptes aurait du sonner l'alarme Mais nommer par l'actuel président !!!!!!!!!!! Mr Moscovici devait un retour !!!!!! apres on s'etonne du taux d'abstention !!!!

le 22/09/2021 à 16:34
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un effet boomerang n est pas a exclure

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