Complémentaires santé : des augmentations inacceptables pour le ministre de la Santé

Le gouvernement accentue la pression sur les assurances complémentaires, pointées du doigt pour leurs hausses tarifaires, encourageant consommateurs et entreprises à recourir à la concurrence.
Laurent Lequien
Aurélien Rousseau, ministre de la Santé
Aurélien Rousseau, ministre de la Santé (Crédits : e Tellec Stephane/ABACA)

« Si une hausse de 5 à 7% peut être justifiée, ce qui est déjà considérable, les augmentations allant jusqu'à 12% annoncées par certains organismes sont inadmissibles », a déclaré le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, dans un communiqué diffusé vendredi après-midi sur X (ex-Twitter), à la suite d'une réunion avec les représentants des complémentaires dans la matinée.

Il a incité les assurés avec des contrats individuels et les entreprises ayant souscrit des contrats collectifs à "pleinement faire jouer les clauses de résiliation de contrat s'ils estiment que les organismes complémentaires n'ont pas pu expliquer ces hausses", a ajouté M. Rousseau.

Le ministre a rencontré vendredi matin les représentants des trois grandes familles des assurances complémentaires (mutuelles, assureurs, institutions de prévoyance) pour discuter des futures hausses tarifaires.

Bien que la plupart de ces hausses n'aient pas encore été annoncées, les estimations des experts suggèrent qu'elles se situeront généralement entre 8 et 12%.

Les organismes complémentaires, souvent désignés à tort comme mutuelles puisque seule une partie d'entre eux ont ce statut, justifient ces hausses par l'inflation et l'augmentation nette des dépenses de santé après la crise sanitaire.

La Mutualité française, regroupant les complémentaires à statut mutualiste, estime que les dépenses de ses membres ont augmenté en moyenne de 6% sur les huit premiers mois de 2023.

« Augmentation du risque »

Les complémentaires imputent également ces hausses aux transferts de charge de l'Assurance maladie. Suite à des négociations avec les dentistes cette année, celle-ci ne rembourse plus que 60% de leurs honoraires (contre 70% auparavant), forçant les complémentaires à accroître leurs remboursements pour atténuer l'impact sur l'assuré.

Cependant, l'État estime que ces hausses ne sont pas totalement justifiées et cible en particulier les dépenses de fonctionnement jugées excessives des complémentaires.

« Il existe un manque de proactivité ou une incapacité de certains acteurs à maîtriser les coûts de gestion, ce qui nous interpelle », a souligné un proche du ministre vendredi.

Selon la Drees, les complémentaires santé consacrent environ 20% de leurs recettes au fonctionnement, un pourcentage stable depuis 2015.

Pour les assureurs complémentaires, le problème fondamental réside plutôt dans la croissance constante des dépenses de santé, imposant une hausse des cotisations.

« Ces dépenses augmentent plus rapidement que la richesse nationale, et cette tendance s'accélère », a noté Eric Chenut, président de la Mutualité française. Il est donc nécessaire de leur allouer davantage de ressources, a-t-il précisé.

Les responsabilités de l'État, de l'Assurance maladie et des complémentaires sont partagées et ils doivent coopérer, notamment dans les investissements en prévention, a-t-il ajouté.

En 2021, selon les données de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux), les complémentaires étaient tout juste à l'équilibre technique, a indiqué de son côté Florence Lustman, présidente de France Assureurs, représentant les assureurs privés.

« Depuis, les prestations ont augmenté plus rapidement que les cotisations », a-t-elle expliqué, soulignant une augmentation du risque pour les Français dans le domaine de la santé.

(avec l'AFP)

Laurent Lequien
Commentaires 14
à écrit le 16/12/2023 à 17:40
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Le caractère obligatoire de ces mutuelles pour les salariés du privé est une aberration époque Sarko. En 2026, ça va devenir obligatoire pour les agents publics. Encore une aberration.

à écrit le 16/12/2023 à 16:27
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Ils diminuent les remboursements de beaucoup de soins et notamment dentaires et après s'indignent faussement que les complémentaires doivent augmenter leurs prix. Le naufrage français continue.

le 16/12/2023 à 21:11
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Le Gvt réduit les remboursements pour faire des économies, c'est donc "bien", mais les complémentaires, elles, augmentent les tarifs, c'est "très mal". C'est ce qu'il faut retenir. Il faudrait calculer le surplus de dépenses pour voir si ça correspon...

à écrit le 16/12/2023 à 15:55
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Les elus vont vraiment tout pour plair aux electeurs et d'etre aimees. Acune prostitute ne peut faire mieux bien qi'ils aient generalement le sens d'honneur.

à écrit le 16/12/2023 à 12:57
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Les schizophrènes sont de retour !!! Ils votent des lois des normes des impôt et des prises en charges payées par personne, puis découvrent que c'est paye par quelqu'un, alors ils suggèrent de changer de contrat ce qui prouve qu'il n'ont jamais reg...

à écrit le 16/12/2023 à 12:20
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"encourageant consommateurs et entreprises à recourir à la concurrence" LOL ! Vous autres politiciens avaient tellement voté de Lois pour nous imposer de nous assurer que cette quête d'une concurrence n'existe pas où est bien trop compliquée. Par ail...

à écrit le 16/12/2023 à 12:14
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L alternative serait surtout de rendre ses complementaires facultatives. Si vous etes jeunes et en bonne santé vous pouvez tres bien vous en passer., Et pour les retraités, ils ont eut +5% de retraite en plus, ils puevent tres bien encasser +10 % de ...

à écrit le 16/12/2023 à 12:05
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C'est une fois plus du vent,de la communication.La mienne a augmenté de 25% sans justification ni arguments ou plus de prestations. Ce gouvernement comme pour l'inflation il n'a aucune volonté de se mettre qui que ce soit à dos , des incompétents de...

à écrit le 16/12/2023 à 11:55
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Quelle belle hypocrisie quand on sait que plus les primes sont élevées plus cela représente de rentrées pour ....la sécu pour financer la cmu .Car il faut bien savoir que sur les primes complémentaires santé il y a un taxe de l'ordre de 6,27% qui ser...

à écrit le 16/12/2023 à 11:44
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Si le gouvernement s'occupe des complémentaires santé comme il le fait du budget, nous aurons de légitimes inquiétudes (nos rentiers de parlementaires l'approuveront d'un coup de 49-3). A propos, le gouvernement, cet émir pétrolier, prélève combien d...

à écrit le 16/12/2023 à 11:32
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Le ministre se réveille bien trop tard, les tarifs sont déjà connus pour 2024. Les adhérents dont l'échéance est fixée au 1er janvier 2024 ont déjà reçu la facture qui est en nette augmentation.

à écrit le 16/12/2023 à 11:19
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A force de tout reporter sur les mutuelles on va pouvoir supprimer la sécu !

à écrit le 16/12/2023 à 10:01
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"Le gouvernement accentue la pression sur les assurances complémentaires...encourageant consommateurs et entreprises à recourir à la concurrence". Merci à l'État paternaliste pour ce conseil à haute valeur ajoutée: ainsi et dans la même veine: - si j...

le 16/12/2023 à 12:00
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Les complémentaires santé font payer à l'ensemble de leurs assurés les forfaits et autres dépassements d'honoraires qui ne bénéficient qu'à une minorité de ceux qui optent pour .Les surprimes étant bien inférieurs au cout réel !!

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