Covid-19 : la France est-elle armée pour éviter une quatrième vague ?

Augmentation du séquençage, amélioration du traçage, isolement plus coercitif : la France est-elle désormais outillée pour "traquer le virus", comme le promet le gouvernement, et éviter une quatrième vague de Covid-19 due au variant Delta?
(Crédits : Dado Ruvic)

Alors que le variant Delta, qui a déclenché une vague meurtrière en Inde il y a quelques mois et sévit actuellement au Royaume-Uni, menace la France, l'Hexagone est-il vraiment armé pour éviter une quatrième vague épidémique ?

La vaccination ne suffira pas

C'est le rempart le plus efficace, mais "la stratégie vaccinale seule ne suffit pas" pour éviter "des vagues ou un rebond trop important", prévient l'épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à l'université de Genève.

Avec un variant Delta considéré comme 40% à 80% plus contagieux que l'Alpha, "le niveau d'exigence de la couverture vaccinale minimum est plus élevé que ce qu'on pensait au départ", dit-il à l'AFP.

Il faudrait "85% de personnes immunisées pour que l'épidémie s'arrête", évalue Pascal Crépey, chercheur en biostatistiques à l'EHESP. Pour l'instant, seul un tiers de la population est complètement vacciné en France et le gouvernement table sur 35 millions de personnes fin août, soit 52%.

Il faut donc "coupler la vaccination avec une stratégie de circulation minimale du virus très offensive", plaide le Pr Flahault. La bonne nouvelle, c'est que la France est "mieux armée" que l'été dernier pour empêcher que le scénario de la vague automnale se répète.

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Utiliser l'embellie estivale

Le reflux de l'épidémie redonne de l'efficacité aux mesures classiques (dépistage, traçage, isolement), débordées lorsque des dizaines de milliers de nouveaux cas sont détectés chaque jour. Le président Emmanuel Macron avait évoqué en novembre un seuil de 5.000 cas par jour, en deçà duquel il est possible d'identifier rapidement les malades et leurs contacts.

Cet hiver, l'objectif n'avait pas été atteint, mais c'est désormais le cas. La semaine dernière, le pays est même passé sous les 2.000 nouveaux cas quotidiens en moyenne.

"Ce n'est plus le virus qui nous traque, c'est nous qui le traquons", a récemment assuré le ministre de la Santé, Olivier Véran, au Journal du dimanche. Le renforcement du dispositif "tester-tracer-isoler" doit permettre de répondre au risque que représentent les réouvertures et le relâchement estival, explique le ministère de la Santé.

Ces semaines d'accalmie "permettent un transfert de compétence des citoyens vers les autorités de santé", juge Antoine Flahault. Quand le virus flambe, les individus ont le sort de l'épidémie "entre leurs mains", en limitant leurs interactions et en respectant les gestes barrière. Mais en période de reflux, il revient au gouvernement de "reprendre la main, en laissant libres les citoyens".

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Un dépistage à perfectionner

Les autotests et les tests salivaires, présentés comme des outils complémentaires des tests PCR et antigéniques, ont fait des débuts poussifs.

De nombreux pharmaciens constatent que les premiers n'ont pas trouvé leur public, tandis que les seconds, majoritairement réalisés dans le cadre de campagnes de dépistage dans les établissements scolaires, n'ont jamais dépassé les 300.000 par semaine, et sont en nette baisse.

Olivier Véran a promis des autotests gratuits cet été, avec 7,5 millions de kits distribués sur la route des vacances, les lieux de villégiature, dans les centres de loisirs et auprès des publics précaires.

Malgré l'insouciance estivale, "quand les gens ont des symptômes, même de rhume, même pas très spécifiques, il ne faut pas qu'ils hésitent à se faire tester rapidement", a encouragé l'épidémiologiste Dominique Costagliola sur Public Sénat.

Et à la rentrée, l'enjeu sera "le dépistage massif au niveau des écoles, parce qu'on sait que c'est dans cette population" non vaccinée "que va courir le virus", a estimé le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy sur France Inter.

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Séquençage: plus et mieux

Le séquençage des virus permet de repérer les variants et de savoir comment ils circulent.

D'abord largement jugées insuffisantes, les capacités de séquençage publiques, dispersées sur quatre plateformes spécialisées et plusieurs laboratoires hospitaliers, ont été progressivement renforcées et coordonnées, au sein d'un consortium.

Depuis son lancement fin janvier, 79.011 prélèvements positifs ont été séquencés, contre environ 2.000 séquences en 2020, soit "un bond très important en peu de temps", a souligné Yazdan Yazdanpanah, directeur de l'agence ANRS-MIE.

On est toutefois encore loin de l'objectif des 10.000 séquences par semaine un temps annoncé. Des laboratoires privés vont être associés à cet effort et devraient bientôt permettre de "doubler les capacités des quatre plateformes" publiques, selon Santé publique France. Mais le nom des laboratoires sélectionnés ne sera connu qu'"autour du 27 juillet".

Un "accouchement douloureux" qui a fait perdre un temps précieux, juge auprès de l'AFP François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes, qui représente le secteur privé.

Pour Bruno Lina, responsable du Centre national de référence des virus respiratoires à Lyon, "le volume ne fait pas tout". L'enjeu est surtout de "pouvoir éclairer ce que signifie l'émergence des variants et être en capacité de détecter" les nouveaux.

"Le séquençage doit être systématique", estime en revanche Antoine Flahault, selon qui cela peut "aider au traçage des contaminations".

Traçage rétrospectif

La baisse du nombre de contaminations a permis à l'Assurance maladie de mettre en place une autre mesure préconisée de longue date : en parallèle du traçage classique des cas contacts, ses équipes vont généraliser le traçage rétrospectif, pratiqué notamment au Japon.

Les patients positifs étaient jusqu'ici interrogés sur leurs contacts en remontant sur 48 heures pour les symptomatiques et 7 jours pour les asymptomatiques, pour identifier les personnes qu'ils auraient pu infecter.

Désormais le questionnaire porte aussi sur les 10 jours avant leur test, pour cerner "les raisons, les éléments ou les moments de contamination, plus ou moins collectifs, qui ont pu être la source de cette contamination", décrit Pierre Rousseau, directeur général de la CPAM de Loire-Atlantique.

Avec cette technique, "vous augmentez vos chances d'identifier" des personnes contaminées "que vous avez ratées avec le traçage classique" et d'identifier "des événements de super-propagation", explique à l'AFP Samuel Alizon, biologiste au CNRS, spécialiste de la modélisation des maladies infectieuses.

En effet, seulement 10% des personnes infectées par le coronavirus vont contaminer deux personnes ou plus. "C'est ces gens là", parfois appelés superpropagateurs, "qui sont des moteurs de l'épidémie et qu'il faut retrouver", abonde Antoine Flahault.

Isolement et contrôle aux frontières

Depuis l'émergence des variants Beta, Gamma et Delta, les autorités ont durci les conditions d'isolement, mettant progressivement en place une quarantaine obligatoire pour les voyageurs en provenance de pays à risque.

Lors de l'extension de cette mesure au Royaume-Uni, fin mai, il a toutefois été précisé que "le dispositif de contrôle systématique à domicile ne leur sera(it) pas appliqué".

Des médecins et des élus ont par ailleurs critiqué la possibilité laissée aux personnes à l'isolement de sortir à certaines heures de la journée.

Interrogé sur l'opportunité de restreindre drastiquement les vols avec les pays concernés, le Pr Delfraissy a estimé qu'il était "déjà trop tard" pour espérer empêcher ainsi la progression du variant Delta.

Concernant les cas positifs à ce variant sur le territoire, le ministre de la Santé a annoncé le 20 juin un cadre "plus coercitif", avec la possibilité pour les préfets de prendre des mesures de quarantaine pour ceux qui ne répondraient pas aux équipes de traçage ou ne respecteraient pas les recommandations.

Commentaires 26
à écrit le 06/07/2021 à 20:32
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Preuve supplémentaire que les injections ne servent à rien ! Pas plus que les mesures coercitives... dont on nous conditionne déjà pour la rentrée. Une dictature techno-sanitaire qu'on nous déroule sur un tapis rouge... il serait peut-être temps de...

à écrit le 04/07/2021 à 16:36
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En janvier, un rapport du service de renseignement des forces de défense israéliennes pdf mettait en garde contre le fait que le programme de vaccination de masse en Israël pourrait créer une mutation résistante aux vaccins Covid-19... Lire "Les vacc...

le 04/07/2021 à 18:58
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Vous toucher un tabou qui n'est pas admis dans le discour public . Mais je pense que c'est la triste réalité. On aurait soisgné correctement les personnes malades , ils n'y aurait pas eu de variants c'est acquis pour beaucoup.

à écrit le 04/07/2021 à 13:40
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La 4 ème vague est inévitable même si tout le monde se vaccine : Cause ? La finale de Match de Foot à Londres ! Une excuse pour étendre le delta ( indien ) sur toute l’Europe ! Souvenez du premier cluster , avec les 20000 qui se sont tenus les m...

le 04/07/2021 à 18:07
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"Une excuse pour étendre le delta ( indien ) sur toute l’Europe !" Il est déjà périmé le delta voici le delta plus ,il lave encore plus blanc Quand un variant mute à son tour: le variant "delta plus" est une évolution du variant delta, nettemen...

à écrit le 04/07/2021 à 13:02
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Beaucoup de gens baissent la garde,je le vois tous les jours:masques sous le nez donc inneficaces,pas de désinfection des mains à l'entrée des commerces.... On peut toujours critiquer le gouvernement mais certains donnent le bâton pour se faire batt...

le 04/07/2021 à 18:38
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« En fait, ça fait des années qu’à chaque fois qu’on distribue du Smecta ou de l’Imodium au comptoir, on dit aux gens de se laver les mains, de ne pas embrasser leurs enfants… Voilà, on voit les effets aujourd’hui. »Nicolas Verdier, président du synd...

à écrit le 04/07/2021 à 11:59
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La France peut éviter cette 4 vague. Nous sommes le pays au monde à avoir respecter le plus de restrictions aussi longtemps. Même si les médias annoncent souvent les futurs vague 4 mois en avance.

à écrit le 04/07/2021 à 10:26
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On se doute que les gens les plus effrayés, et vu les hurlements des médias de masse depuis plus d'un an on les comprend parfaitement, ont du se faire vacciner les premiers et sont donc normalement protégés ne risquant rien mais pourtant ils demanden...

à écrit le 04/07/2021 à 10:00
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ARTICLE 7.3.2 Article 731 S' assurer que les citoyens et citoyennes sont informés que la vaccination n' est pas obligatoire et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se faire vacciner s' il ou elle ne sou...

à écrit le 04/07/2021 à 8:00
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Covid-19 : la France est-elle armée pour éviter une quatrième vague ? Clairement NON. Il suffit de regarder au quotidien les gens au touche touche sans masque sur le parcours du tour de France. Pendant ce temps ça bavarde..

le 04/07/2021 à 10:24
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Tout ces gens qui veulent vivre c'est franchement intolérable ! :-)

à écrit le 03/07/2021 à 23:58
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Pour en rajouter une couche par rapport à Delfraissy qui pense qu'il est trop tard pour limiter le transport aérien, je pense qu'il faudrait arrêter complètement le transport aérien, vecteur principal de transmission.

à écrit le 03/07/2021 à 18:21
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L'ombre du delta plane ?

à écrit le 03/07/2021 à 12:02
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QUEL GOUVERNEMENT!!!!! INCAPABLE de prendre une decision dans l'interet general en imposant la vaccination!!! la rue gouverne , pas étonnante cette abstention,

le 03/07/2021 à 17:37
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Ne vous déplaise l'intérêt général ce n'est pas vacciner de force les porteurs sains mais de protéger les personnes vulnérables si elles le désirent. Jusqu'à preuve du contraire, la démocratie ce n'est pas mettre une population sous la tuturell...

le 03/07/2021 à 18:21
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On dirait du Emmanuel Lechypre sur BFM ;le petit dictateur d’opérette.

à écrit le 03/07/2021 à 12:00
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La France n'a pas besoin de "s'armer", puisqu'elle est son propre ennemi ? Qui décrète l'existence d'une vague, sinon l'état français lui-même ? Qui a bloqué toute l'économie, depuis plus d'un an ? Sinon l'état français ? Il y aura une quatrième vagu...

à écrit le 03/07/2021 à 11:38
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Attestez de pleurnicher et regarder la situation en face : 111000 morts ça ne compte pas? Puis tous les européens et pays asiatiques ( la Corée du Sud est bien plus coercitives alors que c’est un régime démocratique) faut savoir ce d se je l on veut ...

le 03/07/2021 à 14:19
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Croire que l'on reviendra à la normale est curieux pour quelqu'un qui prétend être dans la réflexion à long terme. Et témoigne au mieux d'une naïveté touchante , au pire d'un cynisme bien contemporain.

à écrit le 03/07/2021 à 11:33
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Même pas peur.

à écrit le 03/07/2021 à 10:56
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La France n'est pas armée pour une quatrième vague, et le confinement qui va avec. La preuve, c'est qu'ils les annoncent déjà pour la rentrée de septembre. A moins qu'il y ait d'autres objectifs politiques beaucoup moins avouables...

le 03/07/2021 à 11:34
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Votre allégation complotiste vous résume bien … je vous invite à vous rendre dans les hôpitaux pour voir ce la réalité de ce qu est le covid …. Même si le volume baisse la dangerosité est la … et on ne connaît pas les effets à moyen-long terme … ce...

le 03/07/2021 à 16:24
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@Brehat Je dois probablement avoir des oeillères mais récemment j'ai plus observé de morts sur la route que de morts de covidés s'écroulant sur le trottoir..

le 05/07/2021 à 0:10
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Réponse à Brehat : qui vous parle de complot ? Il s'agit simplement d'histoire contemporaine, de sociologie et d'économie. Il vrai que le déni est une forme de protection.

à écrit le 03/07/2021 à 10:12
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État d'urgence, mesures Coercitives= atteintes aux libertés individuelles, à l'intégrité du corps, déni démocratique. La France, État néo liberalo staliniste...un comble ? Non.

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