Discothèques : face au spectre d'une quatrième vague, une réouverture moins festive que prévu

Au lendemain de la réouverture, plus ou moins sans encombre, des boites de nuit, les patrons craignent l'annonce de nouvelles mesures dès lundi. Alors que moins d'un tiers des établissement ont rouvert face aux restrictions actuelles.
Seulement 30% des discothèques ont rouvert le 9 juillet, selon le ministre de la Santé.
Seulement 30% des discothèques ont rouvert le 9 juillet, selon le ministre de la Santé. (Crédits : NOEMIE OLIVE)

Alors qu'ils attendaient depuis seize mois pour retrouver les pistes de danse, certains fêtards ont vite déchanté vendredi soir à la réouverture des discothèques. Les clients devaient en effet se munir d'un pass sanitaire - preuve de vaccination complète depuis au moins 14 jours, test PCR ou antigénique négatif de moins de 48 heures, ou preuve d'une contamination au Covid entre six mois et quinze jours plus tôt - pour pouvoir entrer dans ces établissements, une logistique pas forcément simple à organiser.

"Avant, on avait peur de se faire recaler en boîte. Maintenant on a peur de se faire recaler à cause du pass sanitaire", dit François, 24 ans, à Paris, devant le Sacré.

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Les agents de sécurité refusent en effet les captures d'écran de test négatif, par peur de la falsification. En l'absence de QR code, ils demandent le mail du laboratoire avec le résultat.

Une tente devant l'établissement pour faire le test

Pour résoudre le problème, alors que seulement un jeune sur cinq entre 18-29 ans est complètement vacciné, le Sacré a fait installer une tente dans la rue pour tester en 15 minutes, en partenariat avec une pharmacie.

Ces scènes se reproduisaient dans toute la France, devant les discothèques qui ont effectivement rouvert - seulement 30%, selon le ministre de la Santé.

Les plus petites ont souvent jugé inutile de rouvrir à moins de 100% - la jauge étant fixée à 75% de la capacité habituelle - ou préféraient conserver la totalité de leurs aides publiques.

Le strict protocole sanitaire imposé par le gouvernement a en effet dissuadé la plupart de reprendre leur activité. L'Association française des exploitants de discothèque et dancing (Afedd), qui a effectué un sondage auprès des établissements, estimait vendredi que trois discothèques sur quatre ne pourraient pas rouvrir le 9 juillet. Les raisons invoquées sont à la fois sanitaires (système de ventilation aux normes), sécuritaires et économiques. Une discothèque n'est en effet rentable qu'à partir du moment où son taux de remplissage atteint 85 à 90%, ajoutait l'Afedd.

De plus, cette réouverture, tant réclamée par la profession qui avait accepté le principe du pass sanitaire, tombe mal.

"Le timing n'est pas le bon, car nous avons un taux d'incidence qui est très élevé et un taux de vaccination qui n'est pas suffisant", indiquait un représentant de l'Afedd. "Nous devons être garants de la santé des gens que nous recevons. Et dans les conditions actuelles, ce n'est pas évident".

La progression du variant Delta, 60% plus contagieux que les souches précédentes, rapproche l'arrivée d'une quatrième vague de Covid-19. Dès ce weekend, il sera probablement majoritaire en France, estimait Olivier Véran le 9 juillet.

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Le membre du Conseil scientifique Arnaud Fontanet a redit vendredi le consensus médical sur les lieux clos et mal aérés: les discothèques sont "clairement un endroit à risque par rapport à l'émergence de ce variant".

Au-delà du risque juridique que cela implique, "on ne veut pas être montré du doigt en disant que la quatrième vague est due aux discothèques", ajoute l'Afedd qui aurait préféré attendre une réouverture au 1er octobre, pour reprendre dans de meilleures conditions, en supposant que la situation sanitaire s'améliore d'ici-là.

La crainte de la quatrième vague

Néanmoins, certains danseurs ont quand même eu le plaisir de trouver ces lieux de fête, sans encombre. Au Mistral, boîte historique d'Aix-en-Provence, l'entrée - sur réservation - était fluide, tout le monde a son pass et "on retrouve le goût de la vie", sourit Lucie, une cliente.

A Bordeaux, le public des boîtes de nuit est arrivé par petits groupes, et ce n'était pas l'affluence des grands soirs. Devant Le Monseigneur, où des policiers sont passés voir le déroulement des contrôles à l'entrée, les cinq vigiles envoient des files de fêtards sans QR code à la pharmacie de garde pour réclamer des tests antigéniques.

"Ce n'est pas évident à gérer", reconnaît le patron, Sébastien Labeyrie, "intraitable" sur le pass sanitaire, tandis que des rumeurs se répandent déjà sur les discothèques plus ou moins souples à l'entrée.

De plus, la menace de la quatrième vague inquiète ces patrons qui pourraient voir leurs établissements se refermer. Emmanuel Macron s'adressera aux Français lundi à 20H00 pour annoncer d'éventuelles nouvelles mesures de restriction.

A l'étranger, la Catalogne, qui avait rouvert ses discothèques le 21 juin dernier, vient par ailleurs de les fermer à nouveau à cause d'une flambée épidémique.

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(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 10/07/2021 à 12:05
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Les boites de nuit sont elles essentielles à la économie? Qu apportent elles à la société? Ces questions plus élargies auraient eu le mérite de approfondir le sujet …

le 11/07/2021 à 9:40
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les c ne sont pas indispensables est pourtant ils pourissent la vie les ecolos aussi et conbien d'autres si vous ne voulez pas vivre en france vous devez partir personne ne vous retiens

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