Coronavirus : des nationalisations envisagées face à la récession annoncée

Le gouvernement n'exclut pas de nationaliser certaines grandes entreprises en danger dans une économie française à l'arrêt avec des Français confinés et des entreprises au bord de la faillite.
(Crédits : REGIS DUVIGNAU)

"Nationalisation". Le mot est lâché. Tous les moyens à disposition seront utilisés "pour protéger les grandes entreprises françaises", a insisté, ce mardi 17 mars, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, y compris des opérations de prise de participations et même de "nationalisation si nécessaire", a-t-il ajouté. Certains groupes, à l'image d'Air France-KLM, vivent un supplice en Bourse et ont vu leur capitalisation fondre en quelques jours. Alors que l'Autorité des marchés financiers (AMF) a interdit pour 24 heures les ventes à découvert sur une centaine de titres, le gouvernement est prêt "à aller plus loin (...) jusqu'à l'interdiction d'un mois", a dit M. Le Maire.

La désorganisation des chaînes de production du fait des mesures de confinement conduit de plus en plus d'entreprises à réduire ou même à suspendre complètement leur production pour abaisser leurs coûts. Renault, PSA, Michelin, ont ainsi annoncé la fermeture de leurs usines en France, et Airbus a suspendu sa production dans le pays et en Espagne pendant quatre jours. La secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher recevra chacune des grandes filières industrielles pour faire le point sur leur situation. Bruno Le Maire s'est toutefois voulu rassurant sur la santé des grandes banques françaises. Elles "sont attaquées sur les marchés, mais elles sont très solides", a  assuré Bruno Le Maire

Pour limiter les dégâts, notamment des faillites en cascade d'entreprises, trop fragiles pour encaisser un arrêt total de leur activité pendant des semaines, le gouvernement va égalament dégainer un arsenal immédiat de 45 milliards d'euros. L'essentiel - 32 milliards d'euros - passera en report ou annulation de charges sociales et fiscales, déjà en place depuis plusieurs jours. Les dispositions de chômage partiel pour les salariés contraints de cesser de travailler coûteront 8,5 milliards d'euros sur 2 mois, a précisé Bruno Le Maire lors d'une conférence téléphonique avec la presse. "Si nous mettons autant d'argent maintenant sur la table, c'est pour aider (l'économie) à redémarrer rapidement", une fois que l'épidémie sera vaincue, a justifié M. Le Maire.

"Solidarité"

Lundi soir, Emmanuel Macron avait déjà annoncé que l'Etat allait garantir à hauteur de 300 milliards d'euros les prêts bancaires contractés par les entreprises auprès des banques. "Aucune entreprise ne sera livrée au risque de faillite", a-t-il promis, en insistant notamment sur le soutien de l'Etat aux petites entreprises. Pour celles-ci, et également pour les microentrepreneurs et les travailleurs indépendants, Bruno Le Maire a détaillé l'action du "fonds de solidarité", annoncé la semaine dernière et censé leur apporter "un filet de sécurité".

Doté de 2 milliards d'euros par mois, il soutiendra ceux qui "ont perdu, entre mars 2019 et mars 2020, 70% de leur chiffre d'affaires". "On va faire simple. On va faire massif et on va faire solidaire", a insisté le ministre de l'Economie. Conséquence logique de cette mobilisation massive : la dette publique dépassera la barre des 100% du PIB cette année a prévenu Bruno Le Maire.  "Il y a aussi une guerre économique et financière. (...) Elle sera durable, elle sera violente, elle doit mobiliser toutes nos forces", a martelé mardi matin le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur RTL, au lendemain de la déclaration de "guerre" d'Emmanuel Macron contre le Covid-19. Le président de la République a instauré des restrictions strictes de déplacement pour la population, qui vont encore augmenter l'impact de l'épidémie sur l'économie, alors que de nombreuses entreprises sont déjà au bord de l'asphyxie.

"La guerre sanitaire, j'espère que c'est une affaire de semaines. La guerre économique et financière, c'est une affaire de mois. Il faudra donc du temps pour faire redémarrer l'économie, pour lui redonner toute sa puissance", a encore insisté Bruno Le Maire. En attendant, la France va plonger dans la récession cette année, a prévenu le ministre. Le PIB devrait reculer de 1% en 2020, loin de la croissance de 1,3% prévue par le gouvernement avant l'apparition du virus. Mais il a insisté sur le fait que cette prévision était "provisoire", en fonction "de l'évolution de l'épidémie dans les semaines à venir et de notre capacité à surmonter cette crise".

Commentaires 6
à écrit le 14/04/2020 à 11:31
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Il faut de toute urgence nationaliser les banques pas les sociétés polluantes qui ne doivent plus rester actives dans la suite de la transition écologique. Nous ne voulons plus de socialisation des pertes et privatisation des bénéfices, çasuffit.

à écrit le 14/04/2020 à 11:30
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Il faut de toute urgence nationaliser les banques pas les sociétés polluantes qui ne doivent plus rester actives dans la suite de la transition écologique.

à écrit le 17/03/2020 à 14:41
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Nationalisation des pertes, privatisation des bénéfices: la base du capitalisme, rien d'étonnant.

à écrit le 17/03/2020 à 14:04
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Sachant que la France fait très péniblement 1% de croissance quand les autres font plus de 3% j'ai du mal à croire que la contraction ne doit que de 1%. Je dirai qu'à l'échelle de l EU la baisse sera beaucoup plus marquée...3, 4 voire moins 5%....mai...

à écrit le 17/03/2020 à 13:11
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Là il va falloir expliquer aux gens habitués à la sémantique austère liée à la dette pourquoi il y a un mois on leur disait qu'il fallait qu'ils saignent encore plus encore plus longtemps afin d'éviter une faillite et qu'actuellement les milliards pl...

le 17/03/2020 à 13:41
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boh quand la crise est terminee et que ca revient dans les clous, y aura deux trois points de tva pour payer tout ca ' cette anti austerite', comme on dit............. la tva ca marche comme l'inflation, c'est dans milton friedman ' inflation et sys...

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