[Article publié le jeudi 29 juin 2023 à 07h07 et mis à jour à 09h43] Jean-Charles Naouri, patron historique de Casino, va perdre sa mainmise sur le groupe. Au lendemain de l'annonce du groupe, l'action du groupe de grande distribution Casino, qui croule sous les dettes, chutait de 35% à la Bourse de Paris ce jeudi dans les premiers échanges. Le titre du distributeur atteint ainsi son plus bas niveau historique. L'action, suspendue de longues minutes après l'ouverture de la Bourse en raison des fortes variations, chutait de 35,17% à 4,87 euros, le niveau le plus bas jamais atteint à la Bourse de Paris pour ce groupe de distribution, vers 09h20.
« Quel que soit le plan de restructuration final, les actionnaires de Casino seront massivement dilués et Rallye perdra le contrôle de Casino », a fait savoir le distributeur dans le détail, mercredi 28 juin. Les prétendants prêts à injecter de l'argent frais dans le groupe doivent soumettre leur offre au plus tard le 3 juillet afin de « finaliser un accord de principe sur les termes de la restructuration financière d'ici le 27 juillet ».
Après avoir annoncé lundi dernier qu'il espérait convertir en capital « au moins toutes les dettes non sécurisées », soit plus de 3 milliards d'euros, « Casino a communiqué ce jour aux parties prenantes de la conciliation qu'il lui apparaît nécessaire de convertir en capital (...) entre 1 milliard et 1,5 milliard d'euros de dette sécurisée ». Cela signifie donc que les détenteurs de dettes non sécurisées et une partie des détenteurs de dette sécurisée deviendraient actionnaires du distributeur, plutôt que de récupérer leur argent. L'endettement net de Casino, entré fin mai en procédure de conciliation, se chiffre au total à 6,4 milliards d'euros et celui de sa maison-mère Rallye à environ 3 milliards d'euros.
900 millions d'euros
Pour rappel, le groupe estime que tout accord noué avec ses prétendants « devra comprendre un apport en fonds propres pour un montant d'au moins 900 millions d'euros afin de permettre la mise en œuvre du plan d'affaires 2023-2025 dans des conditions de liquidité adéquates », affirme-t-il dans son communiqué.
Le groupe d'origine stéphanoise avait précisé mi-juin avoir reçu de la société Fimalac, contrôlée par Marc Ladreit de Lacharrière, un proche de Jean-Charles Naouri qui détient 12% de Casino, « une lettre par laquelle elle confirme étudier une éventuelle participation pour un montant de 150 millions d'euros à la proposition de renforcement des fonds propres de EP Global Commerce », véhicule d'investissement de Daniel Kretinsky.
Le milliardaire tchèque, deuxième actionnaire de Casino derrière les sociétés holding de Jean-Charles Naouri, entend prendre le contrôle de Casino via une augmentation de capital de plus d'un milliard d'euros au total, dont 750 millions d'euros apportés par ses soins. Daniel Kretinsky a proposé à certains créanciers de Casino de tirer un trait sur une partie de la dette en échange soit de liquidités, soit d'actions, voire des deux. Et ce, à hauteur d'environ 40% des créances.
Préserver les emplois
Cette offre, déposée fin avril, est concurrencée par « une manifestation d'intérêt préliminaire » émanant du trio d'hommes d'affaires Xavier Niel (Free), Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari pour un « renforcement des fonds propres » de Casino allant jusqu'à 1,1 milliard d'euros, avait annoncé l'entreprise dans un autre communiqué. Le groupe Teract, qui avait montré en mars des signes d'intérêt, a jeté l'éponge.
Dans un contexte de grande inquiétude des salariés, le distributeur promet d'examiner les offres d'apports de fonds propres; « notamment » au regard de « l'intégrité des activités du groupe en France » et de « la préservation des emplois ». Quelques jours après avoir obtenu le report des charges sociales et fiscales portant sur la période de mai à septembre, le groupe a rappelé dans son communiqué que « les passifs fiscaux et sociaux et les intérêts des dettes sécurisées décalés en 2023 feraient l'objet d'un paiement lors la mise en œuvre du plan de restructuration ».
Le communiqué publié mercredi survient deux jours après la présentation par le groupe des mesures jugées nécessaires pour assurer sa pérennité économique, comprenant notamment la cession de ses activités sud-américaines.
(Avec AFP)