Casino vend sa participation dans l'enseigne brésilienne Assai pour « renforcer sa liquidité »

En difficulté financière, Casino souhaite « renforcer sa liquidité ». C’est pourquoi le groupe a annoncé ce jeudi la vente de sa participation de 11,7% dans l'enseigne brésilienne Assai. La veille, le distributeur a obtenu l’accord de l’État pour reporter le paiement de ses charges fiscales et sociales pour les cinq mois à venir. Dans ce contexte, les organisations syndicales, inquiètes pour l'avenir du distributeur, se sont rassemblées devant son siège à Saint-Étienne.
La procédure de conciliation lancée fin mai doit permettre d'assurer la pérennité de Casino, dans une forme qui reste à déterminer.
La procédure de conciliation lancée fin mai doit permettre d'assurer la pérennité de Casino, dans une forme qui reste à déterminer. (Crédits : ERIC GAILLARD)

[Article publié le jeudi 22 juin à 10h30, mis à jour à 14h25] En procédure de conciliation depuis fin mai, Casino cherche à « actionner différents leviers afin de préserver sa liquidité » pendant ces prochains mois. Parmi ceux choisis, le groupe annonce ce jeudi 22 juin céder 11,7% du capital qu'il possède dans l'enseigne brésilienne de cash&carry (ventes en gros pour les professionnels et particuliers) Assai, considérée comme la pépite du groupe. Cela représente quelque 157,6 millions d'actions dont la valeur au cours actuel est de 403 millions d'euros.

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L'entreprise avait déjà vendu en mars 18,8% du capital d'Assai pour quelque 723 millions d'euros. La vente annoncée ce jeudi porte donc sur sa participation restante.

« Il était clair qu'ils ne garderaient pas le reste de leur participation dans Assai, mais je pensais qu'ils lanceraient la vente plus tard », a estimé auprès de l'AFP Clément Genelot, spécialiste de la distribution chez Bryan, Garnier & Co. « Ça montre à quelle vitesse leur activité brûle de l'argent », selon lui.

L'État valide le report de charges fiscales et sociales

Casino est actuellement en procédure de conciliation afin de renégocier avec ses créanciers son endettement. Ce dernier est colossal puisqu'il s'élève à 6,4 milliards d'euros de dette nette pour Casino et 3 milliards environ pour sa maison-mère, Rallye. Cette procédure amiable peut durer jusqu'à quatre mois, plus un en option, et s'achèvera donc au plus tard le 25 octobre.

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Le distributeur a par ailleurs obtenu un accord de l'État ce mercredi pour un report du « paiement des charges fiscales et sociales » dues pour la période mai à septembre 2023, soit un montant global d'environ 300 millions d'euros. Casino affirme que les charges reportées seront payées « à la date de la réalisation de la restructuration financière » du groupe, soit avec plusieurs mois de retard. Il compte également demander aux créanciers la suspension jusqu'au 25 octobre « du paiement des intérêts (et autres commissions) » d'une part, des « échéances en principal » d'autre part, dus par le groupe et ses filiales. Soit un total de 200 millions d'euros.

Le groupe d'origine stéphanoise veut rassurer en indiquant avoir pour « objectif » un « accord de principe » sur la restructuration de sa dette « avec les principaux créanciers », « d'ici la fin du mois de juillet ». Reste que réduire cette dette impliquerait que ses créanciers, grandes banques françaises et internationales, fonds d'investissement européens ou américains et acteurs institutionnels, acceptent de tirer un trait sur l'argent dû par le groupe, dans des proportions sans doute très importantes.

Les syndicats manifestent leur inquiétude

La situation du groupe inquiète les représentants des salariés, dont certaines organisations - la CGT, Unsa et la CFDT - avaient appelé à manifester ce jeudi matin devant le siège du groupe à Saint-Étienne. Près de 150 personnes s'y sont rendues, a constaté l'AFP, alors que s'y tient un CSE d'information consultation sur la vente annoncée à Intermarché de 119 magasins du groupe, dans lesquels travaillent plus de 4.000 personnes.

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Les syndicats présents ont dit craindre « une possible prochaine vente à la découpe de groupe Casino (qui) aura pour seul objectif d'enrichir les plus riches ».

« La direction annonce des reports d'échéance de la dette, mais on continue à travailler en sous-effectif, sans remplacer les partants ni rénover les magasins fuis par nos clients, à la fois malheureusement, mais aussi heureusement car on est trop peu nombreux pour bien les servir », a pour sa part déclaré à l'AFP Jean-Luc Farfal, délégué syndical de groupe pour la CFDT.

Le PDG du groupe, Jean-Charles Naouri, avait écrit à ses salariés le 12 juin dernier. Il leur indiquait aller : « Vous pouvez être assurés de mon entière détermination et de mon énergie pour défendre vos intérêts et ceux de Casino ». Il y estimait que « grâce à un allègement de la dette et à l'entrée d'un ou plusieurs nouveaux investisseurs », Casino sera mieux armé pour se « projeter (...) dans la décennie à venir ».

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Un avenir à définir

La procédure de conciliation doit permettre d'assurer la pérennité de Casino, dans une forme qui reste à déterminer. Des candidats à la reprise se sont fait connaître ces derniers mois, mais tous conditionnent un apport d'argent frais à un allègement de la dette. Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà actuellement deuxième actionnaire de Casino derrière les sociétés holding du PDG Jean-Charles Naouri, entend prendre le contrôle du groupe via une augmentation de capital de plus d'un milliard d'euros au total. Dont 750 millions d'euros apportés par ses soins et 150 millions par le troisième actionnaire, Marc Ladreit de Lacharrière, un proche de l'actuel patron du groupe.

Cette offre, déposée fin avril, est concurrencée par « une manifestation d'intérêt préliminaire » émanant du trio d'hommes d'affaires Xavier Niel (Free), Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari pour un « renforcement des fonds propres » de Casino allant jusqu'à 1,1 milliard d'euros, dont « 200 à 300 millions » d'euros investis par leurs soins.

(Avec AFP)

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