Et si Macron annonçait sa candidature à Marseille ?

POLITISCOPE. Il ne manque plus que lui pour que le casting soit complet : Emmanuel Macron se fait attendre, mais ses soutiens se préparent. La République en Marche a ouvert le site de campagne (Avecvous2022). Et on parle d'une date possible pour officialiser l'évidence, lors d'un déplacement début février à Marseille. Un scénario qui en vaut bien d'autres et qui n'est pas sans arrière-pensées politiques.
Marc Endeweld
(Crédits : POOL)

Depuis quelques heures, les rumeurs vont bon train dans les rédactions : Emmanuel Macron serait sur le point de présenter officiellement sa candidature à l'élection présidentielle. La République en Marche a ouvert ce jeudi ce qui devrait servir de site de campagne : Avecvous2022. Jusqu'alors, la macronie était plutôt encline à relayer d'autres éléments de langage auprès des journalistes : selon ces « offs » de la fin d'année et du début janvier, il était acté que le président allait se présenter le plus tardivement possible, façon François Mitterrand 1988 (33 jours avant le premier tour !)...

Peu de gens s'en souviennent (ou le rappellent), mais cette idée de se déclarer le plus tardivement possible, Nicolas Sarkozy l'avait eu également en 2012 dans un premier temps... sans finalement s'y tenir. À l'époque, face au succès du grand meeting de François Hollande au Bourget, celui qui était alors le président avait dû se résoudre à se présenter dès février, entamant alors une campagne marathon, avec de multiples meetings (forts coûteux...).

Décidément, l'histoire se répète. Jusqu'à encore récemment, les commentateurs pensaient qu'Emmanuel Macron allait entrer en campagne progressivement, sans vraiment le dire (il a d'ailleurs commencé de nombreux déplacements en ce sens depuis juin dernier). Sur le papier, l'idée était de profiter au maximum de sa « présidence » de l'Union européenne, comme s'il pouvait rester en surplomb, au-dessus de ses concurrents.

Las ! La semaine dernière, son discours devant le parlement européen l'a ramené malgré lui dans l'arène de la politique nationale et de la campagne : alors qu'un président français n'a jamais à s'expliquer devant l'Assemblée Nationale, il a dû cette fois-ci répondre aux invectives de Yannick Jadot et des représentants des différentes oppositions françaises. Autres contrariétés pour Emmanuel Macron : malgré un trou d'air d'Éric Zemmour dans les sondages, le candidat de la droite extrême engrange les soutiens et multiplie les meetings qui sont autant de démonstrations de force. De l'autre côté du spectre politique, Jean-Luc Mélenchon engrange lui aussi les soutiens (la dernière en date étant une écologiste venue des rangs de Sandrine Rousseau, mais aussi, encore plus people, le journaliste Aymeric Caron, grand défenseur de la cause animale), ses meetings sont de plus en plus bondés, son show immersif de Nantes a été salué par toute la presse, et ses interventions télé font mouches.

Un  « vote caché » pour Zemmour comme pour Mélenchon ?

Et puis, désormais, en off, responsables politiques, sondeurs, et commentateurs estiment qu'il y aurait en fait un phénomène de « vote caché » pour Zemmour comme pour Mélenchon, les sondages n'enregistrant que les choix les plus légitimes d'une partie seulement de l'électorat. Pour ne rien arranger, Marine Le Pen se maintient dans les sondages et tente même de se rendre sympathique face au danger Zemmour, allant jusqu'à dire qu'en tant que « mère »« elle n'est pas pour la guerre civile », elle.

Sans compter que les déclarations tonitruantes d'Emmanuel Macron début janvier sur les non vaccinés n'ont pas eu l'effet escompté : face au variant omicron, la posture martiale et « scientifique » face au virus est de plus en plus difficile à tenir : le débat sur les libertés publiques a fini par s'imposer tandis que les parents ont été particulièrement gênés par la désorganisation de l'Éducation Nationale. Bref, il est désormais urgent d'agir pour celui qui a adoré en début de quinquennat comme « maître des horloges ». À la manoeuvre coté Elysée, on trouve bien sûr Clément Léonarduzzi, le conseiller spécial et com' du président, cet ancien de Publicis, véritable couteau suisse spécialisé dans la communication de crise. Ce quarantenaire qui a su se faire adopter avec habilité par les personnels de l'Élysée est désormais chargé d'adoucir l'image du président. Bref, il faut éteindre l'incendie. Et justement, Emmanuel Macron excelle généralement quand il est obligé de jouer en contre...

Marseille Connection

C'est dans cette ambiance un peu particulière que certains imaginent dans l'entourage du président la solution idéale pour le lancement officiel de sa campagne : son futur déplacement à Marseille dans une dizaine de jours pourrait être l'occasion de poser enfin son acte de candidature. Marseille est en effet le symbole parfait pour un président qui souhaite se poser en rempart de l'extrême droite. Cette ville a d'ailleurs réservé un accueil glacial à Éric Zemmour alors que le candidat d'extrême droite veut en faire le parfait exemple du « grand remplacement », son obsession centrale.

Marseille « coche toutes les cases » estime d'ailleurs Jacques, notre source qui a connu le cœur de la macronie depuis 2017 (lire ma précédente chronique). Car Marseille, c'est à la fois la défense de la France plurielle que l'extrême droite exècre, mais aussi la ville de la droite républicaine, celle de Renaud Muselier et de Christian Estrosi. Cette ville en lien avec les réseaux socialistes de Christophe Castaner. D'ailleurs, son maire actuel, l'ancien socialiste Benoît Payan, qui a pu connaître par le passé le cœur du système Guérini, pourrait très bien se retrouver ministre en cas de victoire d'Emmanuel Macron. Payan, comme tout bon maire de Marseille (on pense à Defferre ou à Gaudin) sait forcément pratiquer le « en même temps » lui aussi. Durant quelques mois, son communicant a d'ailleurs été Edouard Schmidt, ancien communicant de Jean Castex à Matignon, ancien soutien d'Alain Juppé durant la primaire de la droite en 2016, et désormais au cabinet d'Olivier Véran.

Depuis 2017, Emmanuel Macron n'a cessé de porter son attention sur la cité phocéenne. Il aime ainsi rappeler aux journalistes qu'il est supporter de l'OM. Mais au-delà de l'anecdote facile, le président y a multiplié les voyages, et a décidé d'y engager l'État dans un grand plan de rénovation urbaine. C'est également sur le port de Marseille qu'il a croisé un soir devant les caméras Jean-Luc Mélenchon, député du coin, alors flatté de tant d'attention. « C'est une ville qu'il affectionne particulièrement », me confirme un observateur. Et il ne faut jamais l'oublier : il y a une quarantaine d'années, on retrouvait au cabinet de Gaston Defferre, illustre maire de Marseille devenu ministre de François Mitterrand, des soutiens actifs de l'actuel président, comme Michel Charasse (décédé en 2020) ou Jean-Marc Borello, patron du groupe SOS, mastodonte du travail social, et désormais un des leaders d'En Marche.

Bref, Marseille serait le lieu tout trouvé pour se lancer enfin dans le grand bain. Une carte postale bien plus habile que la Croix Rousse (Taubira), ou Rouen (Hidalgo), pour l'imaginaire des Français. Un scénario qui en vaut donc bien d'autres et pour lequel le président-candidat a un agenda possible et donc une opportunité : le Sommet des deux rives, qui se tiendra les 10 et 11 février prochain. A suivre...

Marc Endeweld
Commentaires 25
à écrit le 31/01/2022 à 20:31
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Le problème du duel annoncé « Le Pen-Macron » c’est que les 2 personnes qui s’affronteraient seraient toutes les 2 « indésirables ». Macron, homme ordinaire sorti de nulle part en 2017 et élu grâce à un concours de circonstances exceptionnellement fa...

à écrit le 30/01/2022 à 11:30
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gros coup de marketing , mais le mistral va balayer tout ça dans 3,6,9 jours pour ceux qui connaissent

à écrit le 30/01/2022 à 10:39
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le dernier avatar de la politique en marche du déclin de l ETAT social. va il céder sa place,? politique libérale travailler pour être pauvre ,,?

à écrit le 30/01/2022 à 9:33
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Pourquoi cette passion subite pour Marseille ? Un nouvel amant originaire du coin pour oublier Alexandre ?

le 31/01/2022 à 9:41
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il nous aurait menti ?

à écrit le 30/01/2022 à 9:22
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Ca avait pourtant du bon de faire campagne sur les deniers de la République ! Un monde nouveau ...... puisqu'on vous le dit .........

à écrit le 29/01/2022 à 18:33
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Dieu stp arrête la Terre et satellise Macron dans l’espace avec toute sa clique… merci 🙏

à écrit le 29/01/2022 à 17:24
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macron la magouille il fait sa campagne aux frais du contribuable toujours sa de gagne sur le budget de la campagne il y a longtemps que l'on a compris on est quand meme pas de la derniere pluie!!! c'est l'honnetee macron !!! et il va precher ses...

à écrit le 29/01/2022 à 9:59
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les plan massifs pour des entreprises privées une drôle de façon ! les milliards d argent public périnnissent ils pas le détournement ? pendant que notre agriculture est au plus mal. comme l hôpital et public le service en général. autosatis...

à écrit le 29/01/2022 à 9:04
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Que Macron soit « Avec vous » - Et avec votre Esprit. Élevons notre cœur. – Nous le tournons vers Macron. Rendons grâce à notre Président Macron.- Cela est juste et bon. Heureux ! Heureux ! Heureux, Macron, Dieu des sondages ! Le ciel et la terre...

à écrit le 28/01/2022 à 17:42
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C'est vrai, la sardine elle avait des quenottes grandes comme ça, heureusement qu'on avait notre juju pour déboucher le port.

à écrit le 28/01/2022 à 17:34
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il est très indécis .... il est pas sur .... si il perds son avenir politique est termine car il n'a pas de parti seulement des mécènes de luxe

le 29/01/2022 à 1:45
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La detestation de ce type est incommensurable. A ce titre il ne sera jamais re-elu. Aux poubelles de l'histoire le rond de cuir. Out. Z.

le 29/01/2022 à 9:53
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Il est expert de la politique du "en même temps" également entre des informations en anglais et en français il existe parfois un gouffre. Il est temps que nous ayons des décideurs comme timonier parce que là nous sommes sur les cailloux..

à écrit le 28/01/2022 à 16:42
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Quand on lit le titre de l'article on se dit, ah ouais, un type comme ça, a la mairie de marseille, il pourrait faire le job. Payan doit flipper.. C'est quand les prochaines municipales?

à écrit le 28/01/2022 à 14:02
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Et s'il ne se représentait pas!

le 30/01/2022 à 4:02
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@Lris. Son ego le poussera malgre lui. Les schyso sont tous moules aux meme schemes. Il prendra de toute facon un rateau. Les francais ne veulent plus voir sa suffisance. Destructeur, menteur, arrogant j'en oublie tellement ce type est infect.

à écrit le 28/01/2022 à 13:25
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Les sondages m'interpellent . ça fait des mois que les sondages mettent Macron à 24% autant pour les autres candidats cela fluctue en fonction de l'actualité et de leurs dires autant macron lui ne bouge pas . Etonnant ! Et si j'écoute un peu auto...

à écrit le 28/01/2022 à 12:40
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Surtout pas ! Il faut encore attendre, ce sont les français qui payent sa campagne.

à écrit le 28/01/2022 à 10:45
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Estrosi c est nice, pas marseille. Muselier lui n a jamais reussi a se faire elire maire ni meme a la metropole (grace a Gaudin qui lui a savonné la planche). Et si en plus c est plus c est pour avoir un mafieux de Guereni comme ministre et prendre m...

à écrit le 28/01/2022 à 9:40
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Inadmissible le comportement de cet hyper président qui se sert de son statut pour faire sa campagne depuis plusieurs mois...espérons que tout cela sera ré intégrer dans ses comptes de campagne.Nous sommes vraiment dans une monarchie républicaine ave...

le 28/01/2022 à 10:13
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l apanage personnel. ! main de nouveau tendue a la Russie ou pacte avec le diable ,?

à écrit le 28/01/2022 à 9:13
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Drôle de campagne, en s'acharnant sur ceux qui votent. A moins qu'il ne fasse de la publicité exprès pour le front national mais c'est très risqué de prendre les chiffres des instituts de sondage au pied de la lettre.

à écrit le 28/01/2022 à 9:03
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Cette annonce serait elle déjà comptabilisé dans son compte de campagne? C'est toujours le "oui" mais "non" qui est de rigueur?

à écrit le 28/01/2022 à 8:31
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....et qu'en est-il du contrôle des comptes de campagne sensé egaliser les chances des candidats , déclarés ou dissimulés ? ? J'y pense et puis j'oublie " ?

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