Casino va reporter le paiement de 300 millions d’euros de charges fiscales et sociales

En pleine procédure de conciliation pour réduire sa dette, le distributeur va reporter ses charges fiscales et sociales allant du mois de mai à septembre 2023, a-t-il annoncé. Le but de ce report « à la date de la réalisation de la restructuration financière » vise à stabiliser la situation économique du groupe.
La dette de Casino s'élève à 6,4 milliards d'euros net.
La dette de Casino s'élève à 6,4 milliards d'euros net. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Casino tente le tout pour le tout pour assainir ses finances à court terme. Le groupe de grande distribution a annoncé mercredi un « accord de principe » avec l'Etat pour « reporter le paiement des charges fiscales et sociales » dues entre mai et septembre 2023, soit un montant d'environ 300 millions d'euros. Cette décision s'ancre dans une stratégie d'économie de coûts mise en place par le groupe qui veut « actionner différents leviers afin de préserver sa liquidité pendant toute la période de conciliation ».

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Le distributeur d'origine stéphanoise est dans un long feuilleton financier. Pour rappel, Casino est entré en procédure de conciliation afin de renégocier son endettement. Ce dernier est colossal puisqu'il s'élève à 6,4 milliards d'euros de dette nette pour Casino et 3 milliards environ pour sa maison-mère, Rallye qui emploie plus de 200.000 personnes dans le monde, dont un gros quart en France sous plusieurs enseignes bien connues, comme Monoprix, Franprix ou Pao de Acucar au Brésil.

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Cette procédure amiable peut durer quatre mois, plus un en option, et doit permettre d'assurer la pérennité du groupe, dans une forme qui reste à déterminer. Casino assure que les charges reportées seront payées « à la date de la réalisation de la restructuration financière » du groupe, soit avec plusieurs mois de retard. Mais le groupe tient à rassurer sur son report de charges en expliquant avoir pour « objectif » de signer un « accord de principe » sur la restructuration de sa dette « avec les principaux créanciers d'ici la fin du mois de juillet ».

Réduire drastiquement le poids de sa dette

Pour redevenir viable, Casino souhaite réduire significativement le poids de sa dette. Cela impliquerait que les créanciers de Casino, grandes banques françaises et internationales, fonds d'investissement européens ou américains et acteurs institutionnels acceptent de tirer un trait sur l'argent dû par le groupe, dans des proportions sans doute très importantes. Outre le report de charges fiscales et sociales, que le ministère de l'Economie et des Finances sollicité par l'AFP n'a pas souhaité commenter, il va être demandé aux créanciers « dans les prochains jours » la suspension jusqu'au 25 octobre « du paiement des intérêts (et autres commissions) » d'une part, des « échéances en principal » d'autre part, dus par le groupe et ses filiales. Soit un total de 200 millions d'euros dans le but de combler momentanément les pertes de l'entreprise.

Enfin, Casino a annoncé la cession de 119 supermarchés et hypermarchés à Intermarché, troisième acteur de la distribution en France (derrière E.Leclerc et Carrefour). Cela suscite l'inquiétude des quelque 4.000 salariés concernés car au sein d'Intermarché, qui est un groupement d'indépendants, la politique sociale dépend de chaque patron de magasins.

Potentiel rachat à venir

Une fois la restructuration effectuée, Casino pourrait être racheté. Des candidats à la reprise se sont fait connaître ces derniers mois, mais tous conditionnent un apport d'argent frais à un allègement de la dette. Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà actuellement deuxième actionnaire de Casino derrière les sociétés holding du PDG Jean-Charles Naouri, entend prendre le contrôle du groupe via une augmentation de capital de plus d'un milliard d'euros au total. Dont 750 millions d'euros apportés par ses soins et 150 millions par le troisième actionnaire, Marc Ladreit de Lacharrière, un proche de l'actuel patron du groupe.

Cette offre, déposée fin avril, est concurrencée par « une manifestation d'intérêt préliminaire » émanant du trio d'hommes d'affaires Xavier Niel (Free), Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari pour un « renforcement des fonds propres » de Casino allant jusqu'à 1,1 milliard d'euros, dont « 200 à 300 millions » d'euros investis par leurs soins.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 22/06/2023 à 12:54
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J'imagine le lambda qui va demander a bercy un report de 4 mois lors de sa declaration de taxes. Quelle mafia.....

à écrit le 22/06/2023 à 12:45
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Rappelons que le patron est un Inspecteur des Finances. Le rapprochement avec notre Bien-Aimé Président de la République (qui sort du même corps) est un brin perfide, j'en conviens.

à écrit le 22/06/2023 à 7:25
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Et comme d´habitude Bercy protége (pour les raisons qu´on connaît) Casino, car ces non-payements montrent bien que Casino n´a plus un radis en caisse (et on se doute que plus personne ne veut lui prêter) sans compter l´exploitation qui consomme aussi...

à écrit le 22/06/2023 à 7:07
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Injecter de l’argent par de nouveaux actionnaires très bien Faire renoncer aux créanciers a une partie des dettes sûrement Demander un report des carences fiscales et sociales bien Mais après comment remettre Casino dans le marché et au niveau de...

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