Elections à la tête du Medef : Dominique Carlac'h veut jouer la carte de la modernité

Elle est la challenger face à Patrick Martin, parti favori. Dominique Carlach a présenté ce mercredi 23 mai son programme. Des propositions classiques - baisse des charges, soutien des entreprises à l'international, encouragement de la croissance - mais aussi quelques pas de côtés.
Fanny Guinochet
Dominique Carlac'h.
Dominique Carlac'h. (Crédits : DR)

Forte de ses 350 parrainages, et des ralliements des autres candidats à la présidence du Medef - celui de Pierre Brajeux, d'Olivier Klotz, et Guillaume Cairou -, Dominique Carlac'h a dévoilé ce mercredi 24 mai son programme.

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A 54 ans, la fondatrice du cabinet de conseil en innovation D&Consultants répète qu'elle est là pour gagner. Alors même que Patrick Martin semble avoir une longueur d'avance dans cette élection, en ayant rallié derrière lui des fédérations aussi puissantes que la métallurgie (UIMM) ou le bâtiment, cette ancienne sportive ne s'avoue pas vaincue.

Un programme qui se veut moderne et sociétal

Elle a intitulé son programme : « L'envie d'entreprendre ensemble », voulant son projet rassembleur et moderne. Aussi a-t-elle ajouté autour de sa vingtaine de propositions le slogan, « bâtir un Medef de notre temps ». Façon de signifier sa volonté d'apparaître comme plus moderne que son concurrent, qui souvent se qualifie lui-même « de classique ou même rétrograde ». Dominique Carlac'h souhaite préparer le Medef de 2030.

Elle reconnait toutefois que les fondamentaux sont les mêmes que ceux de son compétiteur. Et pour cause, elle aussi était dans l'équipe de Goeffroy Roux de Bézieux, le sortant. En plus d'être vice-présidente, elle était sa porte-parole :  « Forcément, avec Patrick, nous sommes tous les deux issus de l'organisation patronale... Notre programme va dans le même sens :  moins de charges, moins d'impôts, plus de liberté pour les entrepreneurs ».

Comme Patrick Martin, elle plaide par exemple pour une pause réglementaire en matière de normes, afin de développer l'innovation. Comme lui, elle milite pour un renforcement de l'apprentissage, de la formation, des compétences, pour faciliter les reconversions. Idem sur le besoin impérieux de stimuler la croissance - elle, non plus, n'est pas une adepte de la décroissance - et l'urgence de soutenir la  compétitivité et la souveraineté des entreprises françaises face à la concurrence internationale.

S'adapter au nouveau rapport au travail

En revanche, Dominique Carlac'h insiste, bien plus que Patrick Martin, sur le rapport au travail, en plein bouleversement depuis le Covid. Si elle est élue, ce sera d'ailleurs sa priorité, explique-t-elle : « Nous employeurs, nous devons changer notre logiciel, si nous ne voulons pas subir. Il nous faut mener un diagnostic partagé sur cette question fondamentale avec les syndicats. Et réfléchir à une doctrine de fond pour le Medef sur l'organisation du travail, le sens qu'on lui donne, la façon d'inciter à l'activité, pour renforcer les taux d'emploi ». Ainsi, elle n'hésite pas à mettre sur la table des questions de parentalité, d'alimentation, de dépendance... Souvent peu abordées au sein de l'organisation patronale.

Parmi les mesures qui la distinguent, la nécessité de se battre, selon elle, pour baisser le coût du travail des employés les plus qualifiés, afin de rester dans la course avec les Indiens, ou les Chinois. « Sans quoi, nous allons vite nous paupériser », prédit-elle. Autre sujet qui sera en haut de la pile de dossiers si le 6 juillet elle succède à Geoffroy Roux de Bézieux : l'emploi des seniors. Dominique Carlac'h milite pour l'ouverture d'une négociation avec les syndicats comme le souhaite le gouvernement.

Un pas de côté vis à vis du sortant

Surtout, elle assure ne pas vouloir être « prisonnière de la continuité ». Certes, elle est loyale à Geoffroy Roux de Bézieux, mais n'hésite pas à s'en démarquer. L'exercice n'est pas facile, car dans cet univers feutré, il s'agit de ne vexer personne.

Reste que sur les transformations écologiques à venir, son impatience pointe. Impossible, selon elle, de s'en tenir au seul coût chiffré pour les entreprises de cette transition. La quinquagénaire vante donc les mérites d'un mix énergétique comprenant le nucléaire, mais aussi des énergies renouvelables. Elle promet d'encourager la recherche verte.

Les débats pour changer la donne

De la même façon, elle se refuse à mettre en avant le fait qu'elle soit une femme, dans un monde patronal très masculin, tout en soulignant la facilité supposée qu'elle aura à travailler avec ses homologues de la CGT, Sophie Binet, ou encore Marylise Léon à la CFDT, qu'elle a eu l'occasion de côtoyer.

Reste qu'un peu plus d'un mois avant le scrutin, Dominique Carlac'h reste relativement seule. Malgré la présentation de son programme, mis en scène entourée de chefs d'entreprises, les soutiens de poids peinent à se dévoiler. Les faiseurs de rois comme les grandes fédérations, qui pourraient prendre position pour elle, tardent à sortir du bois.

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Dans les prochains jours, plusieurs débats entre les deux rivaux vont se tenir, à la télévision et face aux adhérents du Medef. L'occasion pour Dominique Carlac'h de créer la surprise. Et peut-être de rattraper son retard.

Fanny Guinochet
Commentaires 3
à écrit le 25/05/2023 à 9:27
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Je pense que chatgepeto ferait mieux comme proposition " ...baisse des charges, soutien des entreprise..."

à écrit le 25/05/2023 à 9:26
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Medvedef : la dictature du vedettariat...

à écrit le 24/05/2023 à 16:45
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Du basique, rien que du basique tourné vers l'extérieur des frontières tout en profitant de la bienveillance française !

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