Emploi : près de 30% des entreprises ont des difficultés à recruter

Les pénuries de main-d'oeuvre persistent en France. Sur 56% d'entreprises ayant des objectifs de recrutement, 29% ont des difficultés pour embaucher, selon la Grande consultation des entrepreneurs (GCE) menée par Opinion Way pour CCI France, La Tribune et LCI.
Grégoire Normand
Une partie importante des répondants indique même des pertes de clients (26%) ou un allongement des délais de production (24%).
Une partie importante des répondants indique même des pertes de clients (26%) ou un allongement des délais de production (24%). (Crédits : Reuters)

L'embauche de nouveaux salariés se transforme parfois en parcours du combattant. Entre les départs précipités, l'inadéquation entre les candidatures reçues et les profils recherchés, le déficit d'attractivité dans certains secteurs, les entreprises mettent parfois des mois, voire des années à trouver le bon profil. Et la situation est loin de s'arranger en France. D'après la dernière Grande consultation des entrepreneurs réalisée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI, sur 56% des entreprises qui ont exprimé ces douze derniers mois leur intention de recruter, 29% n'ont pas atteint leurs objectifs. Dans le détail, seules 17% ont réussi en partie à remplir ces objectifs et 12% pas du tout.

A l'opposé, 27% ont complètement réussi et 44% n'avaient pas prévu de recrutements. Sans surprise, les obstacles sont plus fréquents dans l'industrie et la construction et moins répandus dans les services. « Il y a un véritable problème de pénurie. Ces pénuries de main-d'oeuvre s'expliquent par un manque d'anticipation sur les métiers de demain et les métiers en tension », a affirmé Alain Di Crezcenso, président de CCI France lors d'un point presse ce jeudi 6 avril.

Dans les récentes enquêtes menées par l'Association pour l'emploi des cadres (APEC), les entreprises ont également fait part de toutes ces difficultés. Le directeur général de l'organisation paritaire Gilles Gâteau a expliqué que c'était une préoccupation majeure lors d'un point presse cette semaine. « La guerre en Ukraine et la crise énergétique n'ont pas dissuadé les entreprises d'embaucher des cadres », a-t-il déclaré. 2023 pourrait à nouveau dépasser la barre des 300.000 recrutements pour la seconde année consécutive. Toutes ces pénuries de main-d'oeuvre résultent en partie de l'amélioration du marché du travail mais aussi d'une relation au travail bouleversée depuis la pandémie. De nombreux secteurs fonctionnant en horaires décalés (hôtellerie-restauration) ou avec des conditions de travail jugées pénibles sont toujours en manque de bras.

Lire aussiCadres : la barre des 300.000 recrutements pourrait être à nouveau franchie en 2023

Raréfaction des profils recherchés dans les bassins d'emploi

La première cause évoquée par les entreprises (60%) est que les profils recherchés sont trop rares dans leur bassin d'emploi. Ce taux atteint même 70% dans le secteur industriel contre 57% dans les services. Le second motif le plus souvent mentionné (26%) par les entreprises interrogées est que le profil des candidats n'était pas satisfaisant.

Les dirigeants évoquent enfin à niveau égal la concurrence des entreprises sur leur territoire (21%) et les exigences jugées importantes des candidats (21%). A l'opposé, une très faible proportion (4%) estime que leur entreprise manque d'attractivité ou de ressource en interne pour recruter (5%).

Fatigue, désorganisation, perte de clients... des conséquences néfastes en cascade

Tous ces obstacles ont incontestablement des répercussions sur l'activité des entreprises et le moral des salariés. Parmi les conséquences évoquées, la première est la fatigue sur les salariés (59%). Arrivent ensuite la désorganisation des entreprises (38%), des renoncements à accepter des commandes ou des clients (31%), des commandes (31%), ou encore une perte de rentabilité (28%).

Une partie importante des répondants indique même des pertes de clients (26%) ou un allongement des délais de production (24%). Parfois, ces conséquences en cascade peuvent se cumuler pouvant représenter un risque pour la viabilité des entreprises.

55% des entreprises ressentent les effets du coût de l'énergie

Les prix de l'énergie continuent de peser sur l'économie tricolore. Malgré une chute enregistrée sur les prix pétroliers et certaines matières premières, 55% des entreprises affirment encore ressentir les effets de l'envolée des prix de l'énergie. C'est trois points de plus que lors de la précédente enquête menée en janvier 2023. Sans surprise, l'industrie est en première ligne (70%). Viennent ensuite le commerce (66%), la construction (51%) et les services (50%).

Comment expliquer le paradoxe du ralentissement des prix et de la hausse des effets ressentis ? Depuis le premier janvier dernier, le gouvernement a modifié les paramètres du bouclier tarifaire en limitant la hausse à 15% après un gel des prix pendant plus d'un an. En outre, plusieurs milliers d'entreprises ont dû renégocier leurs contrats d'approvisionnement en énergie dans un contexte de crise énergétique.

Ce qui a pu avoir des répercussions sur les factures des entreprises. « En janvier, beaucoup d'entreprises n'avaient pas encore renégocié leurs contrats d'énergie »a précisé Alain Di Crescenzo. Autant dire que la déflagration des prix de l'énergie sur les coûts de production risque de se prolonger.

Méthode : Étude réalisée auprès d'un échantillon de 1.013 dirigeants d'entreprise. L'échantillon a été réalisé par téléphone du 9 au 17 mars 2023. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation.

Grégoire Normand
Commentaires 9
à écrit le 01/06/2023 à 4:16
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Pour moi, il existe des difficultés de recrutement existent uniquement si les critères suivants existent : _ Être forcé à former des collaborateurs qui n'ont rien à voir avec le poste _ Licencié un salarié uniquement lorsque l'on a une certitude e...

à écrit le 07/04/2023 à 6:01
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Tl n'y a rien de plus courant pour un centre d'appel de recruter des personnes titulaires d'un doctorat en sciences voire des Master en AES ou sciences éco et de les rémunérer au SMIC avec des contrats à durée déterminée qui se succèdent à vie, rémun...

à écrit le 07/04/2023 à 0:52
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Un bon profil pour une entreprise française c'est un bac +5 ingénieur à 2000 par mois. Étonnant qu'ils ne trouvent pas grand monde ? Le travail ne paye pas car les français sont taxés jusqu'à n'en plus pouvoir.

le 07/04/2023 à 7:46
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C'est mon cas en travaillant aux 4/5eme, et après 30 ans d'expérience

à écrit le 06/04/2023 à 21:40
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Les entreprises ayant du mal à recruter ont souvent tendance à payer moins que la moyenne et ont souvent d'autres problèmes (organisation déficiente, management arriéré...)

à écrit le 06/04/2023 à 20:40
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"trouver le bon profil " qui n'existe peut-être pas ! du plombier zingueur à l'ingénieur IA et à ce stade la balle est dans le camp des recruteurs en formant en interne et ça marche .Une notaire expliquait que faute de trouver des clercs qualifiés el...

le 01/06/2023 à 4:19
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Très peu d'employeurs fonctionnent comme votre notaire. La plupart se contentent de pleurer sur BFM business.

à écrit le 06/04/2023 à 20:30
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Oui, et ? C'est tout à fait normal, que les entreprises aient du mal à recruter, ça veut dire que le marché de l'emploi est à l'équilibre. Des entreprises en tension, recruteront des travailleurs plus âgés, moins qualifiés, bref, seront moins regarda...

à écrit le 06/04/2023 à 20:27
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Bonjour, Les entreprises cherche des individus sur qualifiés et souhaitent paies au smic... S'est le cas partout en France, sauf dans les grandes villes... ou la la main d'œuvre est particulièrement recherché.....

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