France : le revenu n'est pas le seul critère pour définir les classes moyennes

Montaigne publie une étude ce mercredi, intitulée « Classes moyennes : l'équilibre perdu », qui montre que les classes moyennes en France regroupent un nombre très large de ménages. Ceux qui se trouvent « entre 20 % les plus aisés et 30 % les plus modestes », affirme le think tank libéral. Surtout la définition de cette catégorie va bien au-delà de la seule prise en compte de leurs revenus fiscaux : « Elles doivent être comprises sous le prisme de leur construction sociologique », plaide encore l'étude. De quoi nourrir la réflexion politique, alors que les classes moyennes sont au cœur des attentions des responsables de la majorité mais aussi de l'opposition.
Fanny Guinochet
(Crédits : © 2009 Thomson Reuters)

Appartenons-nous tous à la classe moyenne française ? C'est un peu la question que pose l'étude très fournie menée par Lisa Thomas-Darbois, et que l'institut Montaigne publie ce 24 janvier. Dans une réflexion de 42 pages, ce think tank réputé libéral et influent estime que la moitié des ménages français appartiennent à cette catégorie. Et pour cause, pour les définir, il faut aller bien plus loin que le seul critère traditionnel de catégorie socioprofessionnel souvent retenu, car cela signifie qu'il exclut d'emblée les chômeurs, les retraités mais aussi un emploi non salarié. Ce qui est une erreur. Aujourd'hui, des cadres comme des professeurs, sont de par leur revenu des classes moyennes.

Sortir d'une définition unique

Pour les chercheurs, il faut donc dépasser le seul critère du revenu. Pour l'institut Montaigne, appartiennent à la classe moyenne tous ceux qui se situent entre les « 30 % les plus modestes, et les 20% les plus riches ». Soit la moitié de la population française de plus de 15 ans. Sachant qu'il est possible d'avoir des catégories au sein même de cette dénomination, avec une classe moyenne inférieure, intermédiaire et supérieure. D'un point de vue économique, l'étude précise, que la classe moyenne commencerait pour une personne seule à un peu moins de 1.500 euros net mensuel - 1440 euros- et irait jusqu'à un peu plus de 3.000 euros de revenu mensuel - 3100 euros par mois.

Reste que pour Lisa Thomas -Darbois, ces Français voient non pas leur revenu baisser facilement, mais leur pouvoir d'achat s'éroder, au fil du temps. L'âge d'or patrimonial de la classe moyenne s'est érodé, assure la chercheuse. En cause, la structure de leurs dépenses. « Les fondamentaux de l'Etat providence n'assument plus leur rôle », explique la chercheuse. Alors même que ces classes moyennes représentent une véritable force contributive : 40 % des foyers fiscaux et 100 milliards d'euros d'impôts directs, soit près de 5 fois plus que les classes populaires.

« La France des effets de seuils »

Les classes moyennes sont aussi une masse assez floue, « une masse gélatineuse », « un ventre mou », qui se définit aussi en opposition avec les autres catégories, peut-on lire dans l'étude. Ni élitiste, ni ouvrière, ni pauvre, ni riche. Dans sa conférence de presse du 16 janvier dernier, Emmanuel Macron avait évoqué pour parler de la classe moyenne de « la France de l'angle mort ». Aussi, font-ils partie, toujours selon le président, de ces « Français qui gagnent trop pour être aidés, et pas assez riches pour bien vivre ». Et la pression fiscale qui s'exerce sur eux est de plus en plus forte.

Lisa Thomas Darbois évoque « la France des effets de seuils ». De fait, ils n'ont pas accès au logement, à l'éducation comme ils le souhaitent. Ils craignent la ghettoïsation, la mise à l'écart. « L'inflation est un facteur aggravant, mais devoir renoncer à l'achat de produits ou de marques en raison de leurs prix alimente un sentiment de déclassement social », écrit Lisa Thomas Darbois. Ces classes moyennes se saignent pour rester vivre dans des zones tendues d'un point de vue immobilier, pour payer des écoles privées et des cours supplémentaires à leurs enfants... Ils sont de plus en plus souvent dans le renoncement, et l'arbitrage. La mobilité sociale leur semble de plus en plus inaccessible. L'accès à la propriété est plus compliqué qu'auparavant.

Des déceptions à venir

Cette classe moyenne est très courtisée par les politiques. Gabriel Attal a depuis longtemps, la volonté de s'adresser à elle. Alors ministre des comptes publics, il avait évoqué un grand « plan Marshall » des classes moyennes, promettant deux milliards d'euros de baisse d'impôts. Celles-ci n'interviendront qu'en 2025. Et pour l'heure, les modalités ne sont pas définies.

Pour la chercheuse, peu importe, cette politique fiscale ne peut suffire. Surtout, elle promet d'être déceptive. Tout comme, la voiture électrique en leasing à moins de 100 euros par mois, promise par l'exécutif, qui finalement leur échappera. Les personnes de la classe moyenne ne seront pas éligibles au dispositif. En attendant, dans son discours de politique générale, Gabriel Attal aura à cœur de leur montrer qu'il est à l'écoute de ces Français, et qu'il cherche à répondre à leurs attentes.  Pour l'heure, note la chercheuse, ces classes moyennes appartiennent à une France peu contestataire, qui ne vote pas encore extrême, qui reste républicaine. Mais Lisa Thomas-Darbois alerte : « Ces classes moyennes ne peuvent pas être qu'un drapeau politique brandi à chaque crise démocratique. »

Fanny Guinochet
Commentaires 23
à écrit le 26/01/2024 à 9:28
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Ce ne sont que des impressions bien incapables donc de générer des analyses convergentes. C'est un peu comme si on cherchait à définir la notion de bêtise. Peu de gens sont capables de le faire et ce ne sont pas ceux qui en sont capables qui le feron...

le 26/01/2024 à 10:12
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ce sont ceux qui se considère comme elite mais le constat du pays est une catastrophe rien ne fonctionne correctement votre gestion est un desastre et en plus vous n'avez aucune idee pour redresser la pays votre seul vision est de copie les usa ...

le 26/01/2024 à 10:41
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"laissez la classe moyenne dirige le pays" Et comment tu fais ça stp ? Je savais pas que tu étaits pro-auto gestion je suis étonné ! :-)

à écrit le 25/01/2024 à 23:51
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La classe moyenne est un OVNI - OBJET VOTANT NON IDENTIFIE. C'est un panier qui couvre tout le monde pour ne fâcher personne et abusivement utilisé par les politiciens pères noëls prestidigitateurs de tout bord pour faire croire qu'ils vont distribue...

le 26/01/2024 à 9:27
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"pour ne fâcher personne " Je dirais plutôt l'inverse et tranquillement, pour fâcher tout le monde justement, pour entretenir notre division avec que dalle.

à écrit le 25/01/2024 à 22:11
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À 4000 euros net mensuel pour 1 ménage d'1 personne, vous êtes aisé normalement. C'est quoi le problème ? On n'a pas le droit de le dire ?

le 26/01/2024 à 9:26
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Parce que c'est une norme indéfinissable incarnée par la seule impression de l'individu. Combien d'orléanais, de berruyers se croient dans le sud de la France ? Combien de provinciaux se prennent pour le centre de la France ? ^^

à écrit le 25/01/2024 à 18:23
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L’institut Montaigne ne parle pas de « classe moyenne » au singulier mais bien de « classes moyennes » au pluriel, et en fait deux catégories distinctes. Une classe moyenne inférieure, avec des revenus nets mensuels compris entre 1 440 euros et 2 260...

le 26/01/2024 à 11:24
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En fait en France "libéral" est un euphémisme pour ne pas dire "rentier" car si on incluait les retraités, on verrait alors que l'essentiel des classes moyennes supérieures sont des inactifs retraités ayant autour de 70/75 ans, en fait les survivants...

à écrit le 25/01/2024 à 12:48
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Pendant ce temps : Une bonne nouvelle pour l'hémicycle. L'Assemblée nationale a décidé d'augmenter d'un peu plus de 300 euros par mois l'avance de frais de mandat de députés.

le 25/01/2024 à 13:23
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@lachose: On pourrait nous demander notre avis; je crois connaitre le résultat de la consultation: oln coupe dans les frais généraux.

à écrit le 25/01/2024 à 10:34
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En 1972, mes parents fonctionnaires de catégories B et C des PTT à Marseille , ont pu subvenir à mes besoins pour obtenir le diplôme de Sciences-Po Paris (avec une bourse de l’État en sus). Allez demander à des agents ayant le même statut d'en faire ...

le 25/01/2024 à 20:41
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Dès la fin des années 90 le champs d'accès aux études supérieures élitistes s'est rétréci à l'exemple de médecine , sous l'effet du numérus clausus les étudiants se sont inscrits à des cours privés facturés en 2000 entre 3 et 4.000 euros l'année ce ...

à écrit le 25/01/2024 à 10:02
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J’ai peine à comprendre ce saucissonnage..Quel est l’objectif? Cessez d’appliquer notre concept d’égalité comme étant l’égalité devant la Loi? Il faut cesser les politiques de redistribution (et bien sûr se concentrer sur le soutien aux plus faibles)...

à écrit le 25/01/2024 à 9:36
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En fin de compte on parle de classe "moyenne" pour éviter d'avoir honte d'être entouré de pauvre et de très riches !

à écrit le 25/01/2024 à 8:10
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"ce think tank réputé libéral " Ce n'est sémantiquement pas possible. L'eau ne peut pas être sèche, le feu mouillé, le blanc ne peut pas être noir en même temps. L'excrément n'est pas de la nourriture. Faire partie d'un groupe de pression, d'influenc...

à écrit le 24/01/2024 à 22:48
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Lorsque la France juge un travailleur doté d'un revenu mensuel de 4 000 euros comme "riche", tout est dit! 🤣

le 24/01/2024 à 23:32
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Ben c est parce que ça représente moins de 10% de la population laborieuse .. le cœur de la classe moyenne est entre 1500-3000€ max après ce sont les couches sociales supérieures … quand l alimentaire représente 38% du salaire d un smicard son logeme...

le 24/01/2024 à 23:32
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Ben c est parce que ça représente moins de 10% de la population laborieuse .. le cœur de la classe moyenne est entre 1500-3000€ max après ce sont les couches sociales supérieures … quand l alimentaire représente 38% du salaire d un smicard son logeme...

le 25/01/2024 à 9:52
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A l'époque où la formule a été prononcée, le salaire médian était autour de 1500€ nets et à 4000€ nets, on rentrait dans les 5% des plus hauts salaires. Après, la formule date et a été déformée par la droite pour qui les 4000€ devenaient les revenus ...

le 25/01/2024 à 11:49
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Ce n'est pas la même chose pour un couple de disposer d'un revenu annuel de 50.000 euros net en province et en région parisienne , à Paris un appart de 60m2 se loue 1.700 euros dans le 11e , pour moitié moins vous avez une maison avec jardin dans le ...

le 26/01/2024 à 7:44
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En Allemagne le salaire minimum est à 3500 EUR par mois

le 26/01/2024 à 10:33
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@idx : absolument, ceci dit, en province, les salaires sont souvent voisins du Smic, surtout dans ce qu'on appelle la "diagonale du vide"...

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